02 juin 2007

Dommages collatéraux

La collision entre un chantier du tramway mal préparé, mal dirigé,mal entretenu et le mépris absolu de la majorité municipale pour l’humain a provoqué de nombreux dommages collatéraux notamment chez nos concitoyens commerçants. Comme élu municipal, j’ai souvent été confronté à cette détresse. Avec Jean-François Knecht, nous avons fait de notre mieux pour atténuer les conséquences de l’inconséquence. Sur un plan général nous avons contribué à une redéfinition des critères d’indemnisation, il y a quelques mois, et nous avons personnellement suivi un certain nombre de dossiers individuels. Et pourtant…

- Monsieur G avait un commerce de vente de journaux sur Borriglione, une entreprise plutôt prospère grâce à son sens du contact humain et de la communication. Hélas ! un accident de chantier (du tramway) l’oblige à quitter les lieux pour des raisons de sécurité. Indemnisations tardives, propositions de remplacements dérisoires, Monsieur G dégringole financièrement et se cloître chez lui de nombreux mois (les voisins inquiets appelleront d’ailleurs plusieurs fois les pompiers). Actuellement, il est sur le point d’être expulsé de son appartement et vit de petits boulots chez ses ex-collègues commerçants du quartier.

- Monsieur C était l’heureux propriétaire d’une boulangerie proche de la place de la Libé. Le chantier provoque une perte de clientèle mais surtout un dégât des eaux conduisant à une fermeture de plusieurs mois. Là aussi, la descente aux enfers est inexorable : licenciements de quatre personnes, perte d’une grande partie de la clientèle et les inévitables conséquences sur la vie personnelle et familiale qui accompagnent souvent les désastres professionnels. Après une sévère dépression, il essaye courageusement de repartir quasiment à zéro.

- Monsieur M a un tabac-presse sur Gorbella. Jeune et dynamique, il est très apprécié par ses clients (en particulier les plus âgés à qui il rend de multiples services). Hélas ! le chantier réduit ses efforts à néant car son commerce est presque inaccessible depuis de longs mois. Ne pouvant plus honorer ses emprunts à cause d’une indemnisation tardive, il ne peut plus renouveler ses stocks d’où, là aussi, dépression personnelle et ruine économique.

- Monsieur A a un commerce de souvenirs touristiques à la lisière du Vieux-Nice, côté Jean Jaurès. A nouveau le même scénario : le chantier éloigne une clientèle spécialement volatile, indemnisations insuffisantes et tardives, impossibilité de renouveler les stocks, et la faillite comme horizon. Je n’oublierai jamais les sanglots de cet homme de cinquante ans m’expliquant sa situation.

- Monsieur T a une petite entreprise de travaux à domicile sur Borriglione : mêmes causes, mêmes effets, et un soir, cette scène lugubre. Comme il avait entamé une grève de la faim, j’étais passé lui rendre visite afin de tenter de le dissuader de poursuivre cette action. D’un geste, il me demanda d’aller voir dans la pièce d’à côté, et je me suis trouvé face à un petit tabouret surmonté d’une corde qui pendait au plafond… Le pire fut évité, mais que dire d’une telle désespérance ?

Le chantier terminé, la ville retrouvera probablement son équilibre, mais je n’oublierai jamais les victimes de cette période. C’est aussi un peu pour elles que j’ai envie de me battre, pour que plus jamais le mépris soit le mode de gouvernement de notre cité.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

A cette situation cataclysmique pour tous les commerces et les lieux de vie, il faut ajouter les accidents très nombreux qui sont arrivés aux passants, surtout aux personnes âgés.
Plusieurs décès passés complètement sous silence, plusieurs fractures (dont des cols du fémurs! ), et cela a été occulté par les médias malgré le signal d'alarme lancé à plusieurs reprises par les services médicaux.

Alors, les esprits chagrins expliqueront que c'est une période difficile à passer. Mais à quel prix !
D'autant plus que les solutions existaient : ils suffisaient de prévoir (gouverner, c'est prévoir, non?). Et de dégager des parkings par exemple où les clients auraient pu se garer pour garder leurs habitudes chez leur commerçants préférés. Il suffit de regarder tous les hypermarchés (Leclerc et carrefour à Lingostière, Auchan à la Trinité, le parking de Cap 3000 désormais toujours pleins ) pour comprendre les nouvelles habitudes qui ont été prises .Mais , le plus grave à mon sens , c'est qu'aucune leçon n'a été tirée de cette gestion catastrophique et les niçois ont le privilège de voir surgir une nouvelle portion de voie rapide ... sans que la sortie ne soit pensée auparavant ! D'où embouteillages, pollution, perte de temps,...

Et surtout, pour éviter le plus grave c'est-à-dire les accidents des passants, une gestion des travaux à la hauteur des enjeux avec des barrières et des délimitations digne de ce nom auraient évitées tout ce gachis.
Mais il est vrai que cela ne concerne pas un sénateur-maire dont les déplacements s'effectuent en voiture avec chauffeur!!

Anonyme a dit…

Mon dieu moi qui suis en ambulance et sur la route chaque jour, je teimoigne combien vous vez raison, toi patrick et vous anonyme.
de beaux chantiers fait sur des cadavres de commerces.
Franchement c'est à vomir.
Peyrat n'est plus un Maire mais un émir coupé de sa population.
Ces propos parfois sur les commerçants qui se plaignent furent orduriers.
Vivement les élections afin de virer ce personnage pour qui je ne ressent que mépris
Votre ami

serge

Anonyme a dit…

Même si les problèmes, dans mon quartier, concernent toute l'avenue Borriglione, il est vrai qu'il y a un fragment de rue, entre l'école Von Derwies et l'ancienne brasserie "du coin" avec les rues Michelet et Cyrille Besset, où c'est carrément l'hécatombe....

Anonyme a dit…

Toutes ces vies brisées, tous ces rêves envolés... cette municipalité me fait vraiment vomir par son mépris de la population et son ignorance de ses vrais besoins. Compllètement omnubilé par le tout tourisme il faudra bien qu'un jour notre grand émir se rende compte qu'il y a des gens qui s'appellent les niçois. Vous savez, ces gens que vous méprisez et que vous évitez soigneusement, ces gens qui n'arrivent plus à se loger dans leur propre cité, ces gens que vous voudriez bien voir tous rejetés dans les quartiers périphériques pour laisser la place aux riches étrangers et retraités. Mais ces gens votent eux, et, l'année prochaine, ils vont magnifiquement botter les fesses de votre magnificence et de son équipe d'incapables.