14 octobre 2008

Deux Ouïghours à Carlone



626 étudiants. Ce sont les effectifs qui m’ont été confiés ce premier semestre à l’Université. 626 étudiants que je rencontre depuis un mois dans mes amphis et qui appartiennent aux filières « InfoCom » et LEA de la fac des lettres, des L1… aux M2.

Ayant changé de service à la rentrée, ce sont en quasi-totalité de nouveaux étudiants et, j’ai beau être physionomiste, apprendre à les connaître tous est un sacré boulot.

Mais, une fois encore ce qui me frappe le plus à Carlone, c’est l’extrême diversité de ses amphis. Et notamment le nombre d’étudiants étrangers. Exactement 167 dans mes cours. Ainsi, cette année, ma petite ONU à moi ne regroupe pas moins de… 56 nationalités.

Dans le nombre, il y a bien sûr de nombreux ressortissants de l’UE, qui, par définition, ne sont pas vraiment des étrangers : Bulgarie 14 étudiant(e)s, Italie 13, Portugal 7,Espaghe, Roumanie et Pologne 4, Chypre,Grèce et Slovaquie 2, Grande-Bretagne, Belgique et Allemagne.

Quant aux autres, c’est bien simple, ils viennent des quatre coins de la planète… Qu’on en juge : Maroc 16, Sénégal 14,Chine 8, Russie 7, Turquie 6, Brésil et Burundi 4, Japon, Tunisie,Congo,MAURICE, et Monaco 3, Cap Vert, Biélorussie, Liban, Algérie,Mali,Moldavie et Guinée 2, Ukraine, USA, Azerbaïdjan, Philippines, Bosnie, Pérou, Madagascar, Equateur, Canada, Côte d’Ivoire, Salvador, Venezuela, Comores, Suisse, Egypte, Mauritanie, Vietnam, Niger,Cuba,Colombie,Gabon,Macédoine et Syrie 1.

Pour symboliser cette diversité, il y a cette année deux étudiants, une fille et un garçon, qui viennent de loin. De très loin. Abula et Abulikemu sont… Ouïghours. Citoyens de la République de Chine, ils font partie d’un peuple qui vit dans la province du « Xinjiang » (sur la carte, Sinkiang) appelé aussi le Turkistan oriental. Les Ouïghours, turcophones et musulmans, ont été plusieurs fois indépendants au cours du XXe siècle avant d’être intégrés de force dans la Chine communiste. En 1997, des émeutes réprimées par la police chinoise ont fait plus de 150 morts. Depuis les condamnations politiques à mort sont nombreuses. Le Ouïghourstan est donc en quelque sorte un autre Tibet.

Quoi qu’il en soit Abula et Abulikemu sont désormais étudiants à l’Université de Nice et, à travers leur sourire un peu timide, on peut deviner le destin mal assuré de tout un peuple…

7 commentaires:

Claudio a dit…

Secrétaire Général d'une ONU de Carlone, ça sent le cumul.
J'aime les couleurs, la diversité, les mélanges et les statistiques. Ce billet m'a comblé.

Anonyme a dit…

Cela me rappelle le livre "Dans la peau d'un chinois" de Marc Boulet, qui parlait couramment le chinois et qui s'était fait passer pour un ouïgour justement.... Pas facile déjà à l'époque.

Anonyme a dit…

Pfff j'en ai marre non seulement tu exploses les chronos à la course mais en plus tu es une vraie biblio...es tu de ce monde femme bionique ?

Anonyme a dit…

Déja Juliette Greco chantait "fillette si tu savais ce que t'ouigour".
Excusez ce mauvais jeu de mot qui n'enlève strictement rien au respect que j'ai pour ce peuple et ses souffrances. Mais ceux qui me connaissent savent que je ne résiste jamais à un mauvais jeu de mot.

Anonyme a dit…

Bonjour Monsieur Mottard, nous sommes également 3 mauriciens à suivre vos cours ;)
Merveilleux blog, bonne continuation !

Unknown a dit…

Chers étudiants de Maurice l'erreur est réparée

Tietie007 a dit…

J'espère qu'ils n'étaient pas retourner à Urumqi, vos deux étudiants !