Place 1992, à Maastricht
Profiter du week-end du 11 novembre pour passer quelques jours dans le cœur historique de la CEE en ces temps d’Europe incertaine et d’euro flageolant peut passer pour une incongruité, j’en conviens…
A elle seule, la première étape était presque une provocation. Il s’agissait de Maastricht, en Hollande, la ville qui a donné son nom à un traité honni par les Eurosceptiques de tout poil. Aucun complexe en ce qui me concerne car j’ai toujours considéré que cet accord bancal, mal foutu et bourré de contradictions était quand même l’acte fondateur d’une Europe politique, justement celle qui nous manque tant aujourd’hui. En clair, si l’Europe est malade ce n’est pas à cause de Maastricht, mais d’un manque de Maastricht.
C’est donc avec bonne conscience et un brin d’esprit militant que nous avons fait le pèlerinage du Gouvernement régional du Limbourg où les accords ont été signés et arpenté la grande place de « 1992 » curieusement recouverte de dalles sur lesquelles est parfois représenté un... €.
Pour le reste, cette ville est vraiment celle des étudiants. C’est un bonheur de voir jour et nuit cette jeunesse sillonner la ville à toute allure sur des bicyclettes d’un autre âge ou, plus ponctuellement, se déguiser joyeusement pour la présentation du carnaval de la ville (voir les photos sur le blog de Dominique). Du coup, en se promenant du Vrijtohf à Market, les deux places emblématiques de la ville, on en oublierait presque que c’est au cours du siège de Maastricht, en 1673, que notre D’Artagnan national fut occis.
Liège, la deuxième étape, est une ville urbanistiquement chahutée, probablement à la suite des destructions des dernières guerres mondiales (qui furent au départ, ne l’oublions pas, des guerres européennes) et de son passé industriel déclinant. L’immigration est très visible dans la cité wallonne, lui donnant ce climat international qui est désormais, de Barcelone à Stockholm, la marque des grandes villes du continent. Mais, comme une des plus belles églises s’appelle Saint-Barthélemy et qu’on peut aussi trouver un temple antoiniste semblable à celui de la rue de l’Assomption, le conseiller général a pu respirer dans la ville comme un air de 5e canton…
Aix-la-Chapelle, en Allemagne, était la troisième étape. C’est de toute éternité la ville de Charlemagne, peut-être le premier grand Européen… Apercevoir, même furtivement, son trône et la châsse où il repose depuis de si longs siècles dans le cadre de la chapelle palatine est donc forcément émouvant, très émouvant.
Quant à la ville d’arrivée qui sera aussi celle du départ – Bruxelles – chacun sait qu’elle est la véritable capitale de toutes les institutions qui, de la CEE à l’UE, ont incarné le continent.
Pays-Bas, Belgique, Allemagne. Quel que soit le contenu de cette Europe à géométrie variable ou à cercles concentriques qu’on nous promet, ces trois pays feront partie, n’en doutons pas, du noyau central. Cette petite escapade au cœur de l’Europe n’est donc pas près de perdre son actualité…
5 commentaires:
"C’est de toute éternité la ville de Charlemagne, peut-être le premier grand Européen…"
Heu... Et Rome? Rome a tout de même maintenu unie toute l'Europe cis-danubienne d'Auguste aux invasions hunniques de la fin du quatrième siècle. 400 ans d'unité, quand même, à comparer au petit siècle de domination carolingienne.
Un voyage au coeur de l'Europe à un moment où l'Europe semble perdre son âme, ce n'est pas banal en effet.
J'ai bien peur que la phrase de François Mitterrand "la France est notre patrie et l'Europe notre avenir" soit de moins en moins d'actualité.
Espérons que ton petit voyage soit précurseur d'un sursaut qui nous redonne foi en cette espérance...
"Il y a toujours un peu partout
Des feux illuminant la terre çà va
Les hommes s'amusent comme des fous
Aux dangereux jeux de la guerre çà va
...
Rien ne se vend mais tout s'achète
L'honneur et même la sainteté çà va
Les états se muent en cachette
En anonymes sociétés ça va
Les grands s'arrachent les dollars
Venus du pays des enfants
L’Europe répète l'Avare
Dans un décor de mil neuf cent
Ça fait des morts d'inanition
Et l'inanition des nations çà va
..."
Le Diable (ça va) de Jacques Brel, environ au milieu du siècle dernier (édité en 1964).
Beau voyage, beau récit, jolies photos, merci, mais…
Aujourd’hui l’Europe, ressemble à un camembert âcre, fondu sur une choucroute trop salée, servie sur une moussaka cramée, avec des spaghettis trop cuits, arrosée de jus de paella surgelée, parsemée de grains de pavots moisis…
Un désastre…
Bon Appétit quand même:/
@.@
Ce n'est pas l'Europe qui est âcre, fondue, crâmée et moisie: ce sont les états-nations européens: tous trop petits pour être souverains, presque tous (à l'exception du trio infernal France-Allemagne-Royaume-Unis) trop petits pour faire semblant d'être souverains, et tous dirigés par une génération de baby-boomers sont conscients depuis des années de l'obsolescence du modèle du petit-état nation qui pèse 1% ou moins de la population mondiale mais qui -à quelques rares exceptions près- n'ont rien dit et n'ont pas osé proclamer la République Européenne parce qu'ils avaient décidé que la plèbe était trop conne pour comprendre las situation.
Et pendant ce temps là, les tartuffes du souverainsime qui ont parasité le système pendant des décennies se frottent les mains en espèrent qu'un effondrement de l'Union leur permette enfin de devenir les principules qu'ils ont toujours rêvé d'être: si désastre il y a, il se trouve dans la manière dont on a tous fait semblant de croire que le jésuitisme des europhobes tenait de l'idéal sincère
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