13 mai 2011

Paris est une fête

FESTIVAL DE CANNES N°1

Profitant de la sortie nationale en simultané, c’est… au Pathé Masséna de Nice (comme en 2006 pour Da Vinci code) que nous entamons notre campagne Cannes 2011 avec le film d’ouverture tant attendu de Woody Allen.




Minuit à Paris, Woody Allen (USA)

Dans un premier temps, le dernier film de celui que d’aucuns ont surnommé « le Droopy de Manhattan » semble aussi léger qu’une bulle de ce champagne que l’on peut boire au Moulin rouge. Mais, avec un peu de recul, on s’aperçoit que Minuit à paris, conte charmant et drolatique dans un Paris fantasmé, est aussi une leçon de vie. Gil, écrivain en panne d’inspiration, est amoureux de Paris au point de vouloir y vivre, lui, le Californien. En pré-voyage de noces, son plaisir est gâché par une fiancée virago et des beaux-parents « Tea party ». Du coup, toutes les nuits, il déambule dans la ville et, au douzième coup de minuit, se retrouve inexplicablement dans le Paris des années 20, le « Paris est une fête » d’Hemingway. Et c’est ainsi qu’il se fait pote avec Fitzgerald, Man Ray, Dali ou Buñuel. Il tombe même amoureux d’une des égéries de Picasso. Mais, peu à peu, il va comprendre qu’aun âge d’or, qu’aucun éternel retour ne peut remplacer le vrai bonheur, celui d’ici et maintenant. Pour cela, il suffit de virer l’insupportable fiancée et de suivre la jolie jeune fille rencontrée sur le Pont neuf qui connaît si bien la musique de Cole Porter.

Un mot, bien sûr, à propos de la prestation de la Première Dame : disons qu’elle est anecdotique et démontre le sens du marketing de l’ami Woody. Cela dit, il ne me déplairait pas de retrouver Anne Sinclair dans son prochain film…

Ce matin, début du Festival en « vrai », avec montée des marches, l’espoir fou de croiser Uma Thurman dans un couloir (ah ! la scène des orteils dans Kill Bill) et les traditionnelles retrouvailles avec les copains. Au programme deux films de dames, plutôt originaux.

We need to talk about Kevin, Lynne Ramsay (GB)

Ce Kevin-là est un monstre. A côté de lui, la petite fille de l’exorciste est un personnage de la comtesse de Ségur. A l’âge de 16 ans, il commet l’irréparable. Du coup, sa mère, Eva, tiraillée entre la culpabilité et son sentiment maternel, essaie de comprendre comment la chair de sa chair a pu donner naissance à cette créature démoniaque, au visage presque angélique et au regard perpétuellement ironique. Le climat du film est particulièrement pesant (cf. l’horrifique scène des litchis) et le spectateur est quand même soulagé au mot « fin ».

Sleeping beauty, Julia Leigh (Australie)

Pour payer son loyer, Lucy, une jeune étudiante, s’adonne à la prostitution. A l’instar des « belles endormies » de Kawabata, elle accepte d’être droguée la nuit, livrant son corps à des vieillards libidineux dans une maison de rendez-vous haut de gamme. « Peut-on prêter son corps innocemment ? » semble être la question posée par la réalisatrice australienne dont c’est le premier film. On peut ne pas y répondre. Ce que certains spectateurs ont fait en piquant du nez…

4 commentaires:

Emmanuel a dit…

De Mitterrand à Cannes, il fallait oser. Yes, we cannes...

Cléo a dit…

J'étais curieuse de voir si Woody allait aussi sublimement filmer Paris que new York, d'autant que ne connaissant pas new-York, j'en ai une vision approchant l'âge d'or/ le new York de Woody, c'est à dire : des homards de Manhattan ébouillantés dans une marmite, l'orage de central par et l'érotisme cosmique, une promenade qui commence la nuit et va jusqu'à l'aube comme la durée pour qu'un être aille tout simplement à l’autre, un pédant dans une file de cinéma, un Mc Luhan imaginaire rabattant le caquet du pédant, la lointaine traversée du métro aérien. Je n'ai pas du tout été déçue, à penser que finalement Woody a toujours filmé new-York comme si cela avait été Paris ! La preuve en est que quand il filme Paris, on y trouve : la balade de l’impossible présent qui finit le film mais commence à l’aube d'un jour mais aussi à celle du jazz, la pluie qui joue le rôle d'un sépia atemporel , un pédant à Versailles dont le caquet est rabattu dans un autre musée grâce aux visions postmodernes de l’écrivain perdu dans les méandres de son roman poussiéreux, mais tout autant… la Rose pourpre du Caire dont le glissement est cinématographique alors qu’il est là, littéraire. Je n’ai pas interprété la fin du film de la même manière. J’ai dû la voir comme je voulais qu’elle soit ! Ce serait quoi exactement le présent, sans imaginaires tout droit venus d’un passé recomposé qui le nourrissent ? De même, pour moi, le personnage principal du film n’a jamais quitté son roman. C’est à minuit qu’il écrit, quand, harassé par les obligations en tout genre, il se compose enfin lui-même, c'est à dire de toutes les rencontres sensibles qui le maintiennent vivant. Emotion totale à entendre les petites phrases qu’il se récite en halluciné dans son lit pour se confirmer à lui-même, tel un enfant, qu’il a moins rêvé sa vie sans l'avoir vécue, qu’il ne l’a vécue à la manière d’un songe.

COTTALORDA henri a dit…

Puis-je en déduire, après lecture de ta critique du film de Woody Allen, que tu te prononces pour DSK ???

Henri COTTALORDA

Dominique a dit…

En fait, Henri, c'est qu'il ne connaît ni le prénom de la femme de Hollande ni celui du mari d'Aubry...!