13 avril 2011

Metropolis



Depuis quelques semaines, on polémique à qui mieux mieux sur le thème de la Métropole niçoise que Christian Estrosi veut imposer aux forceps avant un possible retour de la gauche au pouvoir national. Le débat s’inscrit grosso modo autour d’un rapport de force droite-gauche et des ambitions supposées du maire de Nice, même si certains maires comme Antoine Damiani (PS, Carros) ne s’inscrivent pas tout à fait dans ce schéma.

En ce qui me concerne, depuis des années, je fais partie de ceux qui dénoncent l’indigeste millefeuille de la décentralisation à la française que ce soit à la fac ou dans les différentes assemblées dont j’ai été l’élu.

En 1982, j’ai cru comme beaucoup à la naissance d’un nouvel Etat Providence plus transparent et plus démocratique adossé à une décentralisation rationnelle et moderne. Hélas ! Cet espoir a vite été déçu. Avec quelques 36 500 communes, la France compte toujours autant de ces communautés de base que l’ensemble des autres pays européens. Les 101 départements sont toujours des structures intermédiaires – sans équivalent chez nos voisins – qui ont été créées par la Révolution et Napoléon pour dynamiter les Provinces qui menaçaient « la République une et indivisible ». Nées tardivement en 1982, les régions françaises sont atteintes de nanisme géographique, financier et politique. Quant à la gamme d’une demi-douzaine de structures intercommunales, elle traduit, dans la confusion, l’impuissance des pouvoirs publics à imposer à « l’esprit de clocher » des fusions de communes.

Face à ce tableau, il est évident qu’il faut réformer l’ensemble. Du coup, la philosophie qui sous-tend la réforme Sarkozy (communes et communautés de communes élues au SUD d’un côté, départements et régions de l’autre) ne me semble pas à priori illogique. Même s’il peut sembler baroque d’enclencher le processus avec d’abord une réforme électorale…

Par contre, que penser de la Métropole dans tout cela ? Eh bien, tout simplement, qu’elle joue contre la logique même de la réforme. En effet, celle-ci va pouvoir s’approprier une partie des pouvoirs du Département et de la Région, détruisant l’équilibre naissant et les regroupements nécessaires prévus par la réforme. Avec une métropole hypertrophiée et les restes d’un département exsangue, l’attelage maralpin sera bien difficile à conduire.

Du coup, rien ne justifie la naissance de la métropole niçoise. C’est donc pour cette raison, et non par une volonté d’obstruction politicienne, que je m’opposerai au projet de Christian Estrosi.

5 commentaires:

Emmanuel a dit…

Alors qu'il faudrait simplifier et clarifier le découpage territorial de la France, la notion de métropole semble au contraire rendre les choses encore plus compliquées. Pourquoi créer un échelon intermédiaire entre le département et la région alors que cette dernière est appelée à devenir le maillon essentiel dans l'Union européenne ?

cléo a dit…

Mes représentations ne sont pas claires, alors j’ai eu du mal à suivre…Je crois qu’il y avait un autre article du même genre cette année ou l’année dernière, il a dû rester dans les archives !
Ce qui est rassurant : ça se consulte. Métropolis, cependant, c’est le nom d’un film, le métropole, celui d’un cinéma Lillois, une ville qui appartient à la métropole Lille communauté urbaine (L.M.C.U). Un tout début d’association…Mais avec ça ! Les enjeux risquent de m’échapper. Pour parodier mes élèves qui me demandent parfois des clarifications, quand je leur demande aussi de préciser leur question par un : « Qu’est-ce que vous n’avez pas compris excatement ? », la réponse est : « Tout ! » Une variante : « Je n’ai rien compris. »
Manu, s'il te plaît, ne fais pas le malin...

Unknown a dit…

Merci à Arthru de Cranbook USA pour sa fidélité à ce blog et son commentaire élogieux sur le précédent billet...

Emmanuel a dit…

Une métropole de la Bonnette à la Baie des anges, je ne fais pas du tout le malin Cléo! Il s'agit d'un véritable problème de redistribution des compétences entre la région, le département et la future métropole. Pourquoi faire payer le grand stade ou les transports urbains par les gens du haut pays ? Alors, à malin malin et demi.

alaind a dit…

Bonsoir.
Les termes de division pour favoriser le règne apparaissent comme un géant vert dans un champ de roses.
Toute ressemblance avec l'actualité est absolument voulue.
Force est de constater que depuis le temps de sa description dans "La guerre des Gaules" de Jules César, le Gaulois, malgré ses cheminements et fusions, n'a finalement que très peu évolué au sein de ses querelles de clochers. Même Lyon et Saint Etienne se haïssent parfois...