Avec Jean-François Knecht *
En cette fin de soirée du 22 mars 1998, nous sommes quatre à faire face à une poignée de militants dans la grande salle du local fédéral du Parti Socialiste, rue Antoine Gautier : Paul Cuturello, Patrick Allemand, Jean-François Knecht et moi-même.
Nous sommes heureux, mais c’est avec un sourire pâle que nous exprimons notre surprise, voire notre stupeur, à nous retrouver là au terme d’une soirée historique qui a vu notre quadruple victoire aux cantonales niçoises. C’est que nous avons du mal à intégrer cet événement considérable : pour la première fois depuis 1981, nous avons fait gagner la gauche dans un scrutin de circonscription.
Pour ma part, je viens de mettre fin à la saga Médecin dans le 5e canton. Je bats, en effet, Geneviève Assémat-Médecin, sœur de Jacques et fille de Jean, dans le fief électoral du médecinisme. J’ai même la satisfaction de réaliser le meilleur score dans le canton politiquement le plus à droite des quatre, encore lors des dernières présidentielles de 1995.
1er tour :
1) Mottard (PS) 31,32%
2) Anselin (FN) 28,88%
3 Assémat-Médecin (RPR) 27,52%
2e tour :
1) Mottard 39,87%
2) Anselin 31,37%
3) Assémat-Médecin 28,75%
A l’ouest de la ville, dans le 14e canton, Paul Cuturello bat Max Baeza, l’homme de la mairie, également dans une triangulaire. De justesse.
1er tour :
1) De Gubernatis (FN) 31,47%
2) Cuturello (PS) 29,70%
3) Baeza (RPR) 27,62%
2e tour :
1) Cuturello 36,22%
2) Baeza
3) De Gubernatis
1er tour :
1) Zanghi (FN) 26,77%
2) Allemand (PS) 21,10%
3) Leonelli (RPR) 19,92%
2e tour :
1) Allemand 51,07%
2) Zanghi
Jean-François Knecht réalise, quant à lui, sûrement le plus bel exploit du second tour. Arrivé seulement troisième au 1er tour dans le 11e canton, la direction nationale du PS lui demande de se désister pour Rudy Salles, le député UDF de la circonscription. Il refuse… et sera élu au second tour.
1er tour :
1) Schenardi (FN) 30,12%
2) Salles (UDF) 29,38%
3) Knecht (PS) 22,65%
2e tour :
1) Knecht 36,71%
2) Salles
3) Schenardi
Pour la droite locale, ce coup d’éclat devait rester sans lendemain et nous fûmes longtemps considérés comme des usurpateurs. Pourtant, en 2004, au renouvellement, nous fûmes réélus sans coup férir.
Avec Patrick Allemand *
1er tour :
1) Mottard (PS) 37,82%
2) Marland Militello (RPR) 28,81%
3) Maisonneuve (FN) 23,47%
2e tour :
1) Mottard 45,08%
2) Marland Militello 35,59%
3) Maisonneuve 19,33%
Paul Cuturello se retrouve à son tour en duel face au FN, la droite ayant quelque peu délaissé le terrain. Il gagnera.
1er tour :
1) Cuturello (PS) 32,96%
2) De Gubernatis (FN) 31,32%
3) Murcia (RPR) 17,42%
2e tour :
1) Cuturello 54,38%
2) De Gubernatis 45,62%
Patrick Allemand, à son tour, fait l’expérience d’une triangulaire en battant l’éphémère député de droite de la 1ère circonscription, Jérôme Rivière.
1er tour :
1) Allemand (PS) 31,91%
2) Pigli (FN) 29,58%
3) Rivière (RPR) 29,48%
2e tour :
1) Allemand 39,70%
2) Rivière 36,14%
3) Pigli 24,17%
Quant à Jean-François Knecht, après un premier tour serré, il bat André Bonny, le suppléant de Rudy Salles, au second tour.
1er tour :
1) Knecht (PS) 32,70%
2) Bonny (UDF) 31,72%
3) Dauvergne (FN) 27,38%
2e tour :
1) Knecht 40,89%
2) Bonny 37,60%
3) Dauvergne 21,51%
Le destin et les choix politiques ne nous permettrons pas de boucler ensemble ce deuxième mandat.
Le 18 avril 2007, Jean-François Knecht meurt brutalement. Le choc est rude et, dans la foulée, la candidate de la Fédération socialiste sera sèchement battue dans la partielle sui suivra. La perte du canton sera confirmée en 2011, une candidature communiste empêchant le candidat du PS d’accéder au second tour et de probablement reconquérir le siège.
Au printemps 2009, Patrick Allemand, qui est en situation de cumul des mandats, décide de démissionner de son poste de conseiller général du 12e canton. Il sera toutefois le suppléant de la candidate socialiste qui briguera sa succession. Mais le candidat de l’UMP gagnera haut la main la partielle. Succès largement confirmé en 2011.
Avec Paul Cuturello *
1er tour :
1) Mottard (PRG) 31,68%
2) Mascagni (FN) 28,94%
3) Moreau (NC) 26,28%
2e tour :
1) Mottard 56,06%
2) Mascagni 43,94%
Par contre, Paul Cuturello sera battu par la candidate UMP dans un duel.
1er tour :
1) Estrosi-Sassone (UMP) 34,01%
2) Cuturello (PS) 29,25%
3) Peyrat (DVD) 21,35%
2e tour :
1) Estrosi-Sassone 54,45%
2) Cuturello 45,55%
Après la disparition de Jean-François, la démission de Patrick et la défaite de Paul, je suis donc « le dernier des 4 de 1998 ».
* Photos prises dans le cadre de la campagne municipale de 2001.
8 commentaires:
C'est triste...
Y a-t-il des jeunes pour reprendre le flambeau ?
Que reste-t-il des 4 de 1998 ? C'est simple, il reste le meilleur...
...et...donc...le futur candidat favori de la gauche à la prochaine élection municipale...???
Le roman-photo politique est un genre...qui, à ma connaissance, n'a pas encore connu ses images-lettres de noblesse. Est-ce une premier essai? En tous cas, je me précipiterai sur le prochain numéro, ne serait-ce que pour le plaisir d’associer les quatre à quelques points cardinaux (il faut reconnaître qu’un d’entre eux n’a pas perdu le nord !) ou de voir la future coupe de cheveux de P.A.
Jean-François m’avait effectivement raconté le fameux épisode où le 1er secrétaire du PS 06 de l’époque lui avait demandé de se retirer après le 1er tour… Il avait alors dû se mettre au vert pendant 48 heures et ne plus répondre au téléphone. Pour être élu, il avait donc dû s’opposer à son propre parti !
Quant au reste, les résultats électoraux parlent d’eux mêmes… Car, au-delà des 3 conseillers généraux perdus, il y a tous ceux qui n’ont pas pu être élus alors même que la victoire était à leur portée. Les stratégies choisies et les méthodes employées ont été mauvaises, voire franchement consternantes.
La vraie question, la seule en fait, c’est celle soulevée dans le film « Le Cœur des hommes » : mais qu’est-ce qu’on ferait si on était moins con ?
Jean-François m’avait effectivement raconté le fameux épisode où le 1er secrétaire du PS 06 de l’époque lui avait demandé de se retirer après le 1er tour… Il avait alors dû se mettre au vert pendant 48 heures et ne plus répondre au téléphone. Pour être élu, il avait donc dû s’opposer à son propre parti !
Quant au reste, les résultats électoraux parlent d’eux mêmes… Car, au-delà des 3 conseillers généraux perdus, il y a tous ceux qui n’ont pas pu être élus alors même que la victoire était à leur portée. Les stratégies choisies et les méthodes employées ont été mauvaises, voire franchement consternantes.
La vraie question, la seule en fait, c’est celle soulevée dans le film « Le Cœur des hommes » : mais qu’est-ce qu’on ferait si on était moins con ?
Qu"est ce qu'on ferait si on était moins con??? demandes tu jean Christophe..
Dans cette histoire je ne me sens pas tellement dans le "on", mais plutôt dans le "ils"...;
En tous cas je me souviens de ce "mouvement du 22 mars... 1998" faisant partie de la poignée de militants qui faisait face à la bande des 4!
Grande soirée qui venait après tellement de soirées électorales ou souvent nous n'étions même pas au second tour!
Pour enchainer sur la citation cinématographique de Jean-Christophe à l'approche du festival, et pour paraphraser Michel Audiard, il y a en a qui sont sur orbite et qui n'ont pas finit de tourner.
Laurent F
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