22 janvier 2011

Les pauvres avec les pauvres

Depuis le début du siècle dernier, l’asile de nuit est situé à Nice aux confins de la vieille ville, tout au fond du cours Saleya. Légué par un généreux donateur au Conseil général 06 et géré par le CCAS de la ville de Nice, l’établissement présente l’avantage de se situer dans la zone géographique proche du littoral où se concentre la misère humaine attirée par la douceur du climat et les sirènes de la Baie des Anges. Mais, en pleine zone touristique, un tel établissement faisait tache pour la municipalité et le député de la circonscription Eric Ciotti. Il fut donc décidé de transférer l’établissement dans le quartier Trachel-Vernier, cette partie de la ville zébrée par le chemin de fer et la Voie rapide où se concentrent problèmes de circulation et de cohabitation et des incivilités urbaines en tout genre... Un secteur où, sur quelques centaines de mètres, on retrouve les Restaus du cœur, le Secours populaire, le Secours catholique et l’association d’entraide de notre ami Bernard Neuville. Mais peu importe : les pauvres avec les pauvres et les vaches (touristiques) seront bien gardées.

Avec Dominique, nous n’avons été que deux sur les 52 conseillers généraux que compte notre assemblée départementale à nous opposer à ce transfert lors du vote juridiquement fondateur au Conseil général… sous la présidence d’Eric Ciotti. Lorsqu’il s’agit de se débarrasser de la patate chaude sociale, il y a des unanimités touchantes…

Mais le plus incongru restait à venir.

Vendredi soir, face aux questions de la population réunie par le Comité de quartier Saint Etienne, le responsable de la Mairie (un fonctionnaire, puisque les politiques, à l’exception notable d’Auguste Vérola, s’étaient défilés, préférant entourer le maire à Cernuschi) a répondu qu’en réalité l’installation de l’asile de nuit était le premier acte de la requalification du quartier.

Faut-il pleurer, faut-il en rire ? Comme Jean Ferrat, je n’ai pas le cœur à le dire…

6 commentaires:

laborelli.helyette a dit…

Comment ne pas réagir en lisant ton article!!C est tout simplement honteux...Et oui!! j oubliais Nice de lumières..Les paillettes..Ne dit on pas...Tout ce qui brille n est pas d or..Honteux..

Emmanuel a dit…

Font-ils envie ou bien pitié, je n'ai pas le coeur a le dire... Classes laborieuses, classes dangereuses, personne ne veut des pauvres, cela peut faire fuire les touristes...Heureusement qu'il existe des gens qui n'ont jamais oublié d'où ils venaient (Coluche par exemple). On cache les pauvres et les exclus de peur que cela provoque des interrogations sur notre société vouée au profit et à la réussite individuelle qui passe forcement par la valeur argent. Une société qui ne peut apporter de réponses aux malaises des jeunes, des anciens et des exclus est une société qui est déja entrain de mourir alors souvenons nous des exemples de sociétés anciennes ou sois disante "peu développées" qui accordaient plus d'indulgence à ceux qui n'ont pas la chance de "réussir" dans la vie...
Luttons pour une société plus juste et plus équitable pour tous.

Anonyme a dit…

Effectivement...heureusement que le ridicule ne tue pas...ou comment l'art de nous faire avaler des couleuvres est poussé à un haut niveau de perfection...seule compensation : l'univers n'oublie rien...

Chantal Maimon a dit…

Qui s'assemble, se ressemble, quand je lis ou écoute Cioti et Estrosi, je me dis que j'ai une copie conforme dans ma commune. Mandelieu la Napoule, pas de pauvres, que des résidences secondaires, ça ne coute pas d'argent à la commune et ça en rapporte. On ne vient pas frapper à la porte du CCAS et ceux qui sont aidés sont ceux que l'on peut manipuler pour les faire voter pour son ego.
Quel malheur notre département, j'ai honte.

Clotilde a dit…

Ce ne sont pas des patates chaudes qu'il leur faut, ce sont des tomates très pourries...

cléo a dit…

Après le président des riches et l’ éloge en acte de l’entre-soi, les pauvres avec les pauvres( dans cette logique là…) c’est cohérent.
Il m’est arrivé de faire découvrir Nice à des amies qui ne voulaient pas y mettre les pieds !Et pour cause… elle connaissaient Nice par une certaine histoire et une certaine géographie : l’ « épisode » du « Mont Chauve ».
Rentrer dans la carte postale et ne pas en sortir n’est pas du goût de tout le monde et peut même provoquer un dégoût certain. En leur demandant quelle était la carte postale qu’elles ne voulaient pas voir , j’adaptais « notre » parcours. Précisément, elles ne désiraient pas voir la carte postale…c’est à dire ne voulait pas voir ce qu’on voulait qu’elles voient. Ce qui facilitait ma tâche et me permettait de passer devant et derrière ou derrière et devant les ponchettes dans l’ordre du hasard. Mais enfin, c’était à l’évidence des touristes de mauvaise foi, voir des contre touristes ! Le dégoût était arrivé à ce point que je me souviens que l’une d’elle, éprise de science fiction, a dit : « un bâtiment comme cela et à cet usage juste derrière le cours Saleya, ça va pas faire long feu. »
Ah… voir la mer seulement…seulement la mer ?! C’est chose faite.
Et puisque les espaces sont « clairement » distingués, les directions fléchées, du coup les consciences n’amalgament pas non plus, ne font pas de lien entre certains effets( qui se produisent tout seul ) et des effets reliés à des causes qu’on produit. Plus d’effets… plus de causes ! Magique. En plus, il n’y a pas de trucage.
Les aventuriers, pourront aller voir… de l’autre côté de la gare, ce qu’il en est.
Pis, ce sera… « la Nice exotique » « la Nice insolite » pour les touristes bobo.
Quant aux hommes !