Devant le Palais Stella
Non, je ne suis pas un devin.
Pourtant on pourrait aisément croire le contraire car programmer il y a de nombreuses semaines un retour des Etats-Unis par New York le 27 août dans un des derniers avions autorisés à décoller avant Irene peut apparaître comme relevant de l’art divinatoire. Il en est rien.
Comme tous les ans, je tenais absolument à être présent à Nice le 28 Août pour rendre hommage aux héros qui ont libéré notre ville en 1944. Une libération qui s’est décidée puis développée à partir de territoires appartenant au 5e canton.
C’est ainsi que, dès neuf heure du matin, je rejoins « le circuit de la mémoire » devant la stèle d’Alphonse Cornil, un résistant tué devant le 130 boulevard Gambetta. Le circuit de la mémoire est une initiative de Jean-Marc Giaume – aujourd’hui adjoint au maire – qui consiste le jour anniversaire à faire le tour des lieux rappelant que des hommes sont morts pour libérer Nice.
Après Gambetta, nous nous rendons tout près au 2, boulevard de Cessole, un endroit que je connais bien pour l’avoir décrit dans « Cinq de cœur ». Là, il s’agit de rendre hommage à cinq jeunes hommes qui ont donné leur vie pour que Nice ne soit pas détruite ou victime de représailles dans un contexte où l’armée américaine, pourtant proche, refusait de franchir le Var. Ils s’appelaient René Barralis, Lucien Chervin, Auguste Gouiran, Jean Ballestra et Roger Boyer (qui donna son nom au square de la Dominante).
Vers 11 heures, le circuit passe par la place de la Libération, plus précisément à l’angle de Raiberti, en mémoire d’Auguste Bogniot. Enfin, ma participation à cette belle manifestation s’achève au 24 boulevard de Cimiez, devant la villa Paradisio et la stèle d’Emile Krieger, un résistant dont on vient de reconstituer, il y a à peine quinze jours, grâce à des documents, les circonstances de la mort. C’est dire si mon émotion est forte quand je prononce le discours commémoratif qui les organisateurs ont eu la délicatesse de me confier.
A 16 heures, c’est au carrefour du 28 août, le fameux « Passage à niveau », à l’intersection de Gambetta et de Joseph Garnier, devant la pyramide en pierre qui tient lieu de monument aux morts, que la Mairie nous a donné rendez-vous afin d’honorer l' ensemble des combattants morts pendant la Libération de Nice. L’appel aux morts, lu par une dame âgée et ponctué par des « Mort pour la France », est toujours aussi émouvant.
A 18 heures, au même endroit, c’est le PCF qui organise une cérémonie de la mémoire. Ce n’est pas incongru car une grande partie du comité insurrectionnel et des résistants du 28 étaient communistes. La petite foule des militants est somme toute réconfortante pour ceux qui avaient participé à la cérémonie précédente où le public était quasiment inexistant.
Enfin, à 19 heures, c’est le musée de la Résistance qui organise, comme chaque année, autour d’une allocution pédagogique, un rassemblement devant le Palais Stella au 20 boulevard de Cessole, l’immeuble où se trouvait l’appartement où fut décidée l’insurrection, la veille du 28.
En présence d’amis très chers comme le Commandant Pietri ou Louis Fiori, Solange Rodrigues nous rappelle, non sans humour, que les Niçois se sont libérés seuls, devant des Américains si incrédules qu’ils ont envoyé des émissaires pour vérifier si la ville était bien libérée, avant d’accepter de participer au défilé de la Victoire.
Au final, une belle journée, même si j’ai pu vérifier cette année encore que le nombre de survivants de cette époque diminue régulièrement. Ce qui est triste sur le plan humain et dramatique à une époque où nous avons tant besoin de témoins.
C’est dire si pendant ces quelques heures, j’ai beaucoup pensé à Emile Corboli.
3 commentaires:
j avais eu l occasion d être à tes cotés l année denière lors de ses cérémonies ey il est vrai que l'émotion est toujours palpable chez les militants ...
en tout cas bienvenue chez nous ( à Nice) et chez toi dans le 5 de coeur...
De retour et déja en action dans le 5ème. Beau parcours de la mémoire historique française dans la ville de Nice.
C'est en grande partie à ces résistants que la France fera partie du camp des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Ne les oublions pas !
J'aurai bien aimé, faire ce circuit de la mémoire avec toi. Emile était présent chaque année au carré des fusillés de l'Ariane jusqu'à la stèle de Torrin et Grassi, cérémonie qui avait lieu , début juillet, si ma mémoire est bonne. C'est vrai, que le nombre de survivants de cette époque diminue régulièrement. C'est la vie … mais c'est préjudiciable pour tous, à une époque où l'on a tendance a oublié le passé pour éviter de voir ses propres erreurs. Merci pour ce post, de l'émotion sincère qui s'en dégage et d'avoir eu quelques pensées pour Papa.
Enregistrer un commentaire