14 juillet 2011

Emile Corboli



Emile Corboli nous a quittés.

A peine sorti de l’adolescence, il fut résistant. Elevé dans la tradition républicaine, il refuse d’accepter la victoire des nazis et le gouvernement de Vichy. De Toulon à Toulouse en passant par la Corrèze, il prendra de plus en plus de responsabilités dans la clandestinité. De nombreuses décorations témoignent du courage qu’il va mettre toutes ces années au service de ses valeurs et de ses convictions (en particulier, cette Légion d’honneur dont il sera si fier parce qu’elle lui avait été remise par François Mitterrand lui-même).

Arrêté en février 1944, il est incarcéré à Compiègne où il me plaît à pense qu’il a croisé mon grand-père Edgard Ponthus, en partance lui aussi pour l’Allemagne. Puis ce sera Mathausen, les sinistres commandos de Gusen 1 et 2, et l’indicible.

De retour en France, après plus de 400 jours de souffrances qu’il évoquera rarement et avec beaucoup de pudeur, comme tous les déportés, il fera le pari de la vie en fondant une belle famille.

Mais sa tâche à lui, le Résistant, le Déporté, n’était pas achevée. Toute sa vie Emile témoignera, singulièrement auprès de la jeunesse, à travers ses multiples engagements associatifs, pour que jamais un tel déni d’humanité ne se reproduise. Refusant d’être un homme du passé, tout en joie de vivre et en coups de gueule (Ah ! Les coups de gueule d’Emile…), il va aussi multiplier les engagements citoyens pour que sa chère République soit plus fraternelle et plus juste.

Son fils Gérard, qui fut longtemps mon secrétaire de section au Parti socialiste, avant de devenir en 2001 adjoint à l’Education dans la municipalité divers gauche de Biot, me présenta son père, il y a un peu plus de deux décennies. Et c’est ainsi que je fus l’ami de l’un et de l’autre.

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres tremblants dans ces wagons plombés,
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.

Parmi eux, Emile.
Je ne l’oublierai jamais.

4 commentaires:

Dominique a dit…

Un grand bonhomme...

Et ses coups de gueule ! Moi non plus, je ne pourrai jamais les oublier.

Je me souviens qu'il s'amusait régulièrement à me crier après pour les raisons les plus futiles ("je n'ai pas encore reçu ma carte du PS, non mais qu'est-ce que tu fiches ?... Et tu n'oublies pas de venir à la cérémonie des déportés, non mais !..."), rien que pouvoir rigoler après m'avoir mise en pétard ! Et à ce moment-là ses yeux pétillaient.

Anonyme a dit…

mes pensées amicales et attristées pour Gérard et sa famille!
Sami

bernard gaignier a dit…

C'est vrai que Emile était un grand bonhomme et bien entendu je me souviens de ses énormes coups de gueule suivis très rapidement d'un sourire ou d'un clin d'oeil!
A toutes les qualités que rappelle Patrick, il faut rajouter aussi celle d'avoir été un homme de spectacle.
Lui qui avait vécu la tragédie se produisait comme clown blanc,un vrai pied de nez au destin!

Dgé of Biot a dit…

Merci Patrick pour ce bel hommage à mon père. Nous avons été très touchés par ta présence, celle de Dom's, Edith et ce cher Bernard.
À tout son monde, Papa a su transmettre son caractère combatif, sa pugnacité, son envie de mordre la vie à pleines dents, sa joie de vivre et surtout la manière dont il a su mener de front sa vie familiale, ses activités sociales et professionnelle, ses engagements associatifs et politiques, dans un inépuisable amour pour les autres.
Merci pour tout.