13 mai 2011

Habemus papam

FESTIVAL DE CANNES N°2



Ce n’est pas pour rien que j’ai placé ce blog et quelques fêtes de Gauche Autrement (Cf. photo ci-dessous) sous le patronage de Nanni Moretti. Son dernier film prouve une fois de plus que ce réalisateur à la fois engagé et inclassable incarne presqu’à lui tout seul ce cinéma italien que nous aimons tant et aujourd’hui bien malade. « Polisse », le premier film français de la compétition complète plus qu’honorablement une remarquable deuxième journée de festival.

Habemus papam, Nanni Moretti

Un nouveau pape (Michel Piccoli, impeccable) est élu par le conclave un peu à la surprise générale. Après avoir accepté du bout des lèvres, celui-ci, pris de panique devant ses nouvelles responsabilités, refuse de se montrer au balcon de saint Pierre et de se présenter à la foule en liesse.

Du coup, on lui envoie dare-dare un psychanalyste (Moretti lui-même au jeu toujours aussi décalé) pour le remettre sur le droit chemin. Cette rencontre ne fait que le déstabiliser un peu plus et il préfère fuir le Vatican et errer dans Rome à la recherche de sa jeunesse perdue. Résultat, tout part en vrille. Pendant que le psy dévergonde le Vatican en organisant, entre autres, un tournoi de volley entre cardinaux des cinq continents, le néo-pape déclame du Tchekhov avec des comédiens de rencontre dans les théâtres de la ville.

Toute la force de Moretti réside dans cette capacité à dynamiter les institutions, leurs scléroses, leurs contradictions, leurs ridicules, sans jamais tomber dans le prêchi-prêcha et la démagogie idéologique. La dérision et le rire, mais aussi l’humanité et la tendresse, sont ses seules armes. Quant à l’efficacité du propos, elle se conjugue toujours parfaitement avec l’élégance de la forme.


Polisse, Maïwenn (France)

Il s’agit d’une saison (au sens où l’on parle d’une saison pour les séries télé) au sein d’une brigade des mineurs de la police nationale. Les personnages sont attachants même si, péché mignon de la fiction policière française, ils n’échappent pas toujours aux stéréotypes et parfois à la caricature. Joey Starr, qui a abandonné sa Benz, est plutôt convaincant en flic intègre et amoureux. Un vrai miracle cinématographique.

4 commentaires:

Antoine a dit…

Habemus papam et Polisse sont aussi des films qui me plairaient de voir. Et Joey Star dans la peau d'un flic c'est convaincant ?

véronique a dit…

Mais! Nanni n'a pas eu la délicatesse de Woody! Car...il va falloir attendre pour le "grand" public, afin de découvrir l’art et la manière de traiter cette idée absolument géniale qu'est la psychanalyse du Pape. A voir le sourire du ravi de la crèche qui clôt le billet, je me dis que le risque est grand de ne pas faire un large détour aux alentours de Rome. Et si le conclave te voyait ?! Même sans être polonais…je me méfierai. Si jamais la chose devait arriver, sache que nous ne manquerons pas d’idées pour ne pas se laisser embarquer du côté des voies impénétrables de l’institution religieuse et, par là même, t’en détourner. Bernard, la même avec le Saint-Maire ? Très tentant...

Chantal Maimon a dit…

Nous avons aussi vu Habemus papam,et nous avons beaucoup aimé.

Emmanuel a dit…

Quel génie ce Moretti... C'est mon préféré. Quelle drole d'idée de psychanalyser un pape surtout si on découvrait en fait qu'il ne croit pas en Dieu. Bonjour la nouvelle! Forza et vive le cinéma italien....