20 mai 2012

Thomas et Michael : noir c’est noir !


Amour, de Michael Haneke

Dimanche difficile pour les pauvres festivaliers : un orage d’anthologie en fin de journée et deux films magnifiques mais terriblement éprouvants…

La chasse, Thomas Vinterberg (Danemark)

Après un divorce difficile, Lucas, la quarantaine, reconstruit sa vie et une famille quand une petite fille de l’école où il travaille l’accuse d’attouchements. La nouvelle va plonger la petite ville dont la population est principalement composée de chasseurs un peu beaufs dans une sorte d’hystérie collective. Thomas Vinterberg nous fait, avec La chasse, une sorte de Festen à l’envers ? Dans ce film, qui le fit connaître à Cannes en 1998, on découvrait qu’un honnête père de famille était en fait un pédophile. Dans La chasse, c’est à priori un innocent qui est accusé. c’est que le pédophile est devenu une sorte de croquemitaine de nos sociétés contemporaines. Des sociétés qui veulent à tout prix occulter le fait que la pédophilie est la plupart du temps une affaire familiale.

L’histoire de Lucas, filmée avec sobriété, est édifiante puisque sur les simples allégations d’une enfant instrumentalisée par les adultes, un homme est humilié, exclu, banni de sa communauté. Pour ces chasseurs de chevreuils, il est devenu une sorte de gibier que l’on traque en toute bonne conscience. Le choc provoqué par le film est d’autant plus fort que l’actualité récente a montré que le Danemark n’a pas le monopole de ce genre de safari.

Amour, Michael Haneke (Autriche)

Georges et Anne sont des professeurs à la retraite octogénaires. Un jour, Anne et victime d’une attaque et ce sera le début de la fin. Alors que la maladie évolue rapidement, Georges va entièrement prendre en charge cette femme à laquelle le lie, on le devine, une tendre complicité. Cette agonie, ponctuée de scènes où la dignité de cette encore belle femme est mise à mal, est particulièrement difficile à suivre pour un spectateur réduit au rôle de voyeur. Seule la sollicitude un peu hébétée de Georges (superbe interprétation de Jean-Louis Trintignant) permet d’adoucir la dureté de l’épreuve. Le fait qu’Anne soit jouée par Emmanuelle Riva, la belle amoureuse d’Hiroshima mon amour, rend cette descente aux enfers encore plus poignante.

On ne sait pas, au final, si pour Haneke l’amour est plus fort que la mort. Ce que l’on sait, par contre, c’est que l’amour peut accompagner jusqu’à la mort.


7 commentaires:

Emmanuel a dit…

Cannes sous la pluie, dommage pas de starlettes sur la plage...

Anonyme a dit…

A quand la photo en jeans ?

F.D.

Richard a dit…

Amour : film terrible.
Je préfère y voir le naufrage de la maladie plutôt que celui de la vieillesse. De la maladie on peut s'en relever...avec beaucoup d'amour... En tout cas il y a du prix d'interprétation dans l'air...
Merci pour ce week-end.

Marianne ClaireObscure a dit…

Marianne Claireobscure Justesse, pudeur, émotion, de bien belles critiques :

Dominique a dit…

Deux très beaux films traités avec une grande sobriété, loin du mélo. Un vrai coup de coeur pour "Amour".

cléo a dit…

L'amour jusqu'au bout, sobre et sans mélo, je signe.
L'image, c'était quelle comédie musicale?

bernard gaignier a dit…

Patrick, c'est trop dur de souffrir comme ça!
Restes chez toi surtout que je crois que tu as des copies à corriger!!