23 février 2012

Un peu trop d’eau tiède dans le programme Hollande

Mon soutien à François Hollande (et donc, logiquement, mon parrainage) résulte de deux évidences :
- Il faut en finir avec la parenthèse Sarkoziste qui a divisé les Français, déglingué quelques principes républicains et fabriqué de l’injustice sociale ;
- Hollande est le seul candidat susceptible de battre le Président sortant.

Cet engagement ne m’empêche pas d’avoir un regard distancié sur le programme de celui que je soutiens car il sera la base de la politique de notre pays pendant cinq ans, 5e république oblige.

En lisant les « 60 engagements pour la France », je dois dire que les équilibres économiques et sociaux que l’on peut reconstituer à travers le pointillisme de la présentation du programme me conviennent globalement.

Il n’en est pas de même pour certaines politiques qui me tiennent particulièrement à cœur et pour lesquelles j’ai l’impression qu’on s’est contenté d’ouvrir le robinet d’eau tiède…

- Ainsi, en matière de décentralisation. La réforme Sarkozy, loin d’être parfaite, avait cependant le mérite d’esquisser un début de résorption du millefeuilles incroyable de l’organisation locale française. La proposition 54 de François Hollande se contente de proposer une très vague « nouvelle étape de la décentralisation » sans répondre aux questions essentielles. Va-t-on conserver le département ? la région ? les deux ? Va-t-on poursuivre la politique de mise en place des métropoles ? Va-t-on rétablir une véritable fiscalité locale ? Rien n’est dit…

- Idem pour la politique culturelle. La proposition 44 se contente d’évoquer « un plan national d’éducation artistique » et quelques banalités. En tant qu’humaniste, j’ai toujours pensé que la culture était un facteur d’émancipation pour les citoyens. J’attends donc de la gauche une vraie politique de démocratisation basée sur la médiation, l’éducation et une nette orientation vers la demande et les publics. Rien de tout cela dans le programme.

- Autre exemple : la justice. La proposition 53 affirme avec une certaine force la nécessité d’indépendance de la justice. Mais, au delà, rien n’est dit sur le statut du ministère public, sur la question de l’instruction et des jurys populaires et, plus globalement, sur les moyens nécessaires à ce service public, parent pauvre de la République.

J’espère que les deux mois de campagne qui restent vont permettre de répondre avec un peu plus d’audace et de précision à ces interrogations. Ne pas le faire risquerait – à l’instar de l’abstention peu courageuse de nos parlementaires sur le MES – de compromettre la crédibilité de la candidature Hollande.

24 commentaires:

kindy a dit…

Il ne faut hésiter à apporté des amendements maintenant tous peut changé en fonction des réalités du terrain.

Emilien Urbach a dit…

Et si les socialistes, qui à l'évidence comprennent les limites de la candidature Hollande, choisissaient de voter réellement à gauche... La tiédeur vient souvent du fatalisme qui s'apparente en partie à la peur. Allez camarades encore un effort ! Rejoignez la gauche... Celle qui vote contre le MES, qui organise les luttes dans les boites en délocalisation, qui porte de réllés visons pour nos politiques culturelles... Celle qui rompt avec le système de l'abstraction financière pour la réalité humaine. Nous sommes des milliers à vous attendre.

David Bourguin a dit…

Et naturellement aucune remise en cause de ce que j'appelle "l'exception concordataire" qui court toujours en Alsace-Moselle et qui coûte très cher au citoyen. On compte donc continuer à violer ouvertement et impunément le principe constitutionnel de laïcité, principe tellement maltraité en ce moment qu'on en oublie que la laïcité est une liberté fondamentale, une garantie pour la paix sociale, le vivre-ensemble etc... Si le consensus obtenu en 1905 et matérialisé par une loi était politiquement visionnaire et constructif, la suite nous a prouvé à quel point on pouvait manipuler la notion de la laïcité au gré des vents. Le présent ne fait hélas pas exception en matière de distortions. Par ailleurs, je tiens à souligner que votre blog est très intéressant et très utile. Entre autres, j'aime beaucoup votre renvendication de la subjectivité. Bien à vous.

penelope a dit…

MSE ? MES ?

Mécanisme Européen de Stabilité?
on s'y perd ..
pénélope

Claudio a dit…

J'espère que la majorité des citoyens ne choisira pas son bulletin en fonction des critères qui te servent d'introduction : en finir avec Sarkozy et voter pour le seul capable de le battre. (Ouf ! On l'a échappé belle, il s'agit d'un Républicain).
Au-delà des points techniques que tu évoques, je trouve ce billet très parlant. Il reflète à merveille l'engouement (ironie) des supporteurs du candidat socialiste pour François Hollande. Parce qu'il s'agit bien du candidat SOCIALISTE. Et que ce billet soit commis par un homme politique accentue l'ambiance.
Il y a quelques mois, on parlait déjà de tiédeur pour le TOUT, programme, postures, dynamisme... Aujourd'hui, j'ai lu une formule que je trouve plus juste : La Gauche sépia. La formule vient de Droite, mais c'est difficile de ne pas leur donner raison.
J'ai bien peur que cette Gauche-là continue à ne rien comprendre à la société et au peuple. Et pourtant, elle est prévenue depuis bien longtemps. J'espère que cette fois-ci, on ne se laissera pas avoir par ce chantage. Il n'y a plus de place pour cette Gauche-là.

Unknown a dit…

MES Pénélope (j'ai rectifié).

Ségurano a dit…

Claudio à écrit le commentaire que j'aurai voulu écrire.

Dominique a dit…

Dans un programme, tout ne peut pas convenir à chacun. A moins de chercher refuge (quel refuge d'ailleurs ?) dans l'abstention ou d'être sensible à la démagogie, on ne peut que choisir celui qui se rapproche le plus de ce que l'on attend pour la société dans laquelle on vit.

A supposer qu'elle soit "sépia", je préfèrerais toujours cette gauche à la droite dure qu'incarne Sarkozy dans cette campagne.

Emmanuel a dit…

C'est peut être vague mais ce ne sont que de grandes orientations et il faut rassembler toute la Gauche et certainement au delà pour gagner.
Hollande n'est pas Sarkozy et il n'a pas forcément une idée sur tout et il laissera gouverner son premier ministre et ses ministres.
Lui il tranchera...
L'eau tiède c'est finalement toujours un mélange d'eau froide et d'eau chaude!

Emmanuel a dit…

En parlant de sépia, cela me fait penser à la magnifique chanson de Vincent Delerm, "Du sépia plein les doigts". A écouter, pour la nostalgie...

Rita Gosti a dit…

Que vous ayez un regard distancié cela me plaît encore ++ Je suis idem.....Moi j'ai écouté Mr. Moscovici, il ne m'a pas du tout convaincu, on aurait dit un apparecik, très peu proche de la vie des français et on l'a choisis comme porte-parole, il est là par défaut car il était pr DSK....Parfois le PS peut-être très dogmatique....Pourquoi ne regardes t'il pas vers le Modem, il y a plein de sociaux démocrates qui n'attendent que ça, de vraies humanistes.....L'UMP essaient de les récupérer....Je pense que le vote pr Hollande sera plutôt un vote de rejet de Sarkosy que de vraie adhésion. Pr les fonctionnaires où va-til prendre l'argent??? La situation est catastrophique qu'on ns mente ps!! On est idem que l'Italie sauf qu'elle elle commence à redresser la barre avec sn tout nv gouvernement.....En France on a la senstion qu'il ya de gros éléphant qui veulent se partager le pouvoir et au détriment des français, voilà c'est mn ressenti......Je uis d'accord avec vous pr la Culture et la Justice tout ceci est très vague, pourtant ce ne st ps les moyens qui manquent!! Merci Patrick!!!

Richard a dit…

Mes chers amis, pour paraphraser Gérard Filoche, je dirais "qu'avec François Hollande, on n'aura pas tout ce que l'on veut, mais avec Sarkozy, on aura tout ce qu'on ne veut pas".
Alors une fois que l'on aura fait notre boulot de "gens de gauche", c-à-dire virer qui vous savez, il sera ensuite temps, grâce à nos actions syndicales d'obtenir ce que nous voulons. Dans un premier temps on vote pour une idée de changement de société, dans un deuxième temps on choisira le parlement, et là, vous choisirez qui vous voudrez:des centristes ou d'affreux gauchos, pour vous représenter. Dans un troisième temps, cela ne nous dispensera pas de nous retrouver dans la rue pour l'application des réformes.
Allez courage....Mais votez Hollande dès le premier tour !

Le Mouton Enragé a dit…

Alors là, chapeau!
Enfin un élu pour dépoussiérer les vieux discours convenus, hypocrites et assommants qui éloignent de l'isoloir bien plus sûrement qu'une partie de pêche!
Enfin un élu qui regarde son candidat dans les yeux et l'incite à montrer de quoi il est capable!
Enfin un élu qui parle en électeur, non en machine à voter pour ou contre!

Enfin un élu qui redonne envie. Mieux: qui rappelle, par son exemple, que la politique est l'affaire des citoyens. Et que ceux-ci, pour commencer, veulent savoir pour quoi et pour qui ils votent -le plus clairement sera le mieux.

Oui, pour beaucoup, le vote Hollande n'est pour l'instant qu'un pis-aller. Oui, l'adjectif "tiède" ne pouvait être mieux choisi pour caractériser cette campagne et ce programme.
Comment l'ignorer? Comment ne pas en prévoir les pires conséquences, qu'il s'agisse de sa victoire ou du futur soutien à son gouvernement? Comment ne pas vouloir passer ENFIN à autre chose qu'aux sempiternelles généralités stéréotypées dignes d'un autre temps, quand l'actualité appelle tant de réponses concrètes?
Un candidat à l'élection présidentielle est quand même censé représenter l'avenir et en proposer sa vision.

Et si on regardait un peu vers le haut, pour une fois? Vers la couleur. Vers les convictions. Vers l'eau chaude. 
Questionner, aiguillonner, forcer son candidat à sortir dans l'arène et à se positionner, c'est comme ça qu'on augmentera la température. C'est comme ça qu'il sortira du lot. Qu'il deviendra l'emblème d'un véritable électorat plutôt que de partisans "malgré eux", au vote fluctuant ou à l'abstention facile.
C'est comme ça qu'il convaincra largement -ou pas: la balle est dans son camp. 

Merci pour ce billet qui n'a pas du attirer que des sympathies. Merci d'avoir allumé la flamme. Que bien d'autres élus aient le courage de l'entretenir: c'est un monde meilleur qu'elle éclaire. Celui auquel aspire le peuple, et celui qui le ralliera.

bernard gaignier a dit…

Avis partagé . J'ai quelques autres interrogations sur le plan économique; sur le plan fiscal, la grande réforme annoncée, notamment la fusion CSG et impôt sur le revenu, en dehors du slogan est très mal expliquée et fait l'objet de commentaires divers à commencer par le candidat lui même;
Tout à fait d'accord avec toi Patrick sur la réforme des collectivités locales: le mille feuille coûte très très cher et par rapport à nos partenaires européens c'est un vrai handicap.
Ne compter pour atteindre l'équilibre budgétaire que sur la hausse des impôts (et avec la réforme du quotient familial et le fusion Impôt sur le revenu CSG il n'y aura pas que les "riches" qui seront concernés)et la croissance me parait très léger.
Evidemment ça ne m'empèchera pas de voter pour lui. Si je ne suis pas d'accord avec Hollande sur tout, je sais tout ce que je rejette chez Sarkozy!

Anonyme a dit…

monsieur MOTTARD ou sont vos propres propositions sur les mêmes sujets ???
et pouvez vous svp faire un commentaire sur celui du front de gauche ??
parsus06

alaind a dit…

Il réside un vent glacial / tiédasse sur la question des retraites. La promesse de débat est cependant porteuse d’espérance.

Mais au fait, selon le discours du PS 2012  : "Nous rétablirons l’âge légal de départ à 60 ans et l’âge de départ sans décote à 65 ans".

Il réside bien des écarts dans les professions, les régions, les individus.

Mais au dessus de ces questions humaines planent les questions de dividendes et d'administrations tentaculaires, ou règnent des Sarko, Mederic,... ? (Filochard,Ribouldingue, j'ai zappé le troisième...) entre exécutif et conseils d'administrations.

Cette poule au œufs d'or qu'est la question retraite a toujours été embastillée, édredonnée de tabou doré, pour des questions de profits.

Emblématiques, la vignette automobile et le lundi de Pentecôte n'ont été que formules philanthropes et Rafarines, édulcorées de gesticulations et de chiffres.

L'avancée sociale nécessite de ponctuer la question et de passer enfin à autre chose, et ceci sans écoute des chants de sirènes des actionnaires, qui eux peuvent effectivement être "actifs" à 67 ans et au delà.

COTTALORDA Henri a dit…

Attention camarades. " Le mieux est souvent l'ennemi du bien". J'ai l'impression de lire parfois des commentaires à la Perrette de " La laitière et le pot au lait". En ce qui me concerne j'ai toujours préféré l'eau tiède à l'eau glacée et à l'eau bouillante. Comme le dit Richard nous aurons toujours le temps d'augmenter la température quand nous serons capables de trouver l'argent pour payer le gaz.

Anonyme a dit…

Ce billet aurait pu s'appeler :
"Cherchons des Poux dans la Tête de François Hollande"

Ane O'Neam a dit…

J'aime bien le jeu du retitrage.
Moi, j'en ai un pour le dernier commentaire anonyme: "Bienvenue dans le totalitarisme!"

L'esprit d'ouverture qui semble celui de M. Hollande lui éviterait sans doute de confondre:
-demandes de précisions sur son projet (=marque d'intêret) et
-chercher des poux dans sa tête (=marque d'hostilité).

Dommage que cet esprit d'ouverture ne soit pas mieux partagé.
Et que le petit doigt sur la couture du pantalon (pourquoi pas le claquement de bottes tant qu'on y est) puisse être attendu de qui soutient un candidat... républicain.
JYD

Anonyme a dit…

Les états d'âme consistant à savoir si le plat à servir est trop tiède à quelques semaines du premier tour, ont quelque chose de consternant.
On voudrait faire planer un doute que l'on ne s'y prendrait pas autrement!
Ne devrions pas nous mettre dans une logique d'unité de combat pour qu'un nouvel espoir apparaisse et ce sera ensuite à nous, en qualité de citoyen actif, de le porter le plus activement possible vers sa réalisation.
Paul

Raging Sheep a dit…

S'il y a dans ces simples demandes de quoi faire planer un doute, c'est à désespérer de la gauche! A ce stade, autant se préparer à voter blanc tout de suite!

Le plus consternant n'est-il pas encore de prendre comme une menace la moindre question posée à Hollande?
C'est quand même incroyable: à la fin, son propre camp semble le premier à redouter qu'il ne puisse y répondre! C'est là qu'on aurait envie d'appeler à un peu d'unité derrière lui.

Au final, son meilleur soutien n'est-il pas celui qui le considère comme un être doué de raison? De capacité de rassemblement? Et qui lui propose à ce titre un dialogue, somme toute bien anodin pour ne pas dire rituel dans une démocratie?
Sans redouter de sa part on ne sait quel vide abyssal ou billevesée géante propre à envoyer les bulletins à la concurrence...
M.E.

PourHollande a dit…

Bon, ben si les questions sont des états d'âme maintenant, on va arrêter de se dire qu'on a le droit d'en poser.
C'est pour ça qu'elles amènent des doutes (normalement c'est des réponses).
C'est connu: Hollande n'est là que comme mascotte de campagne. Après la victoire, il disparaîtra comme par magie et les citoyens actifs prendront le pouvoir.
Alors les questions, hein... C'est pas comme s'il allait diriger le pays.
Pendant cinq ans.
Avec nous dedans.

Philippe

alaind a dit…

Bonsoir et coup de gueule. Nous sommes ici en un espace où il est "permis" d'exprimer ce que l'on a dans les idées et dans le cœur. Bien que l'on soit en période électorale dite de "campagne" il serait bon de ne pas diluer les bases qui sont les moteurs de notre candidat "potentiel". Ce candidat a une étiquette dite "de gauche" que je respecte au plus haut point. Juste que l'on voudrait qu'il amène à sa mémoire, certes contre vents et marées, ses origines, son sentiment, les idées qui ont fait leur chemin. Ce n'est pas une critique c'est un rappel à une éthique.
Nombreux ont été ceux qui sont restés bâillonnés dans leurs revendications sous le règne de l'actuel président, il serait bon de leur donner une lueur d'espoir. Effectivement c'est la crise, les maîtres d'ouvrage font durer les choses pour budgétiser, ce qui arrange les autres car s'il n'y a plus d'argent, il n'y a plus de personnel non plus en face pour résoudre les diverses questions, ne serais ce que savoir quoi va couter combien.
Aussi, la critique du candidat potentiel est légitime, pour un élan de clarté et de décision. Pour rappel, il y a plusieurs votes que nous effectuons non pas pour un choix, mais pour le moins pire des candidats.

Pépito a dit…

Je ne comprend pas qu'on puisse hésiter à voter pour FH, compte tenu du choix. en dehors de JLM, aucun autre candidat mérite même la place de (d'oser) se présenter...