3 septembre 1992
Ce matin, dans l’amphi 84, je surveillais paisiblement mes « LEA-L1 » en train de plancher sur le sujet que je leur avais proposé quelque temps auparavant : « Le droit doit-il être juste ? » quand, par sms, une journaliste amie et ancienne étudiante me demande de réagir sur les ondes de sa radio à la mort de Philippe Seguin.
En réalité, par son message, elle m’apprenait la nouvelle et je fus immédiatement surpris de mesurer à quel point cette disparition m’affectait. Il est vrai que cet adversaire politique était un homme attachant. Attachant et rare.
Comment ne pas se souvenir avec quelle hauteur de vue il avait pris la tête de la coalition des anti-Maastricht ? Européen convaincu, je soutenais bien évidemment à l’époque les positions de François Mitterrand et de Jacques Delors mais n’empêche, j’ai encore à l’esprit l’image de Philippe Seguin tenant tête au Président lors d’un face à face télévisé qui fit honneur à la démocratie et à la République..
Je me souviens encore du ministre, chroniqueur tourmenté de sa propre politique, du Président de l’Assemblée Nationale plein de panache et du Président de la Cour des Comptes qui avait accepté avec humilité de servir l’Etat à l’écart des feux de la rampe.
Malheureusement, son camp ne lui donna jamais vraiment sa chance. Philippe Seguin Premier Ministre ou, mieux encore, Président de la République, voilà qui aurait eu de l’allure… A la réflexion, c’est peut- être ce rendez vous manqué avec l’histoire qui me rend si triste.
11 commentaires:
Encore un qui était trop honnête pour atteindre le plus haut sommet de l'Etat.
Est-ce que le mensonge est donc la principale vertu à acquérir pour devenir président de la République ou Maire de Nice ?...
Elle fait bien son travail cette journaliste...Informer le monde! lol
Patrick tu aurais du mettre le mp3 en ligne...Le direct que tu as fais sur Kiss FM..
bises
Alexandra Borchio
C'était prévu mais, fatalitas! le mp3 sur blogger dépasse mes compétences...
Je trouve que cet hommage généralisé un tantinet exagéré.
Certes cet "homme de Droite" était un peu atypique dans son camp et à titre personnel je le trouvais plutôt sympathique, si je faisais l'effort de ne pas voir à quel point il jouait de son physique et de son manque de finesse pour coller au peuple.
Bref.
Rappelons que, selon moi, s'acoquiner avec Pasqua pour s'opposer à l'Europe même une Europe imparfaite, n'est pas très glorieux.
pour revenir au débat de la Sorbonne, ma mémoire, si elle ne défaile pas trop, me rappelle que son camp n'a pas du tout pensé qu'il avait tenu tête à Mitterrand ce jour-là, mais qu'il s'était plutôt fait roulé dans la farine, qu'il avait été "trop respectueux" de l'homme et de la fonction. Ce qui n'était pas mon avis. mon avis c'était que face à françois Mitterrand, il ne pouvait faire mieux.
j'ai eu les larmes qui m'en sont tombées, ce fut un grand homme d'Etat.
"Malheureusement, son camp ne lui donna jamais vraiment sa chance. Philippe Seguin Premier Ministre ou, mieux encore, Président de la République, voilà qui aurait eu de l’allure… A la réflexion, c’est peut- être ce rendez vous manqué avec l’histoire qui me rend si triste."
je me permets patrick de reprendre cette phrase tellement j'y adhère.
ricciarelli
Je salue tes propos Patrick, humbles et honnêtes dans le respect et l'admiration de la valeur humaine, et j'ajoute qu'avoir un ami, ou de l'admiration dans l'adversité n'est pas un scoop, ni un blasphème, c'est un droit, qu'il soit juste ou non.
Bien entendu je me vois mal aller à la pêche avec M. Pasqua ou M. Le Pen, mais si la vie me le propose, ou si l'opportunité de parler à ces personnes se présente, c'est qu'il y aura une raison, et cette raison il me faudra l'accepter. Personne n'est noir ou blanc en son âme, il n'existe que des nuances.
Il appréciait la Tunisie où il se rendait régulièrement ,j'ai eu l'occasion à deux reprises de le croiser à l 'aéroport Tunis Carthage,toujours souriant et entouré de plusieurs amis,j'ai encore en tête son visage typiquement méditerranéen, il semblait être apprécié par beaucoup de monde.
Les tunisiens diront que son heure à sonné ,c'est le "maktoub",sa destiné...
bonjour,
il ne pouvait pas être un jour président de la république pour 3 défauts majeur:
il était intégre et honnéte.
il était démocrate et républicain.
et il était travailleur.
Je voudrais apporter ma modeste contribution au portrait du grand serviteur de l’Etat qu’était Philippe Seguin.
Nous étions étudiants ensemble à Aix-en-Provence au début des années 60. Il était à l’époque nettement marqué à gauche, président de la Corpo de Lettres dans le cadre de l’UNEF, dans cette période où s’opposaient souvent avec violence ceux qui militaient pour l’indépendance de l’Algérie et les partisans de l’Algérie française. Parmi ces derniers, un jeune troublion, Jean-Charles Marchiani noyautait les milieux de ses adversaires et faisait souvent le coup de poing contre les étudiants de gauche, préfigurant les méthodes du SAC qu’il allait intégrer auprès de Charles Pasqua, avant de devenir libérateur d’otages et Préfet de la République…
Déjà flamboyant dans ses discours et les débats qu’il menait au sein des AG, Philippe Seguin était correspondant à Aix du quotidien socialiste Le Provençal de Gaston Defferre.
Le plus étonnant est donc qu’il se soit rapproché par la suite de Pasqua, « patron » de Marchiani, qui était à Aix son principal adversaire …, et qu’il soit devenu l’un des plus farouches partisans du gaullisme.
Les mystères de la politique !
Ce qui n’enlève rien à ses mérites.
Jean Montoya
Un grand Monsieur en effet !
Du niveau d'un De Gaulle ou d'un Mendes-France.
Et quand Miterrand avait un jour été interrogé, par Benhamou, sur ses éventuels adversaires de droite potentiels, il avait immédiatement cité Seguin: "il est tellement supérieur aux autres".
Avec lui la politique prenait de la hauteur, contrairement à la quasi totalité de notre classe politique de maintenant, vendue aux forces financières, aussi bien à gauche qu'à droite d'ailleurs.
Je suis très triste.
Mais Sarko doit au fond se réjouir de la disparition de ce rebelle de droite, mais qui agissait vraiment comme un type de gauche, qui à la cour des comptes, n'hésitait pas à critiquer vertement et ouvertement les dépenses excessives de l'Elysée.
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