26 mai 2012

Vingt secondes dans la brume


Sergei Loznitsa, après la projection de "Dans la brume" (photo DBM)

Avant-dernière ligne droite à Cannes avec trois films d’horizon et de style très différents.

The Paperboy, Lee Daniels (USA)

En 1969, deux journalistes vont essayer en Floride de refaire l’enquête sur l’assassinat d’un shérif qui a envoyé Hillary Van Wetter, un chasseur d’alligators dans le couloir de la mort. Ils sont accompagnés et encouragés par Charlotte, une bimbo-cougar qui qui entretient une correspondance avec Hillary et veut l’épouser.

The Paperboy, c’est un peu Cold case dans le bayou, une histoire qui démontre que la poursuite de la vérité peut être source de bien des maux… Mais surtout, Charlotte, incroyablement fringuée et fardée, c’est Nicole Kidman, et Nicole Kidman, comme chacun sait s’il lit ce blog… j’aime ! (Voir « I am married », billet du 24 juillet 2010).

Cosmopolis, David Cronenberg (Canada)

Dans un New York en ébullition, le capitalisme et l’économie financière sont en crise (finale ?). Eric Packer, golden boy à l’air buté, traverse la ville dans son immense limousine blanche pour aller... chez le coiffeur ! En route, il rencontre de nombreux témoins de la crise et il sera même victime d’un attentat pâtissier.

L’idée du parcours initiatique en limousine est bonne (encore que ce soit à peut près la même que celle de Leos Carax), la mise en scène, pourtant limitée par un scénario très théâtral, est plutôt imaginative, et les dialogues sont affûtés. Mais l’ensemble traîne en longueur et ce film extrêmement bavard donne parfois l’impression d’enfoncer des portes ouvertes.

Dans la brume, Sergei Loznitsa (Ukraine)

En 1942, dans la campagne et la forêt biélorusses, Souchenia, un homme simple (certains évoquent « L’idiot » de Dostoïevski), est accusé à tort d’avoir dénoncé des camarades qui ont saboté un train. Ceux-ci sont pendus et Souchenia est à son tour condamné à mort par la Résistance.

Très beau film, lent et classique, qui revient à l’affirmation sartrienne évoquée ici même (voir « Sartre, la liberté et Un village français », 19 avril 2012) de la liberté sous l’Occupation allemande, en fait la liberté du choix moral.

Mais ce film restera dans ma mémoire et dans celle des spectateurs qui ont chaleureusement applaudi Loznitsa et les acteurs à l’issue de la projection comme étant celui qui aura peut-être donné les dernières vingt secondes les plus minimalistes et les plus bouleversantes de l’histoire du cinéma.


2 commentaires:

cléo a dit…

Pour accompagner Serguei et ne pas oublier Sartre, voici une perle sibérienne : " Demain, ce régime vermoulu s'écroule, nous nous retrouvons dans le paradis capitaliste et sur ces gradins montent des millionnaires, des stars du cinéma, des politiciens bronzés...et dans l'enclos des intellectuels, jean-paul Sartre, par exemple. Non, il vient de mourir, enfin on trouvera quelqu'un. Et, vous savez ce qu'il y a de plus cocasse? C'est que la foule défilera comme si de rien n'était. Car peu lui importe de savoir qui remplit les tribunes, l'essentiel est qu'elle soient remplies.(...)Oui, au lieu de la statue de Lénine , il faudrait imaginer un play-boy en smoKing."
Le livre des brèves amours éternelles,MaKine.

Emmanuel a dit…

Un post par jour, c'est un rythme d'enfer, je ne sais pas comment tu fais Patrick.
Mon dernier message étant passé à la trappe je reviens avec celui ci pour dire que l'image du festival donnée dans les média est parfois fatigante de bons sentiments et d'expositions de gens qui n'ont pas grand chose à dire.
J'espère que la seule vision des films ne te procure pas trop ce sentiment.
C'est dommage, on aurait aimé entendre davantage le président du jury ou d'autres personnalités qui nous auraient conforté dans l'idée que le cinéma est bien autre chose qu'une simple distraction.
Yes we Cannes et on attend quand même, sans un enthousiasme démeusuré, le palmares de cette année où l'on aura toujours pas vu Térence Malick à la télévision.
C'est à se demander si il existe vraiment celui là. Je plaisante !
Allez courage Patrick, c'est bientot la quille !