19 juillet 2009

Le Forrest Gump de Saône-et-Loire

Photos DBM


L’occasion faisant le larron, il était tentant de profiter de mon traditionnel et annuel séjour en Saône-et-Loire pour parfaire ma condition physique sur les petites routes qui serpentent, par monts et vaux, à travers la campagne mâconnaise.

16 juillet

Je pars de Tournus, à quelques encablures de la célèbre abbaye Saint Philibert avec en tête le projet de relier la plaine de la Saône aux premières collines du pays mâconnais. C’est dire que la pente sera forcément raide sous un soleil de plomb et une température qui flirtera très vite avec les 30 degrés.

Le col de Beaufer (303 mètres… je sais, ce n’est pas la Bonette !) constitue une entrée en matière plutôt confortable car la route passe au milieu d’une forêt ombragée.

Puis, c’est Ozenay et sa très belle église romane que j’ai le temps d’admirer dans la longue courbe qui précède la sortie du village. Après, la route recommence à monter. Exactement comme la température. Heureusement, les tournesols qui, comme dit la chanson, n’ont « pas besoin d’une boussole » m’indiquent avec beaucoup de précision l’orientation que je dois donner à la visière de ma casquette pour éviter l’insolation.

Arrivé à Martailly, au pied du château médiéval de Brancion, je m’aperçois que l’asphalte de la route commence à fondre. Entre deux ravitaillements en eau fraîche, Dominique me confirme que nous allons tout droit vers les 35 degrés.

C’est donc un peu avec l’énergie du désespoir que je plonge sur Cruzille, le village berceau de ma famille, qui a le bon goût de se situer dans une petite cuvette au milieu des vignes. Après consultation avec mon team manager sur la place du Lavoir, je décide d’arrêter ce premier raid après un peu plus d’une heure trente d’effort et 14 kilomètres. Il me reste le meilleur : plonger avec volupté dans la fontaine du village et accepter l’invitation spontanée de Claire Cornillon, la conseillère municipale en charge du patrimoine, pour un casse-croûte réparateur.

17 juillet

Logiquement, c’est de la place du Lavoir de Cruzille que j’entame une deuxième étape qui doit me permettre de rejoindre par d’autres routes Tournus et la plaine de Saône. C’est dire si le profil du parcours est nettement plus aimable que celui de la veille. Et cela d’autant plus que la température a chuté, après une nuit d’orage, d’une quinzaine de degrés.

J’entame toutefois le périple par la petite côte qui précède l’église du village, une de celle qui, au début des années quatre-vingt-dix, permit à Miguel Indurain de faire la différence avec ses adversaires lors d’un contre la montre du Tour de France.

Puis c’est la descente vers Sagy, le raccourci à travers bois pour rejoindre le chef-lieu de canton : Lugny. Comme la veille, les fossés sont abondamment et joliment fleuris en mauve, rose, blanc, jaune… Seuls, cette année, les coquelicots manquent à l’appel.

De Lugny à Plottes en passant par Chardonnay, je me faufile à travers les vignes. Je vais de cave coopérative en cave coopérative… sans m’arrêter bien sûr ! Dans une longue ligne droite, une majestueuse DS 21 me double. Trop belle la Citron !

Aux alentours du douzième kilomètre, quelques gouttes de pluie viennent me rafraîchir. Il n’en faut pas plus pour que je sois frappé de plein fouet par le syndrome de Forrest Gump. Je cours avec tellement de plaisir et de facilité que j’ai l’impression que je pourrais faire le tour de la terre sans jamais m’arrêter… Je mets tellement de cœur à l’ouvrage que je brûle les ravitaillements sous le regard un peu effaré de mon accompagnatrice. Du coup, s’arrêter comme prévu à Tournus après 17 kilomètres et une heure trois-quarts de course fut presque un acte de raison.

Ainsi, en un peu plus de trente kilomètres en deux jours, j’ai pu vérifier, sur les routes du département d’Arnaud Montebourg, que j’avais un cœur qui était non seulement solide mais aussi multifonctionnel. Un cœur capable de soutenir un effort physique intense tout en étant disponible pour la beauté, l’émotion et la joie de vivre…

9 commentaires:

Claudio a dit…

Pour la seconde raison le coeur n'a rien à voir là-dedans, ce sont les endorphines montant au cerveau qui font de l'effet.
Je suis actuellement dans une période de repos obligatoire et ces sacrés endorphines manquent terriblement pour ne pas dire dramatiquement. Alors attention à l'abus ;-)

Sinon, ma première pensée à la lecture de cette épopée va à l'accompagnatrice-photographe. Quel dévouement !

Merci pour ce rafraichissement mâconnais.

Sylvie a dit…

Merci pour ce récit entrainant ainsi que les photos qui m'ont transportée dans cette campagne magnifique où j'ai vécu deux belles années.
Je vous envie tous les deux.
Profitez-en bien.

John a dit…

I know those places!

Thank you for the memory.

alain a dit…

C'est vrai qu'il semble au bout d'une dizaine de km que le monde peut s'offrir à notre condition, mais attention au masque des endorphines, effectivement. J'ai longtemps couru non loin, mais en rayonnant autour de Bresse sur Grosne, entre Champagny sous Uxelle et le bois de Bragny, avec de furtives rencontres de chevreuils, lapins, lièvres, et sangliers, la forêt y est enivrante.
Il y a aussi le col de chèvres entre Tournus et l'ancienne voie romaine allant vers Saint Gengoux le National et Givry, Buxy, doux noms de la côte Chalonnaise.

Dominique a dit…

Merci Claudio de penser aux obscurs et aux sans grade !

Sylvie, malheureusement, nous sommes déjà de retour...

John, when you want, come again ! You miss us...

Anonyme a dit…

@patrick
Tu nous a donné une bouffée d'oxygène et ta conclusion est magnifique ,cette joie de vivre!!!

Heureux pour vous
Amitiés

Anonyme a dit…

Moi qui souffre des genoux en ce moment, c'est rassurant de pouvoir courir par procuration. Et tu pourrais insister sur l'aide de Dominique, car sans elle pas de ravitaillement, pas d'encouragement. Bises à vous deux.
Dgé of Biot

Anonyme a dit…

j'aurais dû aller sur votre blog avant de vous croiser
toutes mes excuses monsieur Mottard
bonne journée
cathy

Unknown a dit…

tu es pardonnée Cathy et bonne chance pour Dimanche...