19 février 2010

L’anse de Paulilles


 
La Montagne
Nous sommes le 3 décembre 1870. A la fois représentant d’Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite, et délégué militaire de Léon Gambetta, un certain Paul Barbe lance à Paulilles la construction de la première dynamiterie française. Petit coin de paradis sur la Côte Vermeille entre Port Vendres et Banyuls, le site de Paulilles est en effet adéquat pour bâtir une telle fabrique, « le plus loin possible des frontières avec l’Allemagne » avait dit Léon. L’anse dispose d’une rivière et de puits d’eau indispensables au nettoyage de la nitroglycérine. De plus, isolée des lieux de vie avoisinants, les risques en cas d’explosion seront limités.

Jusqu’en1984, l’usine employant plusieurs centaines de personnes va fonctionner comme une petite république avec son village, ses fêtes et ses drames. Malgré une discipline de fer, les maladies professionnelles et les accidents sont nombreux. Mais entre des logements plutôt confortables et la plage forcément privée, on vit plutôt bien aux Paulilles, enclave de prospérité dans ce pays pauvre d’agriculteurs et de pêcheurs. Aussi, la fermeture sera vécue comme un petit drame dans la région.
C’est un peu plus tard qu’interviendront Conservatoire du littoral et Conseil Général pour sauver un site que les vautours de la spéculation immobilière veulent transformer en marina… Une de plus !

Paysage préservé et mémoire des hommes honorée, un beau travail sera réalisé par les deux institutions publiques. L’anse, ses plages, sa pinède, ses eaux turquoises ont été rendues aux familles, aux amoureux et aux promeneurs solitaires. Suffisamment de bâtiments et de lieux ont été préservés pour que le visiteur puisse reconstituer un siècle de mémoire ouvrière. Des scènes de la vie quotidienne ont été peintes sur la façade des bâtiments, les dangereuses installations de la chaîne de fabrication des explosifs sont encore visibles sur la mystérieuse Montagne du cap nord, le jardin du directeur fleure toujours le paternalisme bienveillant et anti-syndical de ce huis clos industriel.

L’Histoire, ce n’est pas seulement les champs de bataille et les monuments grandiloquents, c’est aussi la vie simple des gens simples. Comme cette dame entre deux âges croisée par hasard et interpellée par Dominique : « Oui, j’ai vécu ici, bien sûr beaucoup de choses ont changé mais je retrouve ma vie d’avant et je viens  la faire partager à mes amis ». A ce moment précis son sourire semblait dire : « Voyez vous, je ne suis pas un grain de poussière dans le tourbillon du siècle, ma vie était là et elle a compté… » .

7 commentaires:

alaind a dit…

Hé bien voici un article qui ... sent le pétard.
Une anecdote sur la trinitrine que prennent ou ont en permanence sur eux au cas où, les coronariens de mon espèce, celle- ci a été découverte dans les usines de fabrication de TNT ou tri nitro toluène, peut être non loin ou exactement constituant de la fameuse substance à base de glycérine comme dans l'ile mystérieuse de Jules Verne.
Les gens affectés d'angines de poitrine ou de problèmes coronariens se sentaient beaucoup mieux au travail. Aussi a on découvert l'action du TNT sur l'élargissement des coronaires et les application médicales qui ont suivi. Pour la petite histoire, du prix Nobel et des incidences diverses et variées.

Très cordialement!

Sylvie a dit…

La photo où vous marchez sur la plage, me rappelle certaines photos de François Miterrand.
Même attitude, même démarche qui semblent révéler une réflexion profonde mais aussi une certaine désillusion.

Anonyme a dit…

Ca fait bizarre de voir la plage de mon enfance sur le blog d'un Niçois.
L'aménagement de Paulilles est vraiment réussi, même l'été la plage reste accessible.
Je me souviens de baignades alors que la plage était interdite pour risques d'explosions, le temps passe vite.

Rob

Unknown a dit…

Merci pour ces précisions Alain. C'est sans doute pour cela qu'il existait une maladie professionnelle qu'on appelait l'infarctus du lundi...

Sylvie, on restera sur la "réflexion profonde"...;-)

Rob, c'est incroyable : il faudra aller piquer une tête ensemble !

bernard gaignier a dit…

Allons Patrick toi piquer une tête!!!dans l'eau!!!
Rob sera entré et sorti depuis longtemps que tu n'auras pas encore mouillé une cheville!! Veux tu que je te rappelle un certain texte??

alaind a dit…

Ha... l'IDM du lundi, je connaissais pas...

J'ai eu cet info par voie médicale et la découverte de la trinitrine est dito issue de l'observation des employés en fabriques de TNT...

J'ai eu le même sentiment que Sylvie sur cette photo étrange, ramenant au souvenir du Tonton M.


cléo a dit…

Il est évident à la lecture de deux commentaires que l'auteur de ce blog est tout à fait capable de piquer une tête, même si ce n'était pas la sienne...et précisément parce que ce n'est pas la sienne, sans quoi on ne dirait même pas qu'il l'a piquée, mais qu'il n'en fait qu'à la sienne. Moi, je dirais plutôt qu'il s'est piqué au jeu, et qu'en plus il n'était pas tout seul mais avec une photographe. Et quoi qu'on en dise, ça pique la curiosité. Bon, alors peut-être qu'il s'est piqué de pouvoir piquer une tête au moins dans l'eau. Je ne sais pas mais... si j'avais un ami avec une telle mémoire,je piquerai d'abord une colère du type: Quoi?!Je n'ai pas le droit d'être un autre, c'est à dire là où on ne m'attend pas, comme cela ou au virage?! Avec le sourire bien sûr, puisque c'est un ami, c'est à dire quelqu'un qui somme toute et malgré sa mémoire qu'on ne peut pas effacer, nous connaît bien. Et juste après, je piquerais la tête en question dans l'élément problématique...juste pour le plaisir, non pas de l'eau, mais de voir, au large, la tête de l'ami en question.