20 avril 2011

Où, quand et qui ?

Non remplacement d’un fonctionnaire sur deux… Cette phrase si souvent répétée par les autorités du régime se veut raisonnable et responsable. En temps de crise, mon pauvre Monsieur ! un peu comme s’il fallait expier les années de supposées goinfreries de l’Etat Providence post-Trente glorieuses à la façon du Maréchal Pétain et de sa « divine surprise » effaçant la débauche sociale du Front Populaire.

A chaque fois que cette petite phrase a été prononcée dans une assemblée où je siégeais, j’ai toujours répondu : où ? quand ? qui ? n’obtenant que des sourires gênés en guise de réponse.

A ceux qui auraient encore quelques complaisances pour ce type de démagogie, je suis prêt à narrer mes trois visites à l’école Saint Barthélemy (5e canton), mes deux visites avec Dominique à l’école des Acacias (7e canton), ma visite à l’école Fuon Cauda (6e canton). Le tout en moins de deux semaines. Il s’agissait, aux côtés des parents, de défendre des postes, des classes, des heures de soutien aux élèves les plus fragiles…

En fait, nous ne faisons qu’essayer de résister sur le terrain aux conséquences dramatiques de la règle du non remplacement. Quand le slogan se heurte au mur des besoins sociaux, il explose ; mais ses éclats n’en finissent pas de faire des ravages.

14 commentaires:

cléo a dit…

Quand j’entends des réponses, j’essaie de remonter aux questions.
« L’infirmière n’est pas là, Madame. Elle n’est presque jamais là. » « Nous ne sommes pas prévenus. Les surveillants ne sont pas au courant. De toute façon, il n’y en a pas assez ! » « Une déléguée de classe :Je dois quitter le conseil de classe avant la fin car j’ai un cours d’éco dans une école privée » « Notre prof de français est très malade et elle n’est pas remplacée » « Je ne prendrais pas le risque de changer d’établissement en demandant ma mutation car… suppression de postes ! Et le dernier arrivé… » « Si on a plus personne l’année prochaine pour faire les photocopies, on peut peut-être envoyer les documents par mails aux élèves qui les imprimeront eux-mêmes ? » Voilà pour les morceaux choisis que l’on aurait aimé choisis.
Où ? Au lycée Massena. Quand ? Malheureusement en continu. Qui ? Tous les concernés.
Mais c’est vrai…, il faut y voir : abondance, opulence, indécence ! Et dans les écoles, les collèges, ce n’est pas la règle ! Mais l’exception…à la française sans doute ?!

Claudio a dit…

Où ? A mon centre sécu où la guichetière me parle comme à un chien. A Pôle Emploi où jamais personne n'a fait quelque chose de positif pour moi ; au contraire c'est moi qui les aidait à retrouver le moral. A la CAF qui ne fait pas son boulot, dit que c'est l'usager qui est fautif et qui est injoignable quand on veut se défendre. Je ne parle même pas de certaines collectivités locales.
Quand ? Immédiatement. Sur le champ. Licenciement immédiat pour les incompétents assurés d'un traitement mensuel et qui prennent un malin plaisir à mépriser les petites gens.
Qui ? Les cossards et les incompétents qu'on remplacerait par ceux qui sont sur la touche et de bonne volonté. Et une motivation individuelle équivaudra bien à deux, voire trois désabusés éteints.

Mais, sans doute ma révolte et ma colère ne sont-elles que le résultat de ma naïveté, victime que je suis de ce "type de démagogie".

Au lieu de défendre des nombres, il me semble qu'on pourrait penser à la dignité des humbles. Et c'est la qualité qui pourra nous la rendre pas la quantité.
Je ne me fais aucune illusion. Mon discours est inaudible. Vous allez le classer illico dans les cases préfabriquées aux frontières bien délimitées.
(Patrick, je n'aurais pas fait ce commentaire si je ne savais pas que tu avais la possibilité de ne pas le publier)

Emmanuel a dit…

A force de fermer des écoles on va finir par réouvrir des prisons. A une époque un certain ministre de l'éducation disait allegrement qu'il fallait dégraisser le mamouth, j'ai peur qu'aujourd'hui on soit entrain de s'attaquer à l'os. Continuons comme cela et c'est toute une génération que l'on va finir par sacrifier sur l'autel des économies. A quelqu'un qui disait que l'éducation coutait chère, un homme connu a répondu : "vous avez essayer l'ignorance ?"

Anonyme a dit…

Ce problème crucial se pose dans toutes les administrations. Fusions de structures théoriquement proches aboutissant à des accouchements de fausses jumelles, mélanges de « cultures administratives » dans des shakers inadaptés, sacrifice de l'humain sur l'autel des ressources humaines, impératifs de travailler mal au lieu de travailler bien, toujours plus vite, travail de masse où on répare les pots cassés avec l'autosatisfaction hiérarchique du devoir accompli en nombre dans la précipitation. Ouf, pour nos grands pontes enfin une statistique à outrance qui ne veut plus rien dire, mais qu'on publiera bien noyée dans un bayou glauque de chiffres en prétendant que tout va très bien Madame le Marquise puisque les objectifs ont été atteints, et que beaucoup avaleront sans comprendre le contenu de potions pas magiques, sans toujours se rendre compte qu'ils boivent la ciguë du service public que les fonctionnaires n'ont plus les moyens d'assumer correctement. Chaque départ en retraite est une aubaine pour nos dirigeants, puisque ceux qui restent ont pour la plupart une conscience professionnelle et continuent d'assumer tant bien que mal, alors qu'on les dénigre dans une pseudo rivalité entre le service public aux de soi-disant « privilégiés », contre salariés privés martyrs, alors que nous sommes tous embarquée dans la même galère destructrice.

alaind a dit…

Pensant un peu comme Claudio, l'agence nationale pour l'emploi a muté en pôle emploi où, si vous n'avez besoin de rien vous pouvez pousser la porte. Mon épouse s'étant déclarée en auto - entreprise, pour simplification, ne comprend rien, et moi non plus à l'Urssaf... et l'Urssaf non plus d'ailleurs car à trois caisses de cotisation, après trois interlocuteurs de l'agence une employée finalement surdouée a trouvé un ... compromis de cotisation. Ubuesque.
Autrefois nous avions des Dirigeants, ils valaient ce qu'ils valaient, maintenant nous avons des ... banquiers, d'où le rassemblement de bien des entités vers les "groupes nationaux". Là ils vous informent que vous n'aurez rien de plus en promotion pour votre travail, inutile de chercher l'avancement. Par contre ils vous enlèveront votre voiture de service, vous donneront un abonnement de métro, et vous proposeront des investissements, des placements d'entreprises.
Ubuesque. Le non remplacement des fonctionnaires est un similaire à la méthode des groupe nationaux, la caisse des dpts est d'ailleurs maîtresse en la matière! Ce qui ne rapporte pas, est coupé, ce sont des méthodes anti-républicaines, élaborées par des gens qui se disent issus de rassemblements pour la république.
Là nous sommes bien entre l'Ubuesque et le Big Brother.

Sylvie a dit…

Je n'ose pas prendre position dans ce débat car je me sens incompétente. Mais je peux témoigner, que, n'ayant pas les moyens de mettre mon fils de 10 ans en école privée, il est à l'école publique et que le niveau scolaire est extrêmement bas surtout au niveau des matières littéraires. Je suis désespérée d'entendre son vocabulaire si pauvre de français et si riche d'argot.
Par contre, j'apprécie les valeurs humaines vécues au quotidien, le respect de l'autre et de ses différences, le "vivre ensemble" qui est très enrichissant pour les enfants comme pour les parents.
A part ça, je ne comprend pas pourquoi un dossier déposé à la CAF, il y a 6 mois n'a jamais eu de réponse... est-il au fond d'une poubelle ou en haut d'une étagère, Dieu seul le sait.
Je ne comprend pas non plus pourquoi quand on demande 3 fois aux impots d'arrêter les prélèvements sur un compte, ils continuent à prélever quand même. Ni pourquoi, quand on change de banque, les services publics sont incapables de comprendre une démarche par internet, quand les organismes privés la prennent en compte en 3 jours.
Enfin, je ne comprend pas pourquoi, quand on va à la Mairie chercher un papier officiel ou faire mettre un tampon, il y au moins 10 guichets qui ne servent à rien, et que la personne qui nous reçoit est systématiquement revêche et désagréable.
Je pourrais encore parler du milieu hospitalier que je connais bien et du gaspillage que j'ai pu constater dans ces services à maintes reprises mais je serais bien trop longue.
Alors y a-t-il trop de fonctionnaires ou est-ce simplement un manque d'organisation et une mauvaise gestion, je n'en sais rien.

Dominique a dit…

Sylvie, la mauvaise humeur et le manque d'efficacité sont plutôt à mettre en liaison avec l'insuffisance des moyens humains dans ces administrations. Et peut-être aussi au fait que ces travailleurs là en ont marre de se faire taper dessus par tout le monde et d'être les boucs émissaires de tout ce qui va mal. Ce sont des cibles tellement faciles...

J'aimerais bien voir ceux qui critiquent aller faire cours dans des classes surchargées de gamins que même leurs parents n'arrivent pas à maîtriser... et pas pendant quelques jours, non, pendant des années, années qui finissent par devenir bien longues et par décourager les plus fortes vocations. Mais ils sont tellement privilégiés avec leurs vacances et leurs horaires, et tellement respectés par la population... Vrai, de quoi se plaignent-ils donc ?

Quant à Claudio, t'es-tu demandé comment on a parlé à la guichetière de la Sécu avant toi ? T'es-tu demandé comment s'est faite la fusion entre l'ANPE et les Assedic au sein de Pôle emploi ? Crois-tu que le fonctionnaire que tu méprises tellement, que tu trouves si incompétent et paresseux, est tant privilégié que ça ? Crois-tu que son revenu mensuel est beaucoup plus élevé que le tien ?

Si ce n'est pas de la démagogie, c'est de l'aliénation...

Anonyme a dit…

Je voudrais juste témoigner dans ce débat.
Étant fonctionnaire je me dois d'intervenir à tous ces propos.
Nous ne sommes pas des incompétents ni des fainéants,nous avons fusionné comme la plupart des administrations,les "têtes pensantes" n'embauchent plus mais comptent sur des gens avec une conscience professionnelle pour nous surcharger, nous devons travailler dans la masse, la rapidité et au final avec des "stats" journaliers qui prouvera notre compétence.
Mais nous n'avons pas les moyens d'assumer notre travail dignement et correctement.
On est sous pression, les gens de l'extérieur qui viennent sont souvent agressifs et en colère,(les mêmes propos que Claudio) alors ils se déchargent sur nous et nous prennent pour des "Punching ball".
Ils se trompent de prise,allez voir nos dirigeants.
La critique est facile de l'extérieur,nous, nous travaillons dans des conditions déplorables,du mieux que nous pouvons et je peux dire qu'il faut avoir une sacrée dose de courage et de patience.
Karine.M

Emmanuel a dit…

Tu as bien raison Dominique et ta réponse me rassure. Il ne faudrait pas que les fonctionnaires deviennent les boucs émissaires de tous les maux de la France. Je suis fier d'être enseignant (et donc fonctionnaire) et de travailler au profit de la nation et de la société plutot qu'à remplir les poches d'un quelconque actionnaire d'une grande transnationale. Et non tous les fonctionnaires ne sont pas incompétents et agressifs.

Anonyme a dit…

Bonjour
Juste une petite remarque.
Beaucoup, pas tous d'accord, de fonctionnaires le sont devenus par concours, ouverts à tous.Souvent, j'ai des exemples autour de moi parce que le privé paye mieux que le public dans des emplois très techniques.De ce fait souvent les gens qui ont fait le choix du privé et que ce choix s'avère moins lucratif que le public en veulent au monde entier, non pardon aux foctionnaires.
Que chacun assume ses libres choix, jusqu'au bout.

Anonyme a dit…

Bonjour
Juste une petite remarque.
Beaucoup, pas tous d'accord, de fonctionnaires, le sont devenus par concours, ouverts à tous. Souvent, j'ai des exemples autour de moi, en fin de scolarité les étudiants choisissent le privé parce qu'il paye mieux que le public dans des emplois très techniques. De ce fait, souvent ces étudiants, devenus adultes, qui ont fait librement le choix du privé pour cette raison en veulent beaucoup aux fonctionnaires si ce choix s'avère moins lucratif qu'espéré.
Que chacun assume ses LIBRES CHOIX, jusqu'au bout.
En modification de mon précédent message incompréhensible, manisfestement de fonctionnaire incompétent.

alaind a dit…

Certains veulent, peu choisissent et beaucoup tentent, personnellement j'ai été "happé" par le domaine privé du bâtiment, par hasard, car je ne savais pas vraiment ce que j'allais bien pouvoir réaliser professionnellement.

La question au centre est dans l'éducation des enfants et des jeunes, et pas dans la qualité de qui va tamponner l'attestation ou enregistrer la demande.

Mais à y réfléchir, quel "pouvoir" aurait envie de piloter un monde de gens cultivés et éduqués? Comment une société telle que la notre, avec comme moteur le rendement, la croissance, serait à même de tenir debout avec des éléments largement et idéalement instruits?

Je pense que le monde est à réinventer, à révolutionner pour que ce que chacun a d'idéal éclose.

Ce que nous avons ici est un apparat de démocratie, manipulés nous sommes. Le pouvoir en a bien conscience et nous joue un jeu de poker menteur.

Que faire? Comme nos ainés: Résister et exprimer un idéal, contre vents et marées.

bernard gaignier a dit…

J'ai toujours pensé que le service public devait être le meilleur et au moindre cout.
Je n'ai absolument rien contre le fait de supprimer des postes de fonctionnaire lorsqu'ils ne sont pas nécessaires et notamment lorsque l'informatique et de meilleures organisations permettent de faire des gains de productivité.
Par contre cette suppression d'un fonctionnaire sur 2 prise ainsi, comme à priori et sans réfléchir à une réorganisation est une aberration.
On a parlé ci dessus et avec juste raison des enseignants .. du public; car le privé sous contrat bien que payé par l'état ne subit pas les mêmes contraintes.
On pourrait parler de sécurité, avec la suppression de 30000 postes de policiers, la suppression de nombreuses brigades de gendarmerie...
On pourrait parler de la RGPP (réformes de politiques publiques)qui a mené à la fusion de nombreuses administrations qui n'avaient rien à voir: les directions départementales du travail, des services vétérinaires de la direction de la concurrence et des fraudes... ont fusionné et donné cours à des monstres avec plus aucun repère pour les gens qui y travaillent.
le ministère des finances a connu une réorganisation beaucoup plus "concertée"...mais parce que les syndicats sont plus puissants.Mais à l'intérieur de ce ministère la suppression des agents crée souvent d'énormes problèmes et notamment de réception.
Les agents sont souvent rendus responsables de textes incompréhensibles mais votés par le parlement. Un petit exemple: la taxe professionnelle supprimée a été remplacée par 4 taxes! et il a fallu organiser ça en quelques mois!
Un autre exemple: le gouvernement a supprimé la demi part supplémentaire qui profitait essentiellement aux veuves, mais bien sur sans communiquer; de nombreuses personnes qui sont devenues ainsi imposables n'ont pas manqué de traiter les agents d'incompétent.
Pole emploi: on a fusionné à la hussarde 2 services, un public et un privé avec 2 métiers: l'ANPE (fonctionnaires) chargés de "gérer" les chômeurs et l'assedic (privé) chargé de les indemniser, et tout ça sans formation... et en supprimant des postes alors que le nombre de chômeurs augmente.
Comment voulez vous avoir un service efficace.
Bien sur tout n'est pas parfait mais je ne supporte pas la démagogie "claudiogène".
il est facile de trouver des boucs émissaires.
Dire que tous les fonctionnaires sont nuls fainéants ... c'est aussi con que de dire que tous les chômeurs sont des parasites.
Certes tout n'est pas parfait. Et même si dans beaucoup d'administrations il y a encore à faire, beaucoup de progrès ont été réalisé.
Au fait avez vous déjà essayé de changer d'opérateur de téléphone d'internet, ou d'assurances. Lorsque vous avez un problème..avec ces organismes... bonjour les plate forme d'accueil basées au Sénégal!
Autre précision: Les agents de l'URSSAF ne sont pas fonctionnaires!(statut de droit privé).
Il faudrait aussi faire la distinction entre la fonction publique nationale dont les effectifs diminuent de façon drastique et la fonction publique territoriale dont les effectifs continuent d'augmenter. Vaste sujet....

Claudio a dit…

Tu m'as mal lu Bernard. Aucune démagogie. Et aucune généralisation. Seulement le parcours vécu et subi par quelqu'un d'en bas.
Pour le reste j'ai déjà répondu dans un commentaire, visiblement, non-validé.