Marco
Vendredi 20 heures 20. Le thermomètre du compteur de ma voiture indique 1°C de température extérieure quand je me gare pour la deuxième fois de la journée sur le parking de la Gare du Sud. En effet, il y a à peine quatre heures, j’ai participé à la visite du futur chantier organisée et guidée par le maire de Nice. Une visite express qui a surtout eu le mérite de me faire pénétrer pour la première fois depuis bien longtemps à l’intérieur de l’ancienne gare et de son bâtiment de voyageurs et de me faire découvrir, un peu effrayé, les entrailles décomposées de la vieille Dame.
20 heures 30 : des petits groupes d’hommes convergent vers la partie nord-ouest du parking. Les paroles que l’on peut surprendre ici ou là sont souvent russophones, parfois françaises. Ces hommes sont plutôt jeunes et correctement vêtus. Il n’y a presque pas de femmes.
20 heures 35 : trois fourgons de l’Armée du Salut et une camionnette de Médecins sans frontières arrivent par l’allée centrale du parking. J’aperçois immédiatement Marco, notre nouvel ami de la permanence, dans le premier d’entre eux. Pendant qu’il me présente son responsable Angelo, une dizaine de bénévoles (hommes et femmes à parité, la cinquantaine en moyenne d’âge) installent deux cantines, une pour la soupe de légumes, l’autre pour le café et les viennoiseries. Un véhicule est aménagé pour faciliter la distribution de sandwichs. La mise en place du dispositif est extrêmement rapide et les hommes, dont le nombre dépasse maintenant la centaine, font la queue avec une certaine discipline spontanée. Tout se passe dans des conditions d’efficacité et, je dirais, de professionnalisme qui ménagent la dignité de chacun. Beaucoup mangent sur place par petits groupes de deux ou trois. On parle peu, on sourit parfois en regardant les fragiles volutes qui s’envolent, sur fond de nuit glaciale, des tasses en plastique remplies de boissons chaudes.
21 heures 15 : l’équipe de bénévoles a déjà replié et rangé le matériel. Et, pendant qu’elle nettoie l’aire de distribution avant de rejoindre le siège de la congrégation, les bénéficiaires de la distribution s’évanouissent petit à petit dans la nuit…
Marco me confirme que, chaque vendredi, l’Armée du Salut et ses bénévoles renouvellent l’opération. Grâce à eux, c’est un peu d’humanité qui irrigue les vaisseaux de la face cachée du 5e canton.
Les entrailles de la vieille Dame
16 commentaires:
Le salut en aidant les autres, c'est peut être cela la morale de l'histoire!
Les entrailles brisées de la vieille Dame du sud ou les entrailles vides des humains en quête de nourriture nous rappellent qu'il est temps de faire une pause dans cette course folle où notre société ne sait pas où elle va.
Trop de richesses d'un côté et trop de pauvreté de l'autre, il doit bien y avoir un juste milieu.
Gloire à tous ces bénévoles qui dépensent sans compter leur temps au service des autres (à la gloire de Dieu comme on disait avant)
Le passage ephemere du pouvoir et la presence des ombres impuissants - un seul lieu!Un recit qui a marque mon esprit
C'est vrai, le sujet n'est pas léger.
Je félicite tous ces gens qui s'investissent bénévolement auprès des + démunis.
Mais je voudrais aussi, Patrick, te mettre en garde car ta photo (ou on distingue, on devine un fond bleu lumineux !! avec 2 barres blanches, elles aussi lumineuses!!)pourrait donner lieu de la part d'un ufologue passionné voire ..... à toutes les interprétations possibles.
Alexandre
le secours populaire distribu la soupe le soir dans les rues de nice.
Toutes les actions de l’homme sont « en principe » guidées par l’objectif d’éviter ce mal : la souffrance. Mais hélas, il ne pourra jamais l’éradiquer. Heureusement qu’il existe des anges sur terre, comme les bénévoles de l’Armée du Salut (et autres associations) pour colmater les échecs de cette société, en donnant des instants d’attention à ceux qui souffrent. Nous pouvons les saluer. Cependant je doute qu’en parler sur un blog soit nécessaire, il me semble même que cela soit impudique.
Pour le Secours Populaire je sais...J'ai même marié deux couples de responsables!...impudique...heu! je ne vois pas pourquoi! Remarquez cher anonyme vous êtes en contradiction avec l'autre anonyme,celui qui me reprochait d'être trop léger sur ce blog.Comme quoi j'ai bien raison de faire ce qui me plait et vous de ne pas lire!
Je suis libre de ne pas vous lire et heureusement, mais si vous "homme publique" publiez des billets, tout en donnant la possibilité à vos lecteurs de les commenter,(vous pouvez ne pas les publier, mais là n'est pas le problème) vous vous exposez à des critiques "libres"...Dans mon message il y a un petit cri de colère : parler de la misère m'insupporte quand la solution n'existe pas... Et cela n'a aucun lien avec vous ou votre blog. Vous êtes comme la majorité des politiques : vous dénoncez, mais restez impuissants. Donc nous "simples lecteurs" on ignore où se trouve la frontière entre la démagogie et la sincérité. A mon sens, il y a des sujets qu'il vaut mieux éviter, mais c'est un avis qui n'engage que moi. Vous êtes libre de faire ce que vous voulez et moi également.
Si liberté il y a...
(j'avais oublié de signer)
@.@
Impudique ou trop léger, faut savoir.
C'est plutot pas mal et surtout très utile de relayer les actions de ces personnes qui font du bien pour l'humanité.
En tout état de cause il vrai que l'auteur du blog est bien libre de ses choix éditoriaux...
Personne n'est obligé de lire ou d'intervenir!
La liberté est dans les deux sens.
Bien sûr que chacun est libre. Mais "impudique", je ne comprends pas non plus.
A-t-on cité nommément l'un des convives de ce repas nocturne? A-t-on pris l'un d'entre eux en photo pour l'exposer au voyeurisme des internautes de tout poil?
Non, il ne s'agit que de rendre hommage à ceux qui tentent, dans la mesure de leurs moyens, de faire quelque chose là où, en effet, on se sent impuissant. Et peut-être aussi à ceux qui acceptent leur aide, car il faut du courage pour cela aussi.
Quelle forme d'impudeur y a-t-il à cela?
A-t-on jamais jugé impudique d'acheter un CD au bénéfice des Restos du coeur ou autre asso humanitaire? Il ne s'agit pourtant pas là d'un simple billet sur un blog, mais de publicité à une tout autre échelle où le produit d'appel n'est autre que le plus extrême dénuement.
Pourquoi? Mais pour agir, et inciter autant de monde que possible à le faire.
Alors oui, ce billet est une goutte d'eau. Oui, les Restos du coeur sont d'autres gouttes d'eau, qui au bout du compte irriguent le filet d'un ruisseau. Mais leur accumulation converge vers la vie, contrairement au lit d'une rivière à sec.
Alors, ne pas en parler… Si personne ne parlait jamais de ces associations, ceux à qui elles se destinent n'en connaitraient même pas l'existence. Ceux qui peuvent les soutenir, en donnant financièrement ou de leur personne, ne les rejoindraient jamais.
Bien sûr qu'on peut douter des intentions d'une personne publique, quand elle se risque à aborder des sujets étiquettés "démagos". Bien sûr que certains artistes participant aux grand-messes des Restos du coeur ou autres y voient sans doute une occasion inespérée de reconnaissance -ou de renaissance selon les cas.
Personne n'est dans leur tête pour savoir ce qui les motive et le doute est de mise pour qui ne les connaît pas intimement.
Mais quelle importance? L'important, n'est-ce pas de rappeler l'existence de ces "ombres", si proches et pourtant inconnues, et de ceux qui oeuvrent pour elles? N'est-ce pas d'amener, fut-ce un seul lecteur, à se dire: et si moi aussi j'étais l'un d'entre eux -qu'il s'agisse du reste des aidants ou des aidés, et de peut-être faire naître une autre goutte d'eau?
En toute liberté, je pense que oui.
@mouton enragé :
Tout ce que vous avez dit est juste et touchant, cependant l’abord médiatique de la souffrance me gêne. Je le trouve (presque) irrespectueux à l’égard de ceux qui souffrent. Néanmoins, je trouve normal et important de rappeler que ces associations participent à réduire leur mal. Mais voilà, pour trancher, je préfèrerais que l’on n’expose pas la souffrance des gens… Il en va de même pour le téléthon et les restos du cœur, je n’approuve pas l’aspect festif ou ludique, il y a comme un manque de gravité dans ces manières de traduire de la compassion pour des êtres qui méritent bien plus que cela, comme des actions concrètes et profondes par exemple…. Dans la plus grande normalité, comme quand on parle des « autres » problèmes… Pourquoi la souffrance doit-elle toujours être abordée de façon « légère » ?
J’espère avoir pu vous expliquer pourquoi j’ai qualifié une partie de ce billet comme impudique. Je précise par ailleurs, que je ne suis pas dans la tête de PM, mais je ne pense pas qu’il profite de ce sujet de façon « démagogique ». Et d’ailleurs, je ne me serais pas permis de faire ce type de commentaires, si je n’avais pas perçu qu’il règne dans ce blog une grande ouverture d’esprit, avec une écoute, et des échanges libres et sans préjugés.
@.@
Je comprends @@ à la fois sur l'exposition médiatique de la souffrance des gens et sur son traitement parfois ludique. Je suis toujours très vigilante sur ce point et c'est la raison pour laquelle je ne vois pas du tout ce qui, dans ce billet, pouvait se rapprocher de ça. En quoi parler de ceux qui apportent leur aide, et le faire avec ce qui me semble être une grande sobriété, serait impudique ? Non, vraiment, je ne comprends pas...
@@ en fait le risque auquel je me suis trouvé confronté sur cette séquence n'était pas d'ordre politique ("la démagogie") car je pense que l'info sur ces thèmes au final est positive (cf le mouton et les enfoirés...) mais de nature esthétique : la vision de ces hommes dans la nuit,leur errance évoquait une scène surgie d'un film d'Angelopoulos...mais j'ai résisté à la photo par ...pudeur!
Sur le débat sur la médiatisation; Je comprends très bien que l'on puisse désapprouver les débordements "médiatiques " et critiquer des chanteurs qui se font de la pub! Mais les concerts des enfoirés et les produits dérivés rapportent énormément d'argent à l'association des restos du cœur.
C'est bien le but de ces opérations, et les bénévoles qui gèrent cette structure sont tout à fait favorables à ces opérations de communication sans lesquelles les restos du cœur ne tourneraient pas.
Quelles que soient les motivations des artistes qui y participent l'important c'est que l'argent arrive!
Petit complément à mon précédent propos: les dons et legs représentent 41% du budget des restos; les subventions publiques 32% et le concert des enfoirés: 17%
Et s'il n'y avait pas la médiatisation, il n'y aurait pas autant de dons.....
Dommage pour la photo... On aurait eu droit à plus de "frictions"... ;D
@.@
@Bernard (ah...un sou est un sou)
Vous m'avez convaincu. Chantons et dansons sur la souffrance, faisons même des photos, des portraits,des shows... Et au diable la misère! Peut-être que c'est une façon de l'exorciser ! Qui sait ?
@.@
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