14 novembre 2010

Heureusement, Fred était là...

Avec Fred à Cannes

Ma deuxième participation au marathon Nice-Cannes fut une course difficile mais pleine d’amitié, de rebondissements et… d’enseignements.

Rendez-vous dès 7 heures 15 pour la traditionnelle photo de groupe avec Cathy, Jeff, Bertrand et toute l’équipe du Conseil général. L’occasion de plaisanter entre nous sur les tenues « vert flashy » du CG qui ne nous font pas passer inaperçus dans le peloton où parfois on nous surnomme les « grenouilles ».

Dès le départ, alors que, fidèle à son habitude, Laurent est déjà loin (en réalité, un problème physique l’obligera à abandonner vers Antibes), j’entame la course avec Clotilde et son lièvre du jour, le sympathique Eric, coureur expérimenté s’il en est avec vingt-deux marathons à son actif... et toutes les manifs contre la réforme des retraites. Ce dernier règle l’allure avec la précision d’un métronome, mais il va vite, très vite, trop vite.

Devant le Negresco, première séance photos avec Dominique et un Juju tout excité de voir passer sa maman. J’ai l’agréable surprise de retrouver aussi Gérard Blaise qui, pour la deuxième année consécutive, s’est levé tôt pour m’encourager, lui le lève-tard. J’apprécie.

Les quinze premiers kilomètres sont avalés à une vitesse de TGV. Arrivé à Marina Baie des Anges, c’est mon ami Gérard Corboli qui, comme l’an dernier, est fidèle au rendez-vous. La course s’offrant même un petit circuit autour des célèbres vagues architecturales, c’est par deux fois que j’ai le plaisir de lui claquer la main au passage.

Je me sens très bien, presque euphorique, mais quelque chose me dit que suivre Eric et Clotilde n’est pas raisonnable. Aussi, au dix-huitième kilomètre, je décide comme un grand de décrocher. Heureusement, car je passe à la mi-course en 1 h 59’ 45’’ : avec un simple temps de passage au marathon, je bats mon record direct sur le semi-marathon (2 h 00’ 58’’ à Nice en 2009). Devant ce chrono, je suis partagé : d’une part, j’ai déjà touché mon salaire avec ce beau record, d’autre part, je me dis que j’ai sûrement fait une grosse bêtise et que la sorcière aux dents vertes va me faire payer cash ce début de course présomptueux.

A Antibes, c’est encore tout fringant que je salue Doms et le Juju qui me demande des nouvelles de son père. Un peu plus loin, j’ai l’occasion de faire connaissance avec Damien, du service des sports du Conseil général, qui m’avoue avec un certain fatalisme que la journée va être longue pour lui puisque, à l’issue de la course, il va devoir aider ses collègues à démonter les installations à l’arrivée.

Mais la sorcière veillait, tapie dans l’ombre. Au vingt-huitième kilomètre, après le « col » du Cap d’Antibes pourtant avalé sans difficulté particulière, je suis foudroyé par une maxi-crampe au mollet gauche. L’expérience aidant, je ne m’affole pas. Je m’étends sur la chaussée et me livre à des exercices d’étirements pendant cinq bonnes minutes, le temps que la douleur s’estompe. A nouveau sur pied, j’ai l’impression de pouvoir reprendre ma course normalement. Hélas, au trentième kilomètre, au moment même où Claudio tout sourire me rejoint et me félicite pour l’excellente performance que je suis en train de réaliser selon lui, rebelote, en moins violent toutefois. Et les douze kilomètres restants seront un petit calvaire : de Golfe Juan à la Croisette, je vais alterner course, crampe, étirements, marche, course… Au début, la séquence se déroule sur un kilomètre, à la fin sur cinq cents mètres.

Du coup, l’effort ainsi alterné est moins intense, mais les douleurs sont vives. C’est là qu’intervient le bon samaritain. Il était prévu que Fred m’accompagne en vélo à partir de Juan-les-Pins. En fait, son rôle va devenir essentiel à partir de la séquence « crampes ». Sans lui, j’avoue que j’aurais eu du mal à boucler la course. Pendant une heure et demie, il va m’encourager, me soutenir, me ravitailler. Il me fera même boire du Red Bull, probablement en hommage à Sebastian Vettel !

A trois cents mètres de l’arrivée, sur la croisette, un coureur me dépasse. Le fait aurait pu rester banal si, au passage, celui-ci ne m’avait pas lancé un « Hello Patrick ! » au demeurant fort sympathique. Il s’agit de l’ami Bertrand du CG. Du coup, je rassemble toute mon énergie – mon nouvel engagement de Radical m’interdisant la prière – et je le coiffe au poteau. Bertrand, console-toi, je n’ai jamais autant souffert dans une dernière ligne droite ! Sans rancune et à lundi !

Clotilde, quant à elle, soutenue par son loustic de Juju sur les deux derniers kilomètres, a réalisé une performance époustouflante : 4 h 09’. Chapeau !

En sport, on dit généralement qu’il faut la tête et les jambes. Eh bien, disons qu’aujourd’hui j’avais les jambes pour réaliser entre 4 h 15’ et 4 h 20’, mais pas la tête ! Je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même avec un temps forcément anecdotique supérieur à celui de l’an dernier.

Et je n’imagine même pas ce qui se serait passé sans Fred qui, soit dit en passant, a cassé la selle de son vélo en reprenant la route pour Nice et a dû se taper le retour en danseuse…

A propos du remaniement ministériel, voir, sur le blog de Dominique "Un gouvernement à la Chirac". 

14 commentaires:

Bérengère a dit…

Bravo Patrick bon ben meme si ça ce n'est pas passé comme prévu je retiens de ton recit quand meme plein de positif et je n'oublie pas que avec Clothilde vous etes la nouvelle élite du canal (juste 1 serie de 800m me l'a prouvé )
RDV à la prom classic je ferai tout pour que tu ne me ratrappes pas(heuresemnt que je pars 5mn avant!)

Emmanuel a dit…

Bravo Patrick et félicitations pour cette magnifique course d'équipe. J'espère que les crampes au mollet gauche n'ont aucun rapport avec la politique ! Je plaisante bien sur. A bientot...

Claudio a dit…

Impressionnante Clotilde !!!
Pour ma part, j'améliore mon record de 2' 20" (04h 21' 18") mais alors en souffrant vraiment. Le mur du marathonien m'est tombé dessus au 34ème et je m'en suis extrait qu'au tapis rouge. Ce fut vraiment dur. Mais c'est passé et c'est tant mieux.

cléo a dit…

Je ne pensais pas que les grenouilles étaient aussi résistantes.Je m'incline! D'autant que j'ai couru ce jour dans la catégorie des paresseux qui arrivent sur la prom 3 bonnes heures après le top départ... et pour qui le marathon relève de la fiction.Alors..., bravo!

Chantal a dit…

Bravo tu es un champion. Et tu feras mieux l'an prochain.

Clotilde a dit…

Bravo l'artiste de la compagnie des grenouilles! Et bravo Claudio, un record c'est un record.

2 mini-inexactitudes:

- le pauvre Laulau n'a pas abandonné à Antibes, il s'y est arrêté une vingtaine de min, a pensé un instant prendre le train, mais se croyant sans argent, a renoncé (alors que son dossard lui donnait tous les droits sur la SNCF aujourd'hui), et ne sachant pas non plus qu'il existait des voitures balais, a fini par rallier Cannes par ses propres moyens, pedibus jambus! Complètement éreinté. C'est ce qu'on appelle travailler son mental...

- Eric n'allait pas trop vite mais exactement à la vitesse prévue pour ma course, c'est-à-dire 5'40/km. ;) Comme prévu également, il m'a laissée filer au 24ème pour épargner ses tendons capricieux.
Je voulais faire 4h + 5 min pour les côtes, raté de 4 min, je ré-essaierai l'an prochain!

PS: un énorme bisou à mon Juju qui m'a fait doubler au moins 60 personnes à la fin! (me montrant d'ailleurs que j'étais une grosse feignante à qui il en restait pas mal sous le pied d'après lui! Exactement ce que je lui avais dit sur sa course Odyssea, il apprend vite le bougre....)

PS n°2: un grand merci à Dom d'avoir si gentiment "livré" ce lièvre de luxe sur mes derniers km! :)))

Desislava Stefanova a dit…

Félicitations pour cette course! D'après ce magnifique récit qui m'a fait vivre la course et le parcours comme si j'y étais je retiens non pas le temps de parcours, mais le parcours du combattant! Ne pas lâcher malgré les difficultés, avoir le soutien des amis et se dépasser c'est ça le plus important dans cette course et dans la vie. Pour le reste bravo pour la distance, j'admire, moi la petite feignante qui ne court même pas derrière le tram'(eh oui ce n'est pas la peine, le prochain est dans 4 ou 7 minutes !)

Anonyme a dit…

J adore cette citation de Pierre de Coubertin...L important dans la vie,ce n est pas le triomphe,mais le combat...L essentiel n est pas d avoir vaincu,mais de s etre battu...Encore bravo,et,c est vraiment pas la fin des haricots..On dit que la souffrance rend plus fort,la prochaine fois,tu vas survoler les participants..Helyette.

Unknown a dit…

merci à Béren pour sa réactivité Claudio ,Clotilde pour leurs infos,Manu,Cléo,Chantal,Desisislava et Heylettepour leur ...humanité!

Anonyme a dit…

Je sais que mon prénom est difficile a retenir..encore plus a recopier..je te pardonne.Dit on pas que l erreur est humaine? Amitié..HELYETTE..

Antoine a dit…

Ne serais-tu pas parti un peu vite ? Tu feras mieux la prochaine fois ! Bravo pour le courage des coureurs d'aller au bout malgré les difficultés.
J'étais à Cagnes sur Mer avec les jumeaux mais les pelotons étaient encore trop groupés et je n'ai pas reconnu beaucoup de monde...
Bonne récup aux coureurs.

PS : ça te dit le cross Amnesty à Valbonne le 12 décembre avec ta dream team du CG06 ?

Anonyme a dit…

Elle est si jolie cette histoire bien réelle qu'on dirait presque un conte qui finit bien... enfin un. Forrest transformé en grenouille par un petit matin brumeux d'automne, affrontant courageusement les assauts sournois de la sorcière aux dents vertes, pour finalement triompher avec panache d'un marathon glorieux malgré ses souffrances. Sincères félicitations pour ce courage qui n'a jamais failli jusqu'au bout de l'aventure.

Anonyme a dit…

bravo, Patrick, tu as beau dire, tu as bien géré ta course et puis je trouve que ton ensemble de grenouille te va à râvir et finalement était bien de circonstance!
Véronique

GoForRest a dit…

Bravo @ tous, Zibra, LauLau (le pauv' !!), Claudio et Pehèm, vous êtes méritants, courageux et indéniablement impressionnants !!