30 juillet 2011

Paris Nostalgie



Mon dernier séjour dans la capitale s’est transformé d’une façon inopinée en une longue séquence de Radio Nostalgie au hasard de deux spectacles musicaux – le premier, symbole de la contre-culture des années 60, le second, épopée d’un groupe des années 70 – et d’une exposition sur la vie et l’œuvre d’un chanteur mort il y a déjà trente ans.


Hair au Palace

Bien sûr, j’avais vu plusieurs fois le beau film de Milos Forman avec ses scènes magnifiques à Central Park, mais je n’avais jamais eu l’opportunité de voir le spectacle en live. C’est maintenant chose faite avec une troupe francophone qui, malgré son jeune âge, arrive à faire passer, notament en jouant avec le public, l’atmosphère si particulière des années Vietnam.
Même si les acteurs-chanteurs n’hésitent pas à prendre (un peu) leurs distances en pratiquant l’ironie tendre. C’est d’ailleurs nécessaire car la philosophie qui soutient l’œuvre – la révolution sexuelle est l’antichambre de la Révolution tout court – est un peu dépassée. On s’est rapidement rendu compte que les choses seraient plus compliquées…
Reste une comédie musicale joyeuse et généreuse avec d’inoubliables morceaux de bravoure comme Aquarius, Manchester England ou Let the sunshine in cet hymne à la vie que nous avions intégré dans le final de « Fragments de Nice » lors de la série de représentations de 2007 (n’est-ce-pas Bernard ?)


Mamma mia au théâtre Mogador

Là encore, j’avais vu la version filmée avec Meryl Streep, l’occasion d’écrire sur ce blog une sorte d’hommage à la musique disco du groupe Abba dont l’illustration du répertoire est le prétexte au spectacle musical : «… une musique euphorisante et sans mémoire qui, entre la promesse des lendemains qui n’ont jamais chanté (celle de Hair ?) et la plongée inexorable dans le no futur, nous a fait fugitivement retrouver le temps de l’innocence ».
Bien servi par une troupe de chanteurs-danseurs-comédiens talentueux et … chantant en français, la comédie est à cette image, elle provoque une sorte d’ivresse légère due à l’afflux d’images, de sensations, de souvenirs, qui submergent le spectateur à l’écoute de chansons qui ont jalonné souvent par inadvertance sa vie.
Pour moi, la musique d’Abba est indéfectiblement associée à une traversée de l’Australie  où nous avions joué les « Priscilla ». Du coup, à Mogador, Dancing queen ou Wanadoo avaient l’intensité d’un coucher de soleil sur l’Outback .
 

Georges Brassens ou la liberté à la Cité de la Musique

C’est à la Villette que l’auteur du Chat du rabbin, Joan Sfar (et oui Clotilde !), a organisé et illustré une exposition hommage dédiée à Georges Brassens.
De chanson en chanson, de photo en vidéo, on se rend compte à quel point cet anarchiste sourcilleux mais bienveillant nous manque. Avec la poésie de ses textes et la ponctuation si particulière de sa musique, il savait nous rappeler à quel point il était important de ne pas  laisser  s’éteindre la petite flamme d’irréductible liberté qui brûle en nous. Pour lui c’était évident, cette liberté ne pouvait qu’être individuelle. Une vidéo présentée à la Cité de la Musique le montre expliquant, presque avec brutalité, ce point de vue et cet art de vie à Jean Ferrat, grand défenseur des causes collectives.
Entre les textes de Georges et les dessins de Joan, la visite se transforme peu à peu en parcours initiatique pour tous ceux qui aiment l’auteur de L’auvergnat mais aussi pour les autres. J’aurai ainsi la confirmation que la Supplique pour être enterré sur une plage de Sète, que Brassens aurait mis plusieurs années à composer, est une des plus belles chansons de langue française.


Quant à Forrest, bien sûr, il était du séjour. Il en a même profité pour aligner plus d’une trentaine de kilomètres sur les pavés et le bitume parisien : l’occasion en passant sous les piliers du pont de Bir Hakeim de rendre hommage à Maria du Dernier tango à Paris et de rencontrer, du coté du lac de Boulogne, un petit lapin au derrière blanc qui semblait s’échapper d’une lettre de mon moulin.

12 commentaires:

Emmanuel a dit…

La nostalgie camarade comme disait le grand Serge ou Lucien, c'est comme vous voulez...(ça c'est une chanson d'Alain)
Il semble que le monde d'aujourd'hui, si futile et si furtif ne nous présente plus de quoi nous enthousiasmer. Alors on se retourne vers ces chers disparus qui savaient nous enchanter, sans mauvais jeu de mots, je pense bien sûr à Brassens qui a eu le tort de casser sa pipe bien trop tôt (toujours sans mauvais jeu de mots). Pour les jeux de mots je tire ma révérence à Bernard, notre maître à tous.
Alors restons nostalgiques en pensant à Georges, Léo, Jacques (la célèbre affiche), Serge et tous les autres....
La nostalgie camarade.....

Antoine a dit…

La supplique pour être enterré sur la plage de Sète est certes une des plus belles chansons de la langue française mais aussi la démonstration qu'il n'est pas qu'un poète mais aussi un talentueux compositeur (voir aussi La prière ou La légende de la none).
Démonstration aussi que l'humour malicieux peut se dissimuler dans la beauté d'un texte.

Claudio a dit…

Je ne me prononce pas sur tes deux premiers sujets, ils n'ont aucun écho chez moi.
Puisque tu utiles une video de l'INA pour la Supplique, je me permets de signaler qu'une autre video existe reprenant le dialogue avec Ferrat dont tu parles : http://www.ina.fr/media/entretiens/video/I00014178/georges-brassens-jean-ferrat-dialogue-sur-l-engagement.fr.html
Cette interview (de Jean-Pierre Chabrol soit dit en passant) permet à ceux qui doutent de se situer "politiquement". Pour ma part, je suis définitivement "Brassens" sur le sujet.
Puisque c'est l'année Brassens, je vous invite à écouter http://www.radiobrassens.com/
Merci Forrest.

Anonyme a dit…

Joli bouquet nostalgique franco-disco-rock, composé d'une voix au timbre si particulier chantant des textes - effectivement de façon très ponctuée - qui nous plongent dans un imaginaire libre et précis à la fois (Brassens), de mélodies vives et entrainantes (Abba), et de sons rock enivrants (Hair)...
Allez ! sortons nos casques en "mousse" et nos pat d'eph et laissons notre mémoire auditive faire danser notre disque dur !

Unknown a dit…

Quelqu'un à vu Patrick récemment ? Il parait qu'il arbore un look patte d'éph' et moustache. Je m'inquiète un peu :-)

bernard gaignier a dit…

Réponse à Unknown: Je l'ai vu récemment et la description est en dessous de la réalité.
Pour ma part si je garde un grand souvenir de plusieurs grands tubes de Hair avec évidemment une affection particulière pour Let the sun shine in qui clôturait fragments de Nice.. (au fait pour les quelques rares personnes qui l'ont raté... Il y aura bientôt une reprise!!)Abba me laisse plutôt abattu.
Bien sur Brassens est un géant, même si parmi les grands mon préféré reste Leo; et à ce sujet tout mon respect à ceux qui entretiennent la flamme tous les étés à Peille.
A propos de débat je vous conseille de retrouver sur internet celui qu'il y a eu entre Ferre Brassens Brel, c'était génial.
Enfin Patrick je ne sais si le lien que tu fais à la fin de ton blog entre le dernier Tango et le derrière blanc du petit lapin est voulu, fortuit ou relève de ton pur inconscient. Mais je trouve cela assez audacieux!

Anonyme a dit…

Je crois que vous avez croisez "mon" lapin blanc...
Alice Merveilles

Emmanuel a dit…

Super d'accord avec toi Bernard, le plus grand c'est Léo et bravo à ceux qui entretiennent la flamme à Peille. En ce qui me concerne, ma modeste contribution consiste à aller le saluer au moins une fois par an sur sa tombe (très facile à trouver) au cimetière de Monaco. Eh oui le vieil anar est enterré sur le rocher...étonnant non!

Claudio a dit…

A Bernard et Emmanuel. Si vous ne le saviez déjà, la semaine dernière le chanteur Christian Jean, l'un de ceux qui "entretiennent la flamme à Peille", est décédé. Deux semaines plus tôt, il était encore là autour du 14 juillet.
Et pour ceux qui passent par la modeste tombe de Léo (en fait celle de la famille Ferré, car le prénom n’apparaît nulle part) qu'ils fassent un détour Place Léo Ferré pour profiter du très beau buste sculpté par Blaise Devissi.

bernard gaignier a dit…

Claudio tu m’apprends là une triste nouvelle!

Emmanuel a dit…

Merci à toi Claudio pour toutes ces précieuses informations.

Marianne Claireobscure a dit…

Vous avez le chic Patrick pour évoquer des atmosphères, des instants, des émotions... Quand même, j'ai un peu de mal à vous imaginer en "folle du désert" ;)