20 juin 2009

Les lauriers roses du Monastère




Depuis mon enfance, je n’ai pas souvenir d’avoir répondu à la question ritournelle « Quelle est ta fleur préférée ? » autre chose que : la fleur du laurier rose.

Blanches, jaunes, rouges… ou roses, les grappes de petites fleurs de ces buissons denses et élégants ont toujours eu sur moi un effet euphorisant qui allait bien au-delà d’une simple petite flatterie esthétique. Quelques buissons fleuris sur le bord d’une route ou dans le lit d’une rivière et on dirait le Sud cher à Nino Ferrer.

C’est ce que j’ai pu vérifier une fois de plus, tout en prenant quelques photos, dans le jardin du Monastère, au bord de l’allée ouest, celle qui domine le quartier Pasteur.

Simple et délicate, la fleur en elle-même est belle. Epanouie, elle distille une sensualité discrète qui aurait enchanté Georgia O’Keeffe si elle avait eu l’idée de délaisser quelque temps son Nouveau-Mexique pour les rivages de la Méditerranée. Mais cet Eros-là a une particularité que l’on ne retrouve pas dans les fleurs de désert peintes par Georgia… Cet Eros-là flirte ouvertement avec Thanatos.

Le laurier rose est une plante toxique. L’ingestion d’une seule feuille peut s’avérer mortelle pour un adulte en raison des troubles cardiaques qu’elle provoque. On dit que cette toxicité a inspiré de nombreux suicides et qu’un bataillon entier de l’armée napoléonienne fut décimé après un méchoui… au laurier rose !

Cela dit, notre ardent buisson a d’autres métaphores dans son sac. C’est ainsi que chacune de ses branches nous rappelle les trois phases de la vie. On y retrouve, de juin à octobre, simultanément et non successivement comme pour les autres plantes, des bourgeons, des fleurs ouvertes et des fleurs fanées. Etonnant, non ?

Mais si ces histoires suggérées par le laurier rose sont, à l’image de la destinée humaine, forcément tragiques, peut-être vaut-il mieux ne retenir que l’espoir. Le laurier rose est le symbole de la ville d’Hiroshima. C’est que ce fut la première plante à avoir refleuri après l’apocalypse… Pensez surtout à cela, en vous promenant sur les hauteurs de Cimiez.

En hommage à Georgia O'Keeffe

7 commentaires:

Le Nissart a dit…

Personnellement, j'adore les passiflores (= La Passion) qui poussent très facilement dans les jardins nicois
( image :http://www.sports-sante.com/images/plantes/passiflore.jpg ).
Et les histoires liées à cette fleur sont toutes aussi jolies; pour certains, le centre (qui serait composé de 72 filaments) représente la couronne d'épines qui ornaient la tête du Christ.
Pour d'autres, les missionnaires jésuites expliquaient aux indigènes que cette fleur représentait la Crucifixion.
Et en plus, rien de plus facile à faire pousser dans notre région !

Anonyme a dit…

Pour ceux qui aiment cette plante, je les invite en venant de Nice par l'autoroute à sortir à Saint Laurent du var et entrer vers le centre de la ville en logeant le Var.Une haie magnifique et majestueuse de lauriers roses, blancs et rouges les accueillera.Impressionnant de beauté!
ricciarelli

clotilde a dit…

Je penserai à Hiroshima en sortant de la "maison" tout à l'heure, sous notre énoooorme laurier rouge/rose.

Unknown a dit…

Mais surtout, ne mange pas de feuilles !

Anonyme a dit…

De toutes les fleurs, je préfère celles qui, cachées, ne se dévoilent pas au monde, secrètes ou discrètes peut être, qui sait. Elles sont comme les douleurs que l'on cache au fond de soi. Mais le laurier rose si tentant et pourtant si douloureux si on veut se l'approprier, le manger n'est-il pas un peu comme si les douleurs de l'âme pouvaient se révéler au grand jour mais sans pour autant être à la portée des autres

alain a dit…

Ma Fleur préférée est difficile pour moi, les candidates étant si nombreuses... Mais je reste en souvenirs d'émois sur les parfums du Ylang Ylang et de la fleur du frangipanier de l'ile de la Réunion... Bon, un peu loin tout çà, mais plus proche de nous, le lilas blanc, la rose ancienne, le lys, le jasmin, toutes ces essences trahissent mon côté épicurien de par la sollicitation de mon sens olfactif.

Effectivement pour le laurier rose, un feuille suffit à nous basculer de l'autre côté de la force, et par ailleurs, je relate qu'il a été une fois un groupe de touristes très gravement intoxiqué après avoir confectionné des ... brochettes avec des branchettes de cet arbuste.

Il est trop facilement simple et stupide de jouer à l'homme primitif non averti.

Soflabeterav a dit…

Ah oui l'Ylang Ylang punaise c'est enivrant ça !! sinon très basiquement moi suis très violette, couleur, odeur et gout !! bah ouais...