10 février 2010

L’a volé, l’orange…

Kiev, place de l'Indépendance, août 2006

Au départ tout était simple. Un certain Ianoukovitch sponsorisé par Poutine et les oligarques russophones avait triché massivement pour gagner les élections présidentielles. On soupçonnait même son entourage d’avoir tenté d’empoisonner son principal rival Victor Iouchtchenko qui restera d’ailleurs défiguré à vie. Du coup, le peuple était descendu dans la rue pour renvoyer le tricheur dans les poubelles de l’histoire tout en plébiscitant Iouchtchenko comme Président d’une Ukraine qui devait s’ouvrir à la démocratie et à l’Europe.

Il y a quatre étés, nous étions sur la place de L’indépendance de Kiev pour humer le parfum de la Révolution. En réalité, la situation était déjà plus complexe qu’on ne le pensait en France (Cf. « Orange givrée » sur mon blog). Mais de là à imaginer que le 7 février 2010, Ianoukovitch serait élu, sans contestation cette fois, Président, il y avait une marge impossible à franchir.

Bien sûr, Iouchtchenko a fait des erreurs, bien sûr, le camp « orange » s’est divisé et même déchiré, bien sûr, l’Europe n’a peut-être pas fait les gestes nécessaires, bien sûr, il y a la crise… Bien sûr !... Bien sûr !

Mais tout de même, si on veut bien se débarrasser de la langue de bois de l’innocence démocratique, il y a des circonstances où on a bien du mal à se dire que le peuple a toujours raison.

6 commentaires:

cléo a dit…

Peut-être que l’on ne sait pas très bien comment cela chemine et que c’est aussi pour cette raison qu’il y a histoire. Des femmes et des hommes plus ou moins déterminés à se rendre mais libres. Je ne sais pas moi-même comment à la lecture de cet article, je suis passée de cet article à celui passé de l'orange givrée ( là, il y a un lien!)puis de l'orange givrée à l’écharpe orange, de celle-ci au cache-nez puis du peuple n’ayant pas toujours raison à la conviction que c’est quand même de ce côté là que quelque chose se vole. Puis de l’évidence de la possession d’un nez, à cette phrase de Gogol : « Est-ce vous qui avez eu l’honneur de perdre votre nez ? ». Le peuple pourrait donc venir( ou être amené ?) à en manquer…

Clown bureaucrate a dit…

A propos de culture populaire...: Et le Carnaval indépendant, l'âme du Carnaval nissart, s'il lui en reste une.. interdit cette année par notre bon édile au nom de l'ordre public...! Cela ne mérite pas un Billet de soutien ?

Anonyme a dit…

Le "peuple" est une vue de l'esprit d'intellectuel bourgeois culpabilisant de son appartenance sociale et qui regarde ce peuple comme Rousseau se pâmait devant le "bon sauvage" (L'Homme est peut être "né libre", mais il a vite été pris en main par les chamanes qui ont su exploiter ses angoisses et ses besoins) ou comme les imbéciles s'extasient devant les sociétés de fourmis qui sont ce qu'on fait de mieux comme société totalitaire et conditionnée.
Soit le peuple est naturellement "bon" (et on est dans le créationnisme avec un "bon Dieu" justement qui a fait l'homme à son image, et on en arrive à la dictature du prolétariat (avec les résultats que l'on connait), soit le peuple est ce qu'en font les classes dominantes. Être exploité, spolié, aliéné, endoctriné, abêti par la télé ou le sport ne rend pas nécessairement intelligent ou visionnaire, c'est même, logiquement d'ailleurs, tout le contraire.
Mussolini commençait ses discours par "Popolo d'Italia !" qui était d'ailleurs le nom de son journal. Dans le Languedoc-Roussillon, le peuple (y compris les militants du PS qui s'en réclament ou prétendent porter ses espoirs, vont voter Frêche (d'ailleurs issu du peuple lui aussi), la classe moyenne inférieure américaine vote républicain, c'est-à-dire contre ses intérêts de classe, une bonne partie de l'électorat du PC est passée, en son temps, au FN, puis une bonne partie a voté Sarko, et TF 1 reste la chaîne la plus regardée.
Cela ne signifie pas que tous les prolos sont des idiots, loin de là, mais que si "la religion est l'opium du peuple" (ce que le petit facteur trotkyste a oublié avec sa candidate voilée - si c'est ça "le peuple", non merci ! Et dire qu'on va encore trouver des gens (du peuple ?) qui vont voter NPA au nom de la lutte des classes !), le peuple a aussi la "religion de l'opium" dont le prix peut être réduit à celui de la redevance télé ou des abonnements à Canal +.
Pour évoquer Brecht, ce n'est plus la peine de "dissoudre le peuple", il s'est dissout lui-même.
Les citoyens sont devenus des usagers et des consommateurs.
Et qu'on ne me dise pas que mes propos sont méprisants car quand je vois les leaders du PS, l'autre frapadingue de Ségo en tête, prétendre faire du social (avec l'increvable "plus à gauche que moi, tu meures"), utiliser tous les moyens débiles des médias pour camoufler en discours politique ce qui n'est que le masque de leur ambition, et qui n'ont de programme social à offrir au peuple que des usines à gaz d'assistanat dont profitent surtout ceux qui y travaillent, j'affirme que ce sont eux qui méprisent le peuple.
Le peuple, c'est par exemple ce que formaient les hussards noirs de la République et qui s'est fait décimer en 14-18. La "leçon" a porté, il n'a qu'à penser à la période de Vichy ou bien constater la lâche et suicidaire complaisance face à l'islamisme.

Commandant Dromard

Anonyme a dit…

Ah je sais c'est la fille cachée de RAYMOND DEVOS, mais bien cachée alors !

bernard gaignier a dit…

Dommage que cleo n'ait pas fait un détour par cyranno.
Ceci dit moi j'ai toujours éré méfiant avec des "machins" style démocratie participative et referendum populaire

Clotilde a dit…

Comme tu dis c'est une situation bien compliquée. Les ukrainiens sont passés d'une influence (le mot est un peu faible peut-être) russe pour tomber dans une autre plus occidentale (européenne et même, soyons clairs et honnêtes, américaine), ils s'attendaient à des miracles qui n'ont pas eu lieu. Là ils ont choisi de revenir au "maître" qu'ils connaissaient le mieux, c'est somme toute très classique.
Et le fait que l'Europe n'ait pas franchement levé le petit doigt sur l'histoire du gaz n'a pas dû aider non plus....
On peut parler des élections au Chili aussi, si vous voulez finir bien déprimé.