24 novembre 2011

Les phrases que j’ai aimé dire…



De 1995 à 2008, j’ai eu le bonheur de célébrer plus de cent cinquante mariages en mairie de Nice. Autant de mariages, autant de discours pour lesquels il m’est arrivé de citer quelques auteurs lorsque l’ambiance ou l’histoire familiale s’y prêtait.

Voilà quelques-unes de celles que j’ai préférées. A vous de deviner les raisons pour lesquelles précisément je les avais choisies. Répondre à la question revient en fait à découvrir la personnalité des mariés à qui la citation était adressée.

« Dans la vie, l’instant qui prend couleur d’éternité nous enivre mais cela est sans valeur au prix de l’éternité revêtant l’aspect d’un instant. » Yukio Mishima, Le Pavillon d’or.

« Je suis arrivé à un âge où il faut prendre parti, décider une fois pour toutes qui on veut aimer et qui on veut dédaigner, se tenir à ceux qu’on aime et, pour réparer le temps qu’on a gâché avec les autres, ne plus les quitter jusqu’à la mort. » Marcel Proust, A la recherche du temps perdu.

« Rien n’est pire que l’impérialisme d’une mémoire commune, si ce n’est le chantage des mémoires éclatées. » Gérard Slama.

« Le prêtre du Dieu des choses comme elles sont perd du terrain par rapport au prêtre des choses telles qu’elles devraient être. » Rudyard Kipling.

« Le soleil n’est jamais aussi beau que le jour où l’on se met en route. » Jean Giono.

« Lui faisait-on remarquer qu’il était originaire d’Emilie, il répondait qu’on appartenait au pays qu’on habitait. Il ajoutait que depuis les Vedianti, première peuplade occupant la région, Grecs, Phocéens, Romains, Barbares, Wisigoths du bas Danube, Ostrogoths de Ravenne, Francs, Saxons, Lombards avaient fait souche à Nice.
On avait même fait appel à des Génois pour repeupler les environs quand les populations furent décimées par la peste. Ce brassage l’autorisait à se considérer Niçois comme s’il l’était de longue date et, patriote rétrospectif, à s’insurger contre les attaques dont les habitants furent victimes. « Aucune région du monde, affirmait-il, n’a eu à subir autant de guerres, parce qu’aucune région du monde n’est plus belle et que tous l’ont convoitée. » Sa bonne foi ne faisait aucun doute. Louis Nucéra, L’avenue des Diables-Bleus.

18 commentaires:

Emmanuel a dit…

J'ai l'honneur de
Ne pas te de-
Mander ta main,
Ne gravons pas
Nos noms au bas
D'un parchemin.
Georges Brassens, La non-demande en mariage, 1966.

helyette a dit…

Je présume que nous avons droit qu'a une seule réponse par phrase?
Si cela est le cas,c est bien dommage.
Tes citations inspirent la réflexion,l'imagination,et,forcement plusieurs personnalités se profilent a l' horizon...

Cléo a dit…

«A chaque fois que ma main a pris la sienne par la suite, il y eût cette émotion première, jamais perdue ou atténuée. Comme si elle devait se ranger là, avec évidence. Je crois même pouvoir dire qu’il n’a jamais pris ma main, et que la mienne n’a pas davantage pris la sienne. Mais on entend: « se prendre la main », «se prendre par la main » ou «même demander sa main ». Rien de tout cela, de ce que l’on formule. Quand nos mains se donnent l’une à l’autre, si elles s’appellent, elles s’appellent comme le jaune appelle le violet, le vert le pourpre. »

Anonyme a dit…

Elles sont belles ces phrases... Ils ont eu de la chance ces amoureux d'être mariés par Patrick Mottard !
La première : ? je sèche (elle me fait un peu peur)
La seconde : peut-être un couple "âgé"
La 3 : je sèche
La 4 : idem
La 5 : Magnifique, pour tous !
La 6 : ? ou peut-être un couple de niçois "adoptifs"...
On pourrait avoir les réponses, ça serait vraiment cool... Merci Patrick :)
Notre curiosité se tient en haleine !

Antoine a dit…

J'imagine que la citation de Proust était à destination d'un couple âgé, et celle de Nucera pour un mariage mixte.
Hélas, ma bien-aimée préfère la citation de Brassens qu'Emmanuel nous rappelle ! Quelle citation aurais-tu choisi pour elle et moi ?

Unknown a dit…

Bingo Antoine pour les deux réponses...pour ta belle peut être un extrait de poème de René Char:
Impose ta chance
Sers ton bonheur
Et va vers ton risque...

Unknown a dit…

Cendrillon ok pour la 2,pour la 6 à moitié juste(voir Antoine),pour la 5 vous avez raison je le pense aussi! bon encore la 1,la 3 et la 4

Unknown a dit…

Pour la 5 j'ajoute que madame Nucera était une des témoins...

henri COTTALORDA a dit…

Tu aurais pu permettre aux mariés de réfléchir une dernière fois en leur citant ce passage de « La recherche » de Marcel PROUST.

« Au commencement d’un amour comme à sa fin , nous ne sommes pas exclusivement attachés à l’objet de cet amour, mais plutôt le désir d’aimer dont il va procéder ( et plus tard le souvenir qu’il laisse) erre voluptueusement dans une zone de charmes interchangeables – charmes parfois simplement de nature, de gourmandise, d’habitation- assez harmoniques entre eux pour qu’il ne se sente , auprès d’aucun, dépaysé. »

Marcel PROUST

cléo a dit…

Petite idée pour la cinq... La mariée était elle, non pas en noir, mais rayonnante comme une actrice?
Par contre,pour l'association Proust couple âgé, je ne suis pas du tout du tout d'accord... Faut pas déconner! C'estla seule en laquelle je me reconnais et je n'ai que... mon âge!

Anonyme a dit…

Comme ces phrases sont belles. Deviner les raisons pour lesquelles elles ont été choisies est un exercice difficile mais ô combien passionnant. Tenter d'entrevoir la face cachée des êtres à travers les mots peut être une façon de lever le mystère un peu comme on élucide une énigme... celle de la vie... au risque de se fourvoyer... ainsi va la vie.
1/ Concept de l'instant et de l'éternité... pour des gens un peu trop enthousiastes peut-être, pour temporiser un peu en leur faisant prendre pleinement conscience de la portée de leur engagement.
2/ Pour des mariés plus tout jeunes mais pleins d'amour vrai. Un mariage qui n'était pas une simple régularisation d'années communes.
3/ Peut-être que l'un des mariés semblait avoir trop d'ascendant sur l'autre, un peu trop dominant ... un courant de pensée trop commun pour laisser à l'autre marié son libre arbitre.
4/ Prêtre du Dieu des choses comme elles sont, ce n'est pas vraiment très romantique pour un mariage, alors je dirais peut-être un ressenti d'un engagement sans réelle conviction... ou au contraire une situation difficile où l'un des mariés est malade ou handicapé mais malgré tout heureux de vivre l'instant comme une chose "telle qu'elle devrait être" si le contexte s'y prêtait mieux.
5/ La phrase de Giono est pour moi la plus belle car elle peut se décliner dans bien d'autres contextes que le mariage. On peut se mettre en route de multiples façons, encore faut il ne pas faire fausse route et trouver son itinéraire.
6/ Pour des mariés étrangers à Nice ou d'origine étrangère qui avaient la foi en leur nouvelle identité niçoise pour les rassurer sur leur appartenance d'adoption.

Anonyme a dit…

Je tente :
La 1 : pour un couple qui a fait des sacrifices pour se marier ?
La 3 : pour expliquer que l'entourage ou le passé des mariés était "contre" cette union ?
La 4 : clin d'oeil pour un couple insolite, inattendu, avec une particularité ?

Unknown a dit…

Pour compléter la première phrase a été prononcée devant une mariée japonaise et 50 japonais fraichement arrivés de Kyoto,celle de Slama devant une mariée stigmatisée par une famille musulmane intégriste pour cause de mariage mixte,celle de Kipling devant une famille très impliquée dans le combat pour la laicité...

Unknown a dit…

bravo Cendrillon pour 3 et 4,bravo à l'anonyme pour l'ensemble de son oeuvre...

Anonyme a dit…

Et la 5 ? Pour qui ? Suspens...

Anonyme a dit…

Merci...
La 5 très difficile à deviner, on pourrait avoir la réponse please :)
Suspens...

Unknown a dit…

Cendrillon en fait le 5 c'était pour tout le monde...c'est même la phrase que je prononce au début de chaque campagne électorale !

Anonyme a dit…

Ah c'est malin ! Est-ce à dire que chaque début de campagne est une marche nuptiale vers les électeurs ? Certes c'est une conquête permanente, mais deviner la personnalité des mariés prend alors une tout autre dimension ! Bon, on a fait fausse route et tricher n'est pas jouer, mais l'élu auteur de ce jeu littéraire sera pardonné car il a suscité bien agréablement un lever de soleil dans notre imagination avec ces belles phrases...