04 juin 2009

Les Européennes autrement

Daniel Fimbel, le passionné

Richard, futur votant du Front de Gauche, a organisé avec maestria le dîner-débat que Gauche Autrement avait décidé de consacrer aux Européennes.

Premier constat : il est difficile d’intéresser les citoyens à une élection à un Parlement qui n’est pas un vrai Parlement d’une Europe en panne sèche depuis le TCE et où, de toute façon, les sociaux-démocrates du PSE et la droite du PPE se mettent d’accord pour constituer une majorité aussi consensuelle qu’inexpugnable.

Mais tout au long de la soirée, surmontant la morosité ambiante, chacun va y mettre du sien. Pour ma part, je pose la question institutionnelle que je persiste à considérer comme indépendante du projet politique. A cette occasion, je rappelle qu’historiquement, la République a été votée en 1875 par une coalition assez conservatrice, ce qui n’a pas empêché les lois sur les grandes libertés, la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 et le Front Populaire. Du coup, on ne peut que se féliciter d’un Traité de Lisbonne qui peut, malgré sa timidité, dégripper la machine.

Dans la foulée, Daniel Fimbel, responsable du « Club européen Victor Hugo », tout en passion, en appelle à une insurrection… du Parlement (Vincent Peillon en sans-culotte, why not ?).

Plus sagement, Christian souhaite la mise en place d’une véritable constituante comme le proposent les Verts. Jacqueline, quant à elle, fait plutôt confiance au PS (et surtout au PSE) pour réguler les marchés financiers. Sur ce sujet, Anik ne fait confiance à personne et n’ira pas voter.

Lucien et Maurice insistent sur l’importance de la notion de service public pendant qu’Henri et Francine relativisent l’impuissance européenne. Henri, en expliquant qu’après tout l’Europe des 27 avance et règle ses conflits, en tout cas mieux que certaines familles ou certains partis politiques. Francine s’appuie, elle, sur son expérience professionnelle, pour expliquer que la gouvernance de l’Europe s’organise autour du compromis et du consensus, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.

Joëlle (malgré Bové et une attirance pour le Front de Gauche) et Antonin (grâce à Cohn-Bendit) penchent plutôt du côté des Verts. Sami (malgré une vraie sympathie pour le Front de Gauche) et Irène sont plutôt tentés par le MoDem.

Dominique, quant à elle, cite Rocard et Peillon… pour les réconcilier, mais hésite entre MoDem et Verts.

Quand, après le café, la trentaine de convives (dont Véronique, Renée et sa fille , les « petites nouvelles ») se quittera dans la nuit tiède de juin, personne n’a vraiment le sentiment que le Grand soir européen est pour dimanche matin. Pourtant, la tonalité des débats a montré une fois de plus que, pour des progressistes, l’Europe reste une nouvelle frontière à atteindre pour assouvir nos rêves de fraternité et d’universalisme.

C’est pour cela qu’à la manière de Georges Brassens je dirai : « Ce n’était rien qu’un p’tit débat, mais il nous a chauffé le cœur… »

Au fait, pour moi, ce sera le MoDem. Le PS et les Verts ont des arguments, mais les attelages entre nonistes et ouistes me semblent en panne de crédibilité.

4 commentaires:

Claudio a dit…

ça donne envie ce compte-rendu. Beau mélange et arguments respectueux.
C'est beau.
Modem pour moi aussi bien sûr.
Mais j'avoue que SANS Bové, la question aurait pu se poser... même si la réponse aurait fini par basculer Orange. C'est sûr.

Anonyme a dit…

petite remarque espiègle:il y avait presque autant de participants au diner-débat improvisé de GA qu'au 2ème "grand meeting " départemental du PS...

Depardieu a dit…

L'Europe c'est compliqué à faire fonctionner et nos sociétés se compliquent de toute façon de plus en plus alors à 27...
Malgré tout, la construction européenne est un événement unique dans l'histoire. La volonté initiale et primordiale de paix sur notre continent a été atteint grâce à ce processus difficile certes mais incontestablement porteur d'avenir.
Maintenant, comme chacun sait, la paix est plus difficile à organiser qu'une bonne vieille guerre entre états nations.
Il semble bien que nos structures partisanes et politiques internes ne soient plus tellement adaptées au fonctionnement de l'Europe d'aujourd'hui.
C'est pourquoi il faut à mon avis et à celui de spécialistes un bonne constituante pour, qu'entre autres, le Parlement prenne enfin le pouvoir.
Pour cette élection, deux partis apparaissent prêts à faire bouger l'Europe.
Le Modem et les Vert.
Bayrou est obnubilé par l'élection présidentielle. Son opposition systématique à Sarkosy ne plaide pas en sa faveur et brouille son message. Toutefois, comme l'a souligné Patrick Mottard, son idée de faire avancer l'Europe par cercles concentriques est à retenir surtout lorqu'on voit les partis extrémistes et anti- européens prendre de l'importance dans certains pays comme la GB.
Personnellement, je penche pour les verts tant Cohn-Bendit et Eva Joly paraissent des européens convaincus et décidés à faire avancer l'Europe. Bien sur, José Bové n'est pas ma tasse de thé mais tout compte faits, il s'est assagi pour être élu.
Un choix par défaut ? Vrai en partie mais comme nous l'a très bien expliqué Francine, "compromis" et "consensus" sont les maîtres mots du fonctionnement européen, une culture que nous français avons bien du mal à assimiler.
Votons en tous cas pour des députés qui siègeront réellement...

Anonyme a dit…

J'avoue que pour la première fois, je ne suis pas sûre de me déplacer pour aller voter. Je sature...

Anne-Marie Kounga