30 octobre 2008

Stade 3

Depuis quelques jours, on peut observer une certaine agitation autour du troisième projet depuis 2003 de construction d’un grand stade à Nice. C’est que ce projet a une histoire et c’est précisément parce que j’ai été intimement lié à cette histoire que j’ai eu une attitude plutôt distanciée vis-à-vis de l’annonce faite par Christian Estrosi.

Printemps 2003 : un premier projet doit être réalisé sur le terrain du Ray. Le consensus est impressionnant. Pourtant, Michèle Mangion, notre représentante dans le jury du concours, me fait part de ses doutes devant le flou de certains aspects de l’opération. On décide donc de ne pas approuver le projet. Sage décision : quelques jours après éclate « l’affaire Vialatte », le Directeur des services de la ville de Nice ayant truqué le marché.

Eté 2006 : un deuxième projet est prévu à Saint Isidore. Innovation : la construction mais aussi l’exploitation de l’équipement seront confiées à un groupe privé. Là encore, le consensus est général, même si certains supporters revendiquent l’emplacement du Ray. Avec Bruno Della Sudda au sein du Comité de pilotage, puis avec Jean-François Knecht devant le Tribunal administratif, nous nous étonnons des avantages excessifs dont bénéficie le concessionnaire privé. Au final, le projet sera annulé sur la base de notre recours (celui de Jean-François Knecht) et de celui du Préfet. En effet, les futurs tarifs n’ont pas été budgétés par le candidat concessionnaire. Contrairement à ce qui est dit encore aujourd’hui par la presse, cette question n’était pas secondaire : l’absence de tarif était la preuve que la collectivité était obligée, au final, de financer l’opération en dehors de toute transparence.

Fort de cette double expérience, j’ai donc aujourd’hui sur le sujet une position à la fois simple et de bon sens.

Vouloir construire un grand stade à Nice est logique, quoi qu’en pensent les esprits forts. Il existe un public pour cela (j’en suis) et toutes les grandes villes ont un équipement de ce type. J’ajoute que la grande équipe de foot qui va de pair avec le stade a d’importantes retombées en matière de communication pour la ville.

Mais cet équipement ne doit pas mettre en cause l’équilibre financier de la ville au moment où d’importants investissements, comme la ligne 2 du tram, sont programmés.

Or, je reconnais être perplexe devant le vague engagement du maire sur un financement public-privé. En effet, le projet Saint Isidore nous l’a enseigné, le financement privé en la matière est un leurre. La gestion d’un stade n’est pas rentable pour le privé… à moins de lui donner tant de compensations que la somme de celles-ci risque de conduire le juge à requalifier le contrat en régie. Et, de toute façon, même si ce n’était pas le cas, une évolution vers le foot à l’Anglaise – avec un prix des places prohibitif, les supporters aux revenus modestes seront « expulsés » du stade – est à envisager. On peut ne pas le souhaiter !

Par conséquent, il me semble que la municipalité n’a pas les moyens actuellement de financer ce stade. Mais je souhaite, bien entendu, me tromper. Au lieu de participer aux criailleries des uns et des autres, j’attends donc, sans trop d’illusion, de lire le contrat de concession et le plan de financement.

L’équipe que j’ai vue samedi, avec des amis… australiens, arracher le match nul face à Bordeaux mérite un grand stade. Mais ce ne peut être à n’importe quel prix…

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Un grand stade, mais de combien de place? Le Ray actuel est rarement (je suis gentil) plein. Construire un stade trois fois plus grand, excentré, avec le risque "d'expulser", comme tu dit les supporters les plus modestes risque de créer un stade grand, cher... et vide. Ce fut l'une des raisons de l'oposition à l'époque de Nice plurielle par à ce projet "Grand Stade II, le retour et cette fois y a plus Vialatte" et je ne vois pas pourquoi il faudrait être plus optimiste par rapport à ce "nouveau" projet.

Anonyme a dit…

Bonjour, ici à Lyon nous avons beaucoup de remous sur le projet d'une nouvelle construction de stade.

Mais quelles sont les priorités est la juste question.

Même l'hospitalier a du mal, les chiffrages estimatifs initiaux sont bien évidement menteurs, et sans parler des liquidations diverses qui jalonnent les travaux, les issues des grands chantiers sont évidement juridiques.

Pendant ce temps, le manque de crèches est criant et des centres scolaires en déconfiture.

Unknown a dit…

Alain, merci pour ton commentaire, comme d'habitude pertinent.
Rien à voir, mais pour respirer l'air du pays, tu peux faire un tour sur le blog de Dominique.

Anonyme a dit…

Bonsoir, après visite du blog de Dominique, j'y ai effectivement retrouvé les ambiances de cette saison, avec la vigne vierge et la brume...

Sans hésiter, je préfère cette région l'été et ayant pratiqué ce terrain 35 années... Je peux dire aussi que même après des années de fréquentation, tout en y ayant des racines, (et une fille qui y réside encore) on y demeure toujours un étranger de la ville, un Lyonnais!

Le coin va entrer dans la longue nuit humide de l'hiver, et l'air de Lyon est plus adapté à une sociale et conviviale activité.

Anonyme a dit…

Voilà un sujet récurrent et en plus d’ici 2012 il y aura certainement « d’autres prises » et donc « le clap de fin » n’est pas pour aujourd’hui.
Cette introduction faite, ce sujet est intéressant parce que plein de ramifications.
Tout d’abord l’emplacement me semble être le cœur de ce projet.
St Isidore est et sera surtout le centre du département (oui pas de la ville), le NICE de demain, la transition entre le littoral et l’arrière pays (projet JO 2018, pourquoi pas ?) et un nœud de circulations routières, ferroviaires !! et aériennes !! stratégique.
St Isidore pourra être aussi un lieu géographique important de la future région !! que personnellement je souhaite, après la suppression des conseils généraux et une montée en puissance des CA ou autres CU.
Pour ces diverses raisons, lié à un raisonnement sur du long terme, ce que l’on attend de la politique, l’emplacement me semble indiscutable.
Maintenant parlons de la capacité de ce futur stade des sports et des loisirs, pour moi et pas seulement de football.
La priorité des priorités est de répondre aux normes européennes en matières de football à savoir je crois au minimum 32 000 places assises pour pouvoir participer à des compétitions à ce niveau, après le reste est du ressort des économistes de la ville, du département, de la région pour définir la faisabilité économique maximale.
Le potentiel spectateur peut largement être supérieur à celui actuel du stade du ray pour un peu que l’on pratique une politique tarifaire « populaire » à l’image de ce qui a été fait avec succès pour le parc PHOENIX.
Cette notion de « populaire » me tient à cœur, car je suis toujours surpris par le fait qu’un stade soit finalement le lieu où l’on pratique le plus la discrimination sociale sans que cela ne gêne personne (places présidentielles assises et abrités, premières assises et non abrités et populaires non assises et non abrités).
En clair pourquoi ne pas instaurer un prix et une qualité de place quasiment unique et attractif financièrement pour TOUS.
Petite parenthèse, les cafetiers de la région, plutôt que de se plaindre, et surtout ceux situés sur les lieux touristiques devraient s’inspirer de ce principe élémentaire, qu’il vaut mieux vendre beaucoup à un prix raisonnable, plutôt que peu à un prix excessif , même si mathématiquement on peut arriver au même résultat.
Cela étant et pour conclure il est vrai que le stade peut ne pas paraître comme une priorité d’équipement.
Mais je crois qu’il faut intégrer le fait que de nos jours le sport n’est plus seulement un loisir mais est devenu une industrie, au même titre que l’industrie automobile !! et donc s’intéresser aux emplois qu’il draine.
C’est peut être encore le seul domaine où on ne risque pas les délocalisations.
RICCIARELLI