28 juillet 2009
ASO préfère les J.O. à la lutte contre l’EPO
Le Tour 2009 a-t-il été ce « Tour à l’eau claire » que nous attendons depuis une dizaine d’années ? J’en doute. Qu’on en juge…
- A tout seigneur, tout honneur : le vainqueur espagnol, ex miraculé de la médecine, impliqué dans l’affaire Puerto, a défrayé la chronique en franchissant quelques cols à la vitesse d’une Yamaha de Grand Prix. Greg Lemond, dans sa chronique du journal Le Monde, et un certain nombre de spécialistes estiment que seul un « VO2 max » (consommation maximum d’oxygène) extraterrestre peut rendre de tels exploits possibles.
- Armstrong, autre miraculé de la médecine, convaincu de dopage lors de son premier Tout victorieux, a terminé troisième de la plus grande course du monde à 37 ans et après quatre années d’interruption. Seuls les gogos peuvent imaginer que papy Lance a pu atomiser la plupart des bébés requins du peloton grâce à l’eau d’Evian et aux bonbons Haribo généreusement distribués par la caravane du Tour.
- Il y a aussi la sidérante quatrième place de l’Anglais Wiggins. Ce pistard, qui avait terminé son premier Tour aux alentours de la cent vingtième place, s’est reconverti en chamois caracolant sur les cimes de l’édition 2009… Un peu comme si, après quelques années de carrière « made in Normandie », Stone et Charden s’était mis à chanter de l’opéra pour concurrencer Pavarotti.
- On peut également rappeler l’exploit de légende accompli par le grassouillet sprinter allemand Haussler dans l’étape de montagne des Vosges où il a ridiculisé ses compagnons d’échappée dont le valeureux Chavanel. Son visage poupin et reposé quelques minutes après l’arrivée a fait douter les commentateurs les plus complaisants. A croire que ce jour-là, la célèbre ligne bleue des Vosges s’était transformée en ligne blanche…
On pourrait multiplier à l’infini les exemples de ce type pour un Tour de France où les rares abandons n’ont pratiquement été dus qu’à des chutes. Pourtant, cette année, on peut noter l’absence de contrôles positifs pendant l’épreuve, ce qui tranche avec les éditions précédentes où l’on avait vu tomber un certain nombre de tricheurs : de Rassmussen à l’équipe Festina, de Landis à Vinokourov…
Il y a peut-être une explication à cette contradiction. Jusqu’en 2008, les organisateurs du Tour, ASO (Amaury Sport Organisation), étaient réputés pour – sans tuer la poule aux œufs d’or – défendre une certaine éthique. Il leur arrivait de refuser le départ à certains coureurs (par exemple, Contador l’an dernier) et les contrôles étaient relativement efficaces. Et, tout au long de l’année, ASO guerroyait pour un cyclisme crédible face à l’incroyable laxisme de l’UCI (Union Cycliste Internationale). Mais voilà que, cet hiver, la direction du groupe Amaury (qui dirige à la fois ASO et le journal L’Equipe) a jeté son dévolu sur la gestion des droits français marketing et audiovisuel des prochains J.O. d’hiver. Pour cela, il faut obligatoirement le feu vert du CIO… et de l’UCI, dont plusieurs dirigeants ont la double appartenance. Du coup, business is business, le groupe Amaury a débarqué le courageux Patrice Clerc, directeur d’ASO, et L’Equipe, qui était pourtant à l’origine de l’enquête qui a prouvé le dopage d’Amstrong, s’est mis à chanter les louanges du coureur américain. C’est peut-être la raison pour laquelle les contrôles n’ont jamais été aussi « cools » et « conviviaux » que cette année. A tel point qu’un ministre de la République a été obligé de rappeler à l’ordre les enquêteurs.
L’avenir nous dira, avec le résultat des contrôles à posteriori, si cette édition a marqué un petit progrès ou un grand recul par rapport aux précédentes. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut plus compter sur ASO pour y voir clair.
Du coup, ce dimanche, j’ai marqué ma mauvaise humeur en ce jour d’arrivée du Tour. Parisien de circonstance, mon parcours de jogger m’a fait emprunter à l’aube (comme l’an dernier) une partie des Champs Elysées, mais l’après-midi j’étais absent au moment du sprint de Cavendish, préférant un spectacle au théâtre du Palais Royal à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée. Non mais !
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4 commentaires:
Faut-il continuer à parler du dopage dans le sport, dans le cyclisme et dans le tour en particulier ? Pourquoi ?
Le succès populaire, spectateurs et téléspectateurs est encore là.
Comme si l'on avait 2 consciences. L'une sanitaire et l'autre ludique. Le "blaireau" disait hier à quelque chose près "le spectacle est + important, le reste on s'en fout".
Paroles d'un connaisseur ?
ricciarelli
Et si on faisait des contrôles chez les hommes politiques?
Certes, il y a déjà nos deux repérés défenseurs des biocarburants au ministère, mais comme disait Coluche, c'est autorisé, voir obligatoire!!
Mais vu le rythme de certains, des accidents arrivent...
"VO2 max" extraterrestre, tout de suite les grands mots et la suspicion.
Il existe un autre moyen pour grimper les cols à grands coups d'accélérateurs rageurs, notamment l'ascension du mont-ventoux, c'est la bonne vieille mobylette trafiquée d'antan, ou dopée pour utiliser un vocabulaire d'actualité.
Mais après examen des images, à coups de replay/ralentis, point d'échappements chromés pétaradants ni même de mono-cylindres 49,9 bodybuildés, tournant en sur-régime dans un bruit strident déchirant la nuit (et en plus c'était de jour et vélo obligatoire pour tout le monde).
On peu donc en conclure en toute naïveté que si certains on un bon coup de fourchette, d'autres sur cette étape et après trois semaines de tour!!!, un (trop?) bon coup de pédale.
ANTONIN
Ou alors eux aussi avaient de combinaisons en polyuréthanne.
ANTONIN
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