12 août 2012

La rivière du petit mouflon



La rivière du petit mouflon ne paye pas de mine. Elle serpente tranquillement au fond d'un vallon, au milieu de ces collines couvertes d'herbe sèche et blonde que l'on trouve dans le sud du Montana.

Sous son nom anglais - Little Bighorn - elle est par contre très connue. C'est ici, en effet, que le 25 juin 1876, des guerriers Sioux et Cheyennes, conduits par Sitting Bull et Crazy Horse, ont battu l'armée américaine menée par le prestigieux et controversé Général Custer. Celui-ci y laissera la vie ainsi que 267 de ses hommes : une défaite méritée car le gouvernement des Etats-Unis, en chassant les Indiens des territoires qu'il leur avait lui même octroyés par traité, avait trahi sa parole. Il faut dire qu'entretemps on y avait trouvé de l'or...

Malheureusement, ce fut une victoire à la Pyrrhus car l'opinion publique américaine fit pression pour qu'on gagne au plus vite ce qu'il faut bien appeler une guerre coloniale contre ceux qui avaient tué leur héros national.

Errer pendant plusieurs heures sur les cinq miles du champ de bataille est forcément émouvant, car ce drame, à la fois si proche (en France, nous étions déjà sous la IIIe République) et si lointain (la guerre des Tuniques bleues et des Indiens), prend toute sa dimension précisément dans la modestie de sa géographie.


L'Amérique, c'est aussi, on le sait, une source inépuisable de repères et de clins d'oeil pour les cinéphiles. C'est ainsi qu'hier, alors que nous étions encore dans le Wyoming, nous nous sommes rendus au pied de Devils tower, un mégalithe mystérieux qui surgit au milieu des bois, lieu sacré pour les indiens Lakotas et Kiowas. C'est aussi la montagne mystérieuse de Rencontres du troisième type de Spielberg.

Pour équilibrer les choses, nous avons donc demandé aux dieux indiens d'intercéder en notre faveur pour nous faire rencontrer des extraterrestres.  Le résultat ne fut pas au rendez-vous, même si le spectacle du soleil couchant sur le rocher était magnifique. Nous avons donc dû nous contenter de la rencontre avec quelques chiens de prairie aussi sympathiques que contemplatifs. Ce n'était déjà pas si mal.

Supporters attendant patiemment le passage de Gump

7 commentaires:

alaind a dit…

A lire passionnément: Hanta Yo de Ruth Bebee Hill, une fresque historique d'une tribu Lakotas, entre les montagnes et la rivière boueuse. Où l'on apprend la stratégie de l'homme blanc, dont l'arme fatale fut plus le whisky frelaté que la stratège militaire de Cluster. Et mon film culte : Little Big Man qui revient ici...

Anonyme a dit…

Escapade émouvante.

@alaind
Little Big Man... Un grand film captivant !
(c'est un sentiment qui surgit de mes souvenirs d'enfance...la dernière fois que je l'ai vu, c'était dans les années 70, comme quoi...quand c'est du "grand", on le comprend même si on est "petit"...)

Le Mouton Enragé a dit…

Que de sang, que d'espoir en ces lieux!
Comment croire que les enfants de Little Bighorn ne connaîtraient jamais la liberté que leurs pères leur léguaient avec cette victoire?
Que la fin du redoutable Custer, ravivant la guerre au lieu d'y mettre un terme, précèderait de si peu l'extinction du peuple qui l'avait vaincu... Que quinze ans ne s'écouleraient pas avant que le sang n'emporte l'espoir à jamais:

"Je ne comprenais pas alors tout ce qui c’est achevé là. Quand je regarde maintenant vers le passé du sommet de mon vieil âge, je peux encore voir les femmes et les enfants étendus, massacrés, les corps jonchant le sol du ravin. Je les vois aussi clairement que lorsque je les ai vus avec mes yeux encore jeunes, et je peux voir qu’autre chose est mort dans cette boue sanglante, enseveli dans la tourmente de neige, le rêve d’un peuple à été brisé là. C’était un beau rêve, et moi à qui une si grande vision a été donnée dans ma jeunesse, vous me voyez maintenant comme un vieil homme pitoyable qui n’a rien fait, car le cercle de la nation est brisé, il n’y a plus de centre depuis longtemps et l’arbre marqué d’une cicatrice est mort." 
Black Elk, chef Sioux Lakota Oglala, survivant du massacre de Wounded Knee.

Si Crazy Horse, Gall et Two Moons pour ne citer qu'eux, ont mené les opérations de Little Bighorn auxquelles Sitting Bull n'a pas directement pris part, c'est bien l'exceptionnelle personnalité de ce dernier qui a permis la fédération victorieuse de nombre de tribus parfois antagonistes en cet épisode historique.
Le statut de "holy man" dont il jouissait  participait entres autres d'une sagesse parfois prophétique. Puissent ses paroles perdre, un jour pas trop lointain, de leur incroyable actualité:
"Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas."
Tatanka Yotanka/ Sitting Bull, chef Sioux Lakota Hunkpapa

PS: merci à alaind pour sa référence que je me réjouis de découvrir.
Dans un style sans doute un peu différent, j'y ajouterais Enterre mon coeur à Wounded Knee (Dee Brown) qui, bien qu'écrit à partir de documents d'archives, se dévore comme un roman historique et demeure un témoignage unique sur les guerres indiennes et ce qui fut le mode de vie d'un peuple, dont les rares descendants survivent encore aujourd'hui dans des conditions souvent aussi peu enviables que celles réservées à leurs ancêtres.

Anonyme a dit…

Un autre éclairage de la guerre contre les indiens:
http://www.dialogus2.org/CUS/unbonindien.html

Emmanuel a dit…

Ah, quel magnifique blog ! Ah qu'il me fait plaisir et me renvoie dans le passé...où j'ai rêvé de nombreuses fois de venir sur ces lieux symboles d'une des plus grande tragedie moderne, je ne sais pas si on a le droit de parler de génocide, celle de la destruction de ces peuples que l'on appelait "les Indiens".
Magnifique contribution de Mouton qui nous rappelle tous ces noms illustres, Crazy Horse, Sitting Bull, Gall, les Oglalas, les Hunkapapas....et surtout l'horrible massacre de Wounded Knee où des soldats américains massacrèrent des gens sans défense.
A lire absolument "Enterre mon coeur...de Dee Brown". Magnifique et merci Mouton.
Pour ma part, tout cela m'évoque l'enfance et les cours de récréation où nous jouions encore aux cow boys et aux Indiens.
Comme Renaud qui "était une bande à lui tout seul", j'étais souvent les Indiens à moi tout seul et, comme en foot entre l'Allemagne et la France, je perdais tout le temps.
Alors pour moi Little Big Horn, c'était enfin la victoire des Sioux, des Cheyennes, des Minniconjoux...et du grand chef Sioux hunkapapas Sitting bull alias Four Horns, puis en 1857 Tatanka Yotanka le "medicine man".
C'est lui qui avait dit que les Blancs étaient venus pour l'or mais ils se rendraient compte un jour que l'argent ne se mange pas quand il ne restera plus rien sur terre. A méditer à notre époque !
Depuis, le cinéma étatsunien (Little big man, Danse avec les loups, le Nouveau monde...)a quelque peu réhabilité la mémoire de ces peuples qui aujourd'hui vivent pour la plupart dans des réserves, prisonniers sur leurs propres terres !
Alors, je n'aime pas la guerre, mais s'il faut faire mourrir une deuxième fois Custer....
La découverte de l'Amérique pour les Européens fut une excellente nouvelle mais pour eux..."Columbus go home !"

bernard gaignier a dit…

Indien vaut mieux que deux tu l'auras

COTTALORDA henri a dit…

Comme je connais un peu le langage des marmottes américaines, je peux te dire qu'elles se fendent la poire et qu'elles se disent: " Ils sont fous ces niçois !!!" COTTALORDA Henri.