18 septembre 2011

Rendez-nous le Prieuré du Vieux Logis



Bien sûr, ce n’est pas l’Hermitage. Ce n’est qu’un petit musée, un petit musée de province sans bornes interactives. Lové au cœur du 5e canton, il s’appelle le Prieuré du Vieux Logis. Malheureusement, depuis quelques années, il est presque toujours fermé.

Pour la journée du Patrimoine, la Mairie, propriétaire des lieux, a daigné entrouvrir la porte du Prieuré en organisant une série de visites guidées (instantanément « bookées ») sous la houlette du passionné Philippe Frey du Palais Lascaris.

Dans les années 1930, un dominicain, le père Alfred Lemerre, a remodelé de son propre chef une villa niçoise du quartier Saint-Barthélemy pour en faire la reconstitution d’un prieuré, en accumulant mobilier, objets usuels et collection d’arts religieux. Le résultat est à la fois étonnant et émouvant.

On plonge avec bonheur dans cette modeste faille temporelle où l’on peut zigzaguer du 14e au 17e siècle. Les pièces de la villa sont exiguës, mais recèlent bien des trésors : une collection de meubles du gothique flamboyant, une Pietà franc-comtoise, une cuisine Henri II, un lutrin Phoenix, une vierge flamande tout en chevelure, d’improbables sirènes dénudées d’origine vénitienne, sans oublier, sculpté dans le bois de l’autel de la petite chapelle, le patron, le boss, Saint Barthélemy lui-même. La lumière de cet été qui n’en finit pas pénètre à travers les petites fenêtres, réveille les pièces endormies et donne à l’ensemble un air presque joyeux.

Alors, pourquoi priver les Niçois et les visiteurs de cette promenade inattendue sortie de l’imagination du père Lemerre ? A un moment où l’association Colline Saint-Barthélemy Le Prieuré multiplie les animations dans le jardin qui a désormais retrouvé sa roseraie, il serait logique d’ouvrir plus largement la villa-musée. Elle coûterait trois francs (euros) six sous à la municipalité à qui il arrive de dépenser parfois moins judicieusement les deniers publics.

Rendez-nous le Prieuré du Vieux Logis !

3 commentaires:

Emmanuel a dit…

Nouvel arrivant dans le quartier je commence à devenir un habitué de cette très sympathique association de Saint Barhélémy. Quel dommage que les objets de cet hétéroclite musée ne soient pas vus par davantage de monde. Un coin de culture si loin du Nice pour touristes.
L'aasociation proposait un parcours autour du Prieuré avec des énigmes à résoudre sur l'égise, le cimetière (où malgré de laborieuses recherches nous avons été incapables de trouver la tombe de madame Maupassant mère) et la villa Arson. Une très belle journée ponctuée par une victoire nette et précise du gym.

Le Mouton Enragé a dit…

Bien sûr qu'il y a de quoi enrager! Le lieu est si bien cadenassé que, loin d'être moi-même une nouveauté du quartier, je n'ai toujours pas réussi à y passer le nez.
Cette opiniâtre résistance a bien de quoi surprendre, compte tenu de la vocation de l'endroit.
Ces musées de taille modeste, souvent un peu excentrés et authentiques à vous plonger dans leur monde comme on sauterait dans un tableau, ils existent pourtant ailleurs... toujours ouverts au curieux de passage.
Sans doute à leur manière, et parfois au prix de quelques recherches: j'ai pêle-mêle récupéré le précieux sésame dans la guitoune du gardien, au comptoir du bar-d'en-face, à la fenêtre d'une voisine, voire sous une simple pierre. Si incongrues qu'aient pu être les caches qu'on m'indiquait, c'était toujours avec le plaisir manifeste d'accueillir un nouveau visiteur.
Mais c'était sous d'autres cieux, dont le patrimoine était le désir d'être aimés pour eux-mêmes...

Anonyme a dit…

Merci pour cette visite guidée si joliment racontée et si réaliste dont la lecture laisse presque comme un arrière-goût de vécu et surtout comme un avant-goût de découverte.
On se sent déjà dans l'atmosphère des lieux, et il est effectivement bien dommage qu'à deux pas des vestiges de la Via Aurélia et de la Villa Arson on ne puisse s'arrêter au Prieuré.
Voici déjà bientôt un an que l'ange niçois n'est plus à son poste, et que les prières en ces lieux ont parfois pris des allures de pirouette, alors pourquoi ne pas croire au miracle d'un conte qui pour une fois se finirait bien et nous ouvrirait les portes du Prieuré ?