19 août 2011

Sweet home Alabama



CARNET DE VOYAGE N° 6

Montgomery est une ville tranquille lovée dans une courbe de la sage et majestueuse Alabama river. Il est bon d’y siroter un verre de vin californien en écoutant un chanteur folk-rock à la terrasse d’un café.

Dans les larges rues géométriques bordées de bâtiments officiels néo-grecs d’une blancheur éclatante et de buildings d’une hauteur raisonnable, la circulation est réduite, les passants rares et les touristes invisibles. Bref, elle a tout d’une belle endormie.

Pourtant, sur elle aussi, est passé le grand souffle de l’Histoire. A l’origine, les faits sont plutôt anecdotiques. Le 1er décembre 1955, une femme noire, Rosa Parks, refuse de céder sa place à un blanc dans un autobus de la ville. Arrêtée, elle sera condamnée à une amende, mais son geste, relayé par MLK (encore lui !), à l’époque jeune pasteur d’une église de la cité, sera à ‘origine du boycott par la population noire des bus de Montgomery et surtout l’élément déclencheur des mouvements pour les droits civiques qui embraseront l’Amérique des années 60. Du coup, assister à la reconstitution de la scène de l’arrestation au musée qui lui est consacré permet de penser avec émotion à cette femme courageuse et à cette période, pourtant peu éloignée, où la ségrégation subsistait dans le Sud du « grand pays de la Liberté ».

En fait, c’est tout l’Alabama qui fut le théâtre de cet affrontement que l’on voudrait final entre blancs réactionnaires et communauté noire. Nous avons pu le vérifier à Birmingham devant l’église baptiste de la 16e rue ou quatre fillettes et adolescentes ont été tuées par une bombe raciste (la meilleure amie d’une des victimes s’appelait… Condoleezza Rice).  A Selma aussi, sur le pont Edmund Pettus où dix-sept militants des droits civiques avaient été, en 1965, sauvagement blessés par les troupes d’un certain Georges Wallace, gouverneur de l’Etat.

Bien sûr, depuis cette époque, de l’eau est passée sous les ponts de Montgomery, de Selma et d’ailleurs. Il nous a même semblé surprendre un frisson de mixité sociale parcourant la ville. Il faut cependant raison garder car, sur une période aussi courte, l’effet « rousse de Calais » peut tout à fait déformer la réalité.

Le groupe Lynyrd Skynyrd avait créé une chanson – au milieu des années 70 – à la gloire des valeurs, souvent douteuses, du Deep south : Sweet home Alabama.

Souhaitons tout simplement que le titre de cette chanson, très populaire par ici, puisse être rapidement repris au premier degré par tous. Parions sur le progrès humain… et les deux mandants d’Obama !

Cela dit, s’il en est un qui n’a aucun doute sur la douceur de vivre en Alabama, c’est bien notre Forrest Gump. Personne, en effet, n’a oublié qu’il est né dans ce beau pays à 400 m de la départementale 17 et à 800 m de Greenbow, comté de Greenbow… C’est donc le cœur chargé d’émotion et les jambes en coton qu’il a zigzagué une petite demi-douzaine de kilomètres entre Dowtown et le Waterfront de Montgomery, Alabama.

Ce petit point bleu sur Commerce street, c’est Forrest, le régional de l’étape, bien sûr !

5 commentaires:

Emmanuel a dit…

Forrest est de retour dans la motherland, il va courir encore plus vite à la recherche de son passé et de ses souvenirs.
Martin Luther King semble être le fil conducteur de cette traversée des States. C'est bien et je pense qu'il résume à lui tout seul une grande partie de l'histoire de ce pays. C'est peut être finalement lui le véritable héros américain...En tout cas je le préfère nettement à Buffalo Bill (je plaisante bien sûr).
Je suis content que tu cites ce vieux groupe du deep south, Lynyrd Skynyrd avec le très célébrissime Sweet Home Alabama, pas vraiment un modèle de tolérance...Un groupe marqué par le destin et les accidents.
Tu aurais pu citer aussi Neil Young avec le morceau Alabama dans Harvest 1972 : "Oh Alabama, the devil fools with the best laid plan
Swing law Alabama
You got the spare change-you got to feel strange
And now the moment is all that it meant
Alabama you got the weight on your shoulders..."
I have a dream.........
Allez good luck Forrest...et cours!

Emmanuel a dit…

Le virus est passé à travers internet et je me surprend à réécouter en boucle un disque de Lynyrd Skynyrd, Second Helping sorti en 1974 avec le gigantissime Sweet Home Alabama (où le ciel est toujours bleu...). Au niveau parole, c'est pas du Rimbaud mais par contre pour les guitares, çà groove a donf.

Anonyme a dit…

Merci pour la participation quotidienne à votre road movie, toujours aussi sympa, et qui donne envie d'aimer nos amis ricains. (Je lirai le reste en rentrant de vacances).
Amitiés à tous les 2
Laurent F

Emmanuel a dit…

Nouvelle déception dans le 5ème et encore un match nul pour Nice contre Toulouse (avec deux buts refusés et un pénalty raté). Ah décidément pas de chance...

Anonyme a dit…

La belle endormie a des allures presque reposantes après toute l'agitation des étapes précédentes.
En 1974 j'étais encore un peu jeune pour avoir écouté en boucle Sweet Home Alabama, mais j'apprécie à sa juste valeur l'hommage rendu par un homme à une femme.
Pourquoi zigzaguer dans des rues aussi rectilignes ? Les jambes en coton... c'est vraiment ... l'émotion ou … le vin californien ? Bon ce n'est pas pire que le coca cola !! Une petite demi-douzaine de kilomètres... à vitesse double ? Notre valeureux Forrest succomberait-il à l'échelle nanométrique dans l'immensité des lieux qu'il traverse ? Que nenni, pas de fausse modestie, le petit point bleu est toujours aussi grand dans ses entraînements du bout du monde. A force de parcourir la planète, on parlera même sûrement un jour du mondial de l'étape si çà continue :)
Ici dans un tout petit cinquième canton quelques sauvageons hurlent l'égalité des aiglons face à leurs adversaires, dans des rues privées de lumière nocturne depuis plusieurs jours... comme il est vrai que les choses ne valent que par l'importance qu'on leur donne... à petite ou grande échelle.