Manifestation des vétérans de la guerre du Sahara
C’est à la terrasse d’un café restaurant d’Agdal, quartier résidentiel de Rabat, autour d’un bon couscous, que, grâce à Mohamed et Hassan, j’ai pris la température du printemps arabe dans sa version marocaine.
Mohamed, mon ancien congénère d’un désormais très lointain DEA de Droit économique, aujourd’hui prof de droit à l’Université de la capitale marocaine, et Hassan, un des cancérologues les plus réputés du pays, sont d’accord pour estimer que les révolutions tunisienne et égyptienne ont permis à la démocratie de faire de grands progrès au royaume de Mohamed VI.
Il est vrai que les démonstrations publiques de cette effervescente sont plutôt moins spectaculaires que dans d’autres pays. Cela est probablement dû à l’attitude du Roi qui a eu l’habileté politique d’enfiler sans attendre la tenue du négociateur dès les premières manifestations. Il faut également tenir compte du fait que l’espace démocratique était ici plus ouvert que dans les autres pays arabes.
Quoi qu’il en soit, même si la retenue semble encore de mise, la boîte à Pandore est bel et bien ouverte : grève à l’hôpital, revendications des fonctionnaires, sit-in des vétérans de la guerre du Sahara, propos décomplexés à la télévision… Même la personne du Roi, traditionnellement respectée, n’est plus intouchable. On attend de lui qu’il mette en place une monarchie parlementaire à l’espagnole. On ne l’exige pas encore. Par contre, on est plus sévère avec son entourage et ses copains riches.
En résumé, pour mes deux amis, la menace islamiste – que Hassan relativise en évoquant l’exemple turc – ne serait plus assez dissuasive pour maintenir le statu quo. Et l’attentat de Marrakech n’a rien changé à cette éventualité.
Cet échange sera pour moi, un peu plus tard, l’occasion de méditer sur l’avenir de ce pays si attachant en redécouvrant, suspendue au-dessus de l’océan, avec ses murs bleus et blancs, la kasbah des Oudaïas, et en admirant le tout nouveau tramway de la ville, frère jumeau de son homologue niçois.
Plus tard, en fin de journée à Casablanca, ce sera aussi une incitation au dialogue avec Mahmoud, Salma, Mohamed, Tarik, Sofia, Bouchra, Chafik, Laye Mamadi, Amine, mes étudiants de Com’Sup.
4 commentaires:
La démocratie et la liberté d'expression sont des valeurs universelles pour les gens qui veulent vivre et vivre libres. Mais tu es au Maroc ?
Oui, il semble y avoir des différences et singularités qui font des ondes de la post révolution au maroc quelque chose de plus optimisme bien que d'un optimisme mesuré que les échos que j'ai pu recueuillir d'un ami tunisien de retour en France depuis il y a à peine un mois mais sur la situation en Tunisie.Il me rapportait les propos de trois de ses amis: l'un chef de clinique, les deux autres universitaires. Et puis, se taisant soudainement comme on tairait en soi l'espoir...
Emmanuel, j'y étais pour des raisons professionnelles, mais je suis rentré.
patrick ne part pas comme cela a l'étranger sans prévenir emmanuel... il lui est trés difficile de vivre loin de toi...
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