24 novembre 2010

L’O.I.N. pourquoi faire ?



Alors que, ces dernières années, nos questions lors des séances du Conseil général sont restées sans réponse, c’est au journal Nice-Matin que nous devons enfin quelques informations et un embryon de débat sur la mystérieuse opération d’intérêt national (OIN) qui est censée aménager la plaine du var et ses 10 000 hectares en sacrifiant l’odieuse spéculation foncière sur l’autel rédempteur du développement durable.

En fait, après toute une série d’annonces, de comités de pilotage à géométrie variable, de présidences sur siège éjectable, d’études tous azimuts, le citoyen Maralpin ne voit rien venir. Ce que confirme, sans langue de bois, dans l’article, le premier président de la structure, Henri Revel, par ailleurs maire de Saint-Laurent-du-Var : « pour l’instant, il n’y a rien à dire (…) la population ne sait pas trop ce qu’est l’OIN ».

C’est que la future « Eco Vallée » n’est pas vierge, loin de là. Elle a subi depuis des années les outrages répétés des aménagements sauvages trop heureux de trouver là un des derniers espaces libres du département. D’où un bric-à-brac urbanistique qui n’augure rien de bon.

Pour remplir le vide du projet et écoper le trop plein de la réalité, les responsables enrôlent sous la bannière de l’OIN les réalisations et les projets « nobles » qui, de toute façon, étaient prévus de longue date : le transfert du MIN, le centre d’affaires, Nice Méridia, le grand stade, la gare multimodale. Je me souviens avoir débattu de la plupart d’entre eux au Conseil municipal et au Conseil général bien avant le lancement de l’opération d’intérêt national.

Au passage, on se rappelle que la plaine du Var est inondable. « L’inondabilité bloque tout. On est dans l’expectative », dit un industriel riverain. Et oui, le Var n’est pas un long fleuve tranquille…

Du coup, le débat se résume à quelques généralités sur l’aboutissement lointain de l’opération (« 30 ans, c’est long », dit un maire) et l’avenir de l’agriculture (« les agriculteurs préfèrent transmettre leurs terrains à leurs héritiers non pas pour un usage agricole mais au prix du constructible »).

Quant aux timides revendications de « débat citoyen », elles ont surtout pour but, pour leurs auteurs, de ne pas rater le train éventuel de la spéculation foncière. Finalement, le débat organisé par Nice-Matin aura eu le mérite de mettre en lumière cette réalité-là. Edifiant.

6 commentaires:

môssieur Pilou a dit…

consternant, ça reflète encore une fois la tendance nationale - chère à notre maire - qui consiste à jouer sur l'effet d'annonce populiste au lieu de travailler sur ses dossiers. Résultat : comme souvent dans ce cas de figure, apparaissent les charognards avides de contrats juteux et douteux et tout cela se finira sans doute dans des procédures interminables pour vices ou malversations. Cette ville cessera-t'elle de s'auto caricaturée un jour ?

Claudio a dit…

Excusez pour mon commentaire peu sérieux. Mais je n'ai pas pu m'empêcher et ion y trouver du sens aussi.
Jean Ferrat :
"Loin, loin, il y a loin
De l'aube grise où vos rêves frissonnent
Loin, loin, il y a loin
A la vérité des matins
Loin, loin, il y a loin
De la vie d'homme à laquelle on aspire
Loin, loin, il y a loin
A celle qui vous glisse des mains

Loin, loin, entre nos mains
Ils sont truqués, les dés que l'on nous donne
Loin, loin, à coups de poing
Il faut se frayer son chemin
Loin, loin, j'irai plus loin
Tant pis si cela doit me coûter cher
Loin, loin, j'irai plus loin
Je paierai le prix qui convient

Loin, loin, changer d'habit
Changer de rue, de métier, de frontières
Loin, loin, changer d'amis
Il faut savoir en payer le prix
Loin, loin, changer de vie
Changer d'état, de décor, d'habitudes
Loin, loin, changer de vie
C'est ma liberté d'aujourd'hui"

Jean-Marie Tarragoni a dit…

« L'OIN aura fait au moins deux heureux. Les anciens propriétaires de Cap 3000 et les nouveaux. Ils ont obtenu des travaux de désinondabilité du Var dans la rive Gauche. Ce qui a permit une possibilité d'extension du centre commercial, condition exigée par des acquéreurs. La Ville de Nice, le Conseil Général et l'Etat ont fait plusieurs dizaines de millions de travaux. Ils se frottaient les mains en se disant que les taxes que rapporteraient la vente de Cap 3000 (droits de mutation entre autres), permettraient de faire entrer dans les caisses publiques quelques dizaines de millions d'euros... ben non! au lieu de céder les murs, les propriétaires ont cédé les parts de la société propriétaire. Bilan: zéro euro pour les collectivités. Rappellons que l'Etat avait produit un PPR inondation classant en rouge ce secteur de la basse vallée du Var. Le conseil général et la ville de Nice avaient voté en séances publiques de leurs assemblées contre ce classement, fustigeant le document de l'Etat qui est une servitude d'urbansime s'imposant au PLU. L'Etat n'a pas bougé. il a consenti à deux choses: céder le fleuve au Conseil Général, qui doit aujourd'hui l'entretenir, et participer pour un tiers aux travaux qui ont profité à Cap 3000. Et les PLU de communes, comme Saint Laurent du Var (95% de son territoire dans le périmètre OIN), voient certans fonciers de qualité pouvant être bâtis, gêlés" pour voir ce que l'on peut en aire d'ici à cinq ans! Et pendant ce temps, on cherche ou bâtir des logements. Quand aux emplois créés, il a été annoncé par le maire de Nice devant un parterre de chefs d'entreprises, en présence du préfet, du président du conseil général et de la Région que l'OIN allait créér... 350 000 emplois (cf Nice-Matin) ! Autrement dit, grâce à l'OIN, les 42000 chômeurs des Alpes-Maritimes n'existeront plus et nous allons importer les chômeurs de la France entière pour nos besoins de main d'oeuvre! Comparons avec Euroméditerranée, première OIN de France en importance, dans la deuxième ville de France (700 hectares aménageables en place depuis 1995). Que dit la lettre de conjoncture de l'AGAM, agence de la Métopôle marseillaise: "Depuis le démarrage l’opération d’intérêt national en 1995, près de 8 400 emplois supplémentaires ont été créés ou transférés dans le périmètre d’origine". Toutes ces remarques pourraient apparaître comme une critique d'une initiative au demeurant louable, mais lancée par un candidat en campagne qui avait surtout pour but au départ de "contrer" le futur scot décidé par l'ancienne équipe dirigeante de la CANCA et de la Ville de Nice. Rappelons que l'OIN, décidée par un décret en Conseil d'Etat, n'existe pas dans le code de l'urbanisme. Elle a été "dessinée" par trois fonctionnaires parisiens missionnés par l'Etat qui ont passé en tout et pour tout pour l'un, huit jours sur la côte d'azur et pour les deux autres sept jours. Et a eux trois, en quinze jours, ils ont figé le débat que les maires, les décideurs, les élus, les chefs d'entreprises, les citoyens de ce département n'ont jamais pu avoir avant la décision de faire une OIN. Exit les documents prospectifs de la CCI, de l'Etat et de la Ville de Nice parus dans les années 90. Conséquence: aujourd'hui, si j'habite Saint Laurent du Var et que je veux faire une extension de deux M2 de ma maison pour y construire un WC, je dois attendre que le préfet signe le permis après avoir receuilli l'avis de quatre strates de décision. Voilà, j'ai été un peu long, mais c'est l'actualité de l'OIN. Quand à la Presse locale, on ne peut que regretter qu'elle ne cherche pas à comprendre avant de laisser s'exprimer des élus qui ne savent pas de quoi ils parlent, pour une bonne raison: ils ne savent pas où ils vont ni à quoi ils s'engagent avant de lancer travaux et dépenses publiques, et l'exemple de cap 3000 est là pour nous le démontrer. »

Emmanuel a dit…

L'intérêt d'une population dans un secteur donné ne peut se résumer à l'addition des intérêts particuliers... A quant une politique d'ampleur globale et concertée de l'aménagement du territoire dans notre département ? Tout cela ne parait pas très sérieux.

alaind a dit…

Bling Bling et Oin Oin:
Toute une société est à réinventer, les ordres c'est comme les poissons frais dans Astérix, ceux de Paris sont les meilleurs!
Dans nos régions les architectes locaux peinent, et les Parisiens ou expatriés implantent leurs pouvoirs. Le territoire se centralise et se mondialise dans un courant inversement proportionnel aux collectivités locales qui elles doivent se débrouiller.
Pour survivre dans cette économie détournée, et non pas exsangue, "ils" nous suggèrent de délocaliser le travail vers l'Inde ou la Chine.
Le développement durable, au pays des aveugles, les borgnes sont rois, on ouvre un immeuble côté nord, et on se justifie pour la fraîcheur en mode été et avec un triple vitrage au nord pour justifier le mode hiver. On peut faire dire n'importe quoi à n'importe quoi, ce qui s'appelle souffler le chaud et le froid.
Pour le poisson frais, avec le courant de Gêne et ses boues rouges, celui de Paris est effectivement meilleur, Uderzo et Goscinny étaient bien des visionnaires.

C Rouget a dit…

à Saint Laurent du var pourtant le service de l'urbanisme sait très bien ce qu'est l'OIN. c'est l'excuse la plus courante donnée en cas de prescriptions illégales ou de refus systématiques à toute demande. finalement c'est aussi le moyen détourné par lequel des commissions remplies de gens bien intentionnés ont fait passer à 60% les ECB uniquement (comme par hasard) sur la colline EST. vous me direz, je suis critique parce que concernée. en effet, mes grands parents laurentins et agriculteurs de père en fils et de mère en fille, se sont saignés pour laisser en héritage un terrain sur les collines de Saint Laurent qui ne vaut même plus l'eau pour l'arroser. merci d'avoir lu mon coup de gueule. je pense qu'un jour je mourrais sans avoir eu le privilège d'être gouvernée par des gens intéressés par autre chose que leur propre réussite.