29 décembre 2009

Lieux intimes (1) : la pinède et le lac


Notre géographie intime est faite de lieux avec lesquels nous avons une relation presque charnelle.

Ces lieux peuvent être à quelques minutes de chez nous ou à l’autre bout du monde. Ils ont en commun le sourire qu’ils provoquent sur nos lèvres même au cœur des mornes saisons, et l’indifférence un peu générale qu’ils suscitent sauf, peut-être, chez ceux qui nous aiment vraiment.

Ainsi, cet ami bulgare intarissable quand il s’agissait de décrire sa maison de campagne, parenthèse enchantée au milieu d’un quotidien de grisaille et de répression. La visite sur place révéla une bicoque plus que modeste dans un environnement plutôt banal. Qu’importe, à voir le sourire de l’ami et celui de sa fille, pas de doute, nous étions au jardin d’Eden.

J’ai ainsi en permanence une bonne vingtaine de lieux gravés sur le disque dur de ma mémoire même s’ils sont irrégulièrement visités. Suffisamment, quand même, pour en faire une nouvelle rubrique de ce blog au gré des retours. Dans les Pyrénées Orientales, lieu de villégiature souvent fréquenté, se trouvent deux de ces endroits.

La pinède

Il s’agit, en fait, du « Bois des Pins » d’Argelès sur mer. Ce modeste espace d’environ 500 mètres de long sur 300 de large est un bois artificiel planté à la fin du XIXe siècle, puis amputé à partir de 1938 pour satisfaire les besoins du camp de réfugiés républicains espagnols installé sur la plage toute proche. La moitié des pins maritimes sont jeunes et un peu rachitiques, l’autre moitié est plus ancienne mais les plus grands arbres ont été étêtés par la dernière tempête. En clair, le « bois des Pins » n’est pas la forêt landaise.

Pourtant, j’aime bien marcher dans le sable, écrire ou lire sur les effroyables bancs en béton armé disséminés ici ou là sous la futaie, observer pies et écureuils. Ce modeste bois devient alors une forêt immense, en dehors du monde, où j’aime retrouver mes souvenirs et des raisons d’espérer.

Le lac

Là, nous sommes à Villeneuve de la Raho. Les 6740 mètres du pourtour du lac artificiel, réserve écologique, bassin d’irrigation et base d’écopage pour Canadairs, furent dans un premier temps un parcours d’entraînement. En trois ans à peine, ils devinrent bien plus que cela. Ce n’est pas le lac du Bourget, mais ce micro-paysage est aujourd’hui pour moi un monde à part auquel je pense avec ravissement quand je suis loin, une sorte de parcours initiatique où les caresses du soleil sur la surface immobile du plan d’eau activent joie de vivre et promesse de bonheur.

Quelques arbres et un gros étang, pas de quoi alerter les reporters de Géo. Reste ce sourire de temps en temps sur mes lèvres. C’est déjà beaucoup.

4 commentaires:

bernard gaignier a dit…

Des lieux intimes j'en ai aussi evidemment et différents au hasrd de mes pérégrinations!
L'Anse des Fossettes, coin de saint jean cap ferrat ou j'ai fait nombre de pique nique et de pèche aux oursins.. Avec un peu d'imagination on oublie l'environnement friqué. Comme il est très difficile de s'y garer en été il y a peu de monde et c'est réservé aux lève tôt!
Le causse Méjean en Lozère, espace immense et sauvage d'une beauté à couper le souffle et tellement changeant. Mon plus beau souvenir: les arbustes blancs givrés par la glace et le soleil et le ciel bleu se reflétant dedans!
Macinaggio en Haute Corse plage du bout du monde de sable blanc au bout du Cap ou en dehors du mois d'aout on partage la plage avec les vaches!
La maison de mon frère ainé en basse ardèche entourée d'un désert de caillou lieu de tant de souvenirs! il ne m'en reste d'ailleurs plus que les souvenirs!
Curieusement aucun autour de Saint Etienne

Claudio a dit…

ça me fait penser au plaisir d'un bon plat de pâtes ou de lentilles quand d'autres se la "pètent" dans des restaurants prout-prout. (j'espère être compréhensible)

cléo a dit…

Nous naissons avec un corps, sans doute. Encore devient-il et appelle t-il ses histoires. Le monde du corps propre, s'il n'était pas toujours étonnamment en extérieur? Infiniment dispersé. Rares coïncidences : là, puis là, et là encore. Cette sensation d’être un chez soi. Je dirais quand même, de passage : joie aussi ce soi qui n'arrive pas! Autant de possibles, jetés en avant de « lui-même » ? Ou cherchant du moins à se rassembler. Et là, il y a place pour d’autres. " « J'aime, je n'aime pas. Cela n'a aucune importance pour personne. Cela veut seulement dire: mon corps n'est pas le même que le vôtre." Roland Barthes, par lui-même… Ecrivait cela..
Le causse… ah oui ! Le causse nu surtout. Quand il n’est habillé que par les ombres des nuages et que galopent ses cheveux d’or. Magnifique.

LapotikeryBienOci a dit…

Les lieux magiques je les aime de deux façons... ceux où j'ai passé un/des moment(s) avec des personnes qui m'ont permis de les graver dans ma mémoire... et ceux qui se gravent d'eux mêmes, tout seuls et que je m'approprie... j'ai une petite faiblesse pour ceux-là... A l'inverse je déteste ces lieux qui ne vivent que par la présence d'une personne...
Dans mes lieux magiques, j'en citerai un qui m'est particulièrement cher, c'est les Aiguilles de port Coton à Belle ile en mer...