29 juin 2009

Ouragan sur le Caine



Trois mois à peine après le vote du budget primitif, l’assemblée départementale s’est retrouvée pour la première des séances budgétaires complémentaires (DM 1).

Près une discussion sur un rapport quelque peu artificiel, et dénoncé comme tel par Dominique, sur la violence scolaire, le débat de politique générale qui a accompagné le vote du compte administratif 2008 et de la Décision Modificative n°1 2009 fut l’occasion pour moi de réaffirmer les positions de Gauche Autrement dans un contexte économique très dégradé.

« Pendant quelque temps, nous avons pu caresser l’idée que la crise serait moins rude qu’ailleurs dans notre département. En fait, les indicateurs économiques du premier trimestre 2009 nous montrent qu’elle n’était que différée. En quelques mois, tous les chiffres ont viré au rouge avec une activité économique dont le chiffre d’affaires a fondu de près de 10% et un chômage qui monte en flèche.

(…) Ce n’est pas le Titanic mais, pour le moins Ouragan sur le Caine qui souffle désormais sur l’économie de notre territoire.

Le chômage, quant à lui, s’il n’a pas encore retrouvé les sommets de la fin des années 90, est en forte hausse. Avec 42.000 demandeurs d’emplois et, surtout, une tendance très négative illustrée par une chute des intentions d’embauche qui, dans certains secteurs-clés comme le BTP, peut aller jusqu’à -40%.

L’effet le plus direct de la crise sur notre collectivité concerne bien évidemment les droits de mutation. La bulle immobilière ayant éclaté, le CA 2008 nous démontre que nous avons cessé de jouer La ballade des gens heureux à partir de l’automne. Dès novembre et décembre, nous avons perdu cash, pour chacun de ces mois, 10 millions d’euros par rapport à l’année précédente.

(…) Il y a trois mois, au BP, nous avons donc anticipé la poursuite de cette dégringolade en prévoyant 20% de diminution pour 2009. Comme il fallait s’y attendre, ce n’est pas suffisant et, aujourd’hui, pour cette DM 1 pourtant votée bien peu de temps après le BP, nous sommes obligés de rajouter 30 millions d’euros à la prévision. En commission, la semaine dernière, un éventuel « ralentissement de la chute » a été évoqué. Acceptons en l’augure, même si cette formule, le « ralentissement de la chute » semble être le nouveau cache-sexe de la crise comme l’a montré la communication gouvernementale à propos des chiffres du chômage. (…) Pour notre collectivité, les conséquences de la crise ne seront pas uniquement fiscales. Acteur principal des politiques sociales, le CG va devoir encaisser dans les mois qui viennent le choc de la montée du chômage et de la précarité dans notre département. Face à cette situation d’urgence, vous avez fait le choix, au BP 2009, d’augmenter les impôts de 15%. Cette option, qui est effectivement une option, touche les plus modestes car on sait que les exonérations fiscales locales sont beaucoup plus chiches que celles concernant l’impôt sur le revenu, par exemple. Les conséquences sont d’autant plus rudes que les droits de mutation, fruits de l’activité du marché immobilier et, bien souvent, il faut le dire, de la spéculation, ne touchaient pas les mêmes couches sociales. Mais, plus que l’augmentation elle-même, c’est sa destination que nous avions contestée au moment du vote du BP. En effet, si nous avions apprécié une certaine sanctuarisation du budget social, nous avions émis des doutes sur l’efficacité d’un plan de relance par l’investissement s’appuyant principalement sur le BTP. Depuis le BP, je dirai que les mésaventures du chantier de l’hôpital Pasteur à Nice apportent – et nous le regrettons – de l’eau à notre moulin, en montrant que les entreprises du secteur ne sont pas forcément les partenaires les plus fiables pour une relance. En clair, dans un département que le rapport d’observation de la CRC définit comme présentant « une forte sensibilité à la consommation des ménages », une relance plus appuyée de ladite consommation nous aurait semblé plus équitable et surtout plus efficace. Aujourd’hui, nous avons la faiblesse de penser que l’analyse du CA 2008 et surtout de la DM 1 conforte plutôt la position que nous avions prise au moment du vote du BP. »

1 commentaire:

alain a dit…

Bonjour, j'ai relu le post et celui de Dominique, je suis un peu sur la touche en ce moment, mais affirme qu'il est également question ici à Lyon de baisse d'activité. Bien sûr il y a des "bulles" d'exceptions, car le btp a une inertie lourde de plusieurs années entre les projets et leurs réceptions.

Il faut aussi noter qu'une sur-activité (peut être artificielle) a été élaborée ces dernières années, et qu'une chute de 20 ou 30% est peut être un simple retour à la réalité. On ne peut croitre indéfiniment sur une politique du chiffre seule.

Néanmoins, proche acteur de ces métiers, force est de constater les dégradations constantes des conditions de travail, et des relations entre intervenants, depuis l'architecte, en passant par les concepteurs, jusqu'aux maitres d'ouvrages. Les concours sont à la mode, et le moins cher, soit le plus menteur a toujours raison....

Ceci explique un peu cela, les marchés publics axés sur les "moins disants", la course aux "travaux supplémentaires" ou "travaux mal définis" des entreprises, font des études et des réalisations des gymnastiques financières, parfois louches, sur fond de bras de fer où se perdent la technique et le savoir faire.

Mais j'ai tant à raconter, sur les méandres du BTP, sur les couacs des bâtiments hospitaliers, sur les grands projets urbains et sur les dessous de l'économie de la construction...