16 novembre 2010

Le destin a bon dos...

Article de Nice-Matin du 15/11/2010

Samedi, alors que je déambulais avec quelques amis dans le quartier Vernier au cours d’une de mes traditionnelles « tournées de canton », attiré par une agitation inhabituelle, je me suis retrouvé au milieu d’une petite foule bouleversée devant le 22, avenue Malausséna. Un homme, Michel Garibbo, fonctionnaire des impôts en retraite, venait de mourir, tué sur le coup par un élément de maçonnerie qui s’était détaché du troisième étage du Palais Toscana, un immeuble qui, par ailleurs, a plutôt fière allure.

Tout en partageant l’émotion générale, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à un événement dont j’avais été l’acteur involontaire en 2003, à quelques centaines de mètres du « 22 » et que j’ai d’ailleurs brièvement relaté dans « Cinq de cœur ». Ce jour de juin, j’allais tranquillement à la plage quand, en bas de Borriglione, au niveau de l’immeuble 6-8 qui aujourd’hui abrite le centre de vidéo-surveillance, un morceau de façade équivalent à un gros pavé s’était détaché pour tomber à moins de deux mètres de moi. Ce jour-là, je l’ai échappé belle.

C’est dire si ce samedi je me suis senti très proche de ce monsieur qui faisait tranquillement son marché avant d’être le jouet de ce qui semblait être un destin capricieux. Mais, en reprenant mes esprits, je me suis souvenu qu’à l’époque j’avais alerté la municipalité car le « 6-8 » lui appartenait. En effet, une rapide enquête m’avait convaincu que dans le quartier existait d’autres façades dont les éléments  d’ornementation étaient façonnés dans un mortier grossier constitué de chaux, de sable et de ciment, plaqué sur une structure de ferraille et de briques. J’avais alors demandé au maire de l’époque, y compris en conseil municipal, une expertise de tous les immeubles du Centre-ville ayant les mêmes caractéristiques. Au final, je n’avais rien obtenu si ce n’est un article de Philippe Fiametti dans Nice-Matin. On voit aujourd’hui le résultat. Le destin a bon dos…

Ce samedi, le fatalisme des propos de l’adjointe dépêchée sur place n’ont pas été pour me rassurer. Aussi, je renouvelle ce jour auprès du maire de Nice, ma demande d’expertise de tous les immeubles semblables au Palais Toscana. C’est la moindre des choses que nous devons à Monsieur Garibbo : une prise de conscience qui évitera d’autres drames…  

7 commentaires:

Emmanuel a dit…

J'était certain que tu ferais le rapprochement avec l'incident relaté dans cinq de coeur. Les rues de Nice deviennent dangereuses et ce ne sont pas les caméras de vidéosurveillance qui y peuvent quelquechose. Je passe souvent à cet endroit et maintenant je marche les yeux vers le ciel...Faisons confiance à M Estrosi redevenu maire à plein temps pour s'occuper de ses petits problèmes du quotidien !

GargouillAngry a dit…

J'ai vu ce "fait divers" dans Metro et Direct Nice... je me suis dit que c'est fou de mourir parce que les priorités de la ville sont ailleurs que dans la protection des citoyens !! A croire que le Corcovado est comme Sarko, il scie la branche sur laquelle il est assis !!

LAURENT a dit…

Mon cher Patrick, on n'est jamais assez prudent, tu avais raison d'alerter le Maire de l'époque... mais à part une défaite, rien ne lui est tombé sur la tête.
Je te suis sur ce sujet qui, de plus en plus sera (malheureusement" évoqué à cause de l'usure du temps et aussi par ce détrempage de façades par les très abondantes précipitations qui, comme en montagne font tomber des rochers, font tomber en ville les pans entiers de façades comme à la rue PERTINAX la semaine dernière...
(angle PERTINAX-MIRON)
Je suivrai tes actions.

Anonyme a dit…

Michel Garribo était un homme fort sympathique et un collègue apprécié, et pour l'avoir simplement croisé dans les services à l'occasion de ses recherches, j'en garderai le souvenir d'un homme très souriant, d'un abord simple et chaleureux. C'est vrai qu'il est trop facile de parler de destin pour donner bonne conscience à ceux dont la place aurait dû être celle de la responsabilité bien avant d'être celle de l'opportunisme. Mais pour cela il faut une autre éthique que celle de notre municipalité actuelle, une autre façon de concevoir la politique « autrement », avec humanité et responsabilité. Puisse la disparition tragique de Michel faire prendre conscience aux responsables de la Mairie de Nice que leur rôle n'est pas qu'une façade.

Anonyme a dit…

Quand je pense que je passe des minutes entières à faire a mise au point de mon appareil de photo sur les magnifiques détails architecturaux de tous les immeubles de pierre de Nice.... Je me rends compte que je vis dangereusement ! Est-ce qu'il est possible de faire vérifier l'état des vieux balcons quand on ravale les façades ? Peut-on détecter avant la chute leur état de délabrement?
Rosemarie Bochaton-Montoya

bernard gaignier a dit…

Le WE dernier j'étais à Toulon chez ma mère. Il y avait un Var Matin qui trainait (cousin de nice matin...) et je lis ce fait divers! Et en lisant le nom de la victime, j'ai sursauté.
Bien sur que je connaissais Michel Garribo, excellent collègue d'une grande gentillesse et d'une grande discrétion.
Pendant les nombreuses années où j'ai travailé à la direction des services fiscaux à Nice j'ai eu l'occasion de le rencontrer à de nombreuses reprises.
Quand on connait la victime, le fait divers quitte sa dimension de fait divers pour devenir une nouvelle qui rend triste, très triste...Michel était unanimement apprécié. Je sais on dit souvent ça de quelqu'un qui disparait tragiquement... mais là c'était vrai!!
Je pense surtout à ceux qu'il a laissé. La mort c'est toujours con mais comment ses proches qui l'ont vu partir chercher du pain... et ne plus revenir à cause de cet accident peuvent ils réagir....
Cet hiver cet accident a également failli m'arriver à Saint Etienne.. Je marchais dans la rue.. quand j'ai entendu une "explosion". Un bloc de glace qui s'est détaché d'une corniche d'un immeuble venait de s'écraser à mes pieds... Trouille rétospective!!
A un mètre prêt.. c'était fini!
Mais tu as raison Patrick, dans le cas que tu signales... il n'y a pas de fatalité. Cet accident aurait pu être évité.

Anonyme a dit…

je suis d'accord Mr MOTTARD le destin a bon dos ! mais pourquoi ne parle t-on pas de la responsabilité de ces propriétaires qui n'hésitent pas à louer leurs appartements sans vergogne, au risque du "péril en la demeure", capables de rechigner à y faire quelques travaux essentiels qui sont de surcroit récupérables.Le pire pour moi réside de l'aval de leurs gestionnaires qui se gratinent au passage. Tous n'y voient que leur intérêt. Le logement avec toutes ses difficultés est devenu le moyen de s'enrichir au péril de la vie.