14 janvier 2010

Disparition à la galerie Depardieu



Christian est un (vrai) agitateur d’idées. Expositions, performances et événements se succèdent à un rythme effrené dans sa galerie du boulevard Risso où nous avions célébré, il n’y a pas si longtemps, l’Europe et la victoire d’Obama.


L’exposition du jour a pour auteur Jean-Pierre Giovanelli et s’intitule La disparition : au milieu de la salle, une demi-douzaine de burqas bleues et quelques  keffiehs noirs suspendus semblent flotter dans les airs. Une ombre blanche habitée se faufile entre les pièces exposées et les spectateurs, et la musique orientale du groupe « Ronde du Monde » accompagne cet étrange assemblage.


En ces temps de polémiques sur la burqa, l’exposition aurait pu se résumer en une provocation un peu vaine et un tantinet opportuniste. L’ambition de Giovanelli est tout autre, il s’agit de prendre le vêtement-prison comme une métaphore de la disparition en essayant de répondre à trois questions : peut-on représenter la disparition ? peut-on la montrer dans une œuvre d’art ? que représente-t-elle, la disparition ?


Pour lui, « la disparition n’est pas simplement la fin où la mort de ce qui apparaît et permet de voir mais une essentielle plissure, quasiment un double spectral… » (Simone Regazzoni).


Frôler le temps de quelques allers-retours ces spectres bleus vous fait prendre conscience que ce vêtement n’est pas contrainte mais négation. Disparition.


Et c’est ainsi que vous passez de la colère et de la révolte a une infinie tristesse… Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Sous le coup de l’émotion, j’avoue que je n’en sais rien. Mais savoir est-ce si important ?




Le galeriste et l'artiste

4 commentaires:

cléo a dit…

"la disparition n’est pas simplement la fin où la mort de ce qui apparaît et permet de voir mais une essentielle plissure, quasiment un double spectral… » (Simone Regazzoni). je lis ces mots, qui eux aussi témoignent et donnent à penser dans et par leur manifestation. Sans doute aussi, donnent à voir et à revoir et ce vers quoi ils font signe et les signes même comme lieux d'incarnationdu sens. Dans le corps des mots, et parce que les mots sont corps, il permettent quelque chose de l'ordre de l'esprit. Bien sur, il est des traditions qui au nom d'une essence considèrent que l'apparence est productrice d'illusions, dessert la vérité, lui apporte par le mensonge un démenti. Les différents visages de cette tradition: on condamne l'apparence au vu de ce qui ne se laisse pas voir avec les yeux: un arrière-monde. Au vue encore de ce qui saute aux yeux, des évidences. Ainsi des œuvres d'art par exemple qui ne servent à rien ou prennent quelque distance avec la seule valeur de l'utile. Des négations du corps au service du seul esprit, des négations de l'esprit au service de la seule matière. Quel est l'homme qu'on invente, d'un côté comme de l'autre? Cet être qui, à prendre le risque de le réduire, frôle l'ange ou fait la bête. Il ou elle, a disparu(e). Quoi, au juste? Sa manifestation seulement ? Au disparu, il a été donné ou possible d'apparaître. On se souvient aussi d'un disparu. Peut-être fait-on même corps avec, ou le porte t- on comme on porterait la mémoire. Mais quelque chose demeure. Un monument, une œuvre, un acte, un souvenir. Ceci pour la mort de la manifestation. Par elle, et elle seulement, nous pouvons voir et peut-être dépasser le voir premier. Quand ce qui est donné à voir est: il n'y a rien à voir. Qu'est-ce qui peut circuler? A trop dissocier le corps et l'esprit, unis ? Quelle mutilation de ce tout, sans doute indissociable? J'essaie d'y voir un peu, clair. L'automate, celui qui aurait l'apparence du corps d'un homme et dont l'esprit programmé ne serait pas esprit. De l'autre côté, le pur esprit sans corps. Sans corps? Ou dont on nie qu'il en ait un. Comment aujourd'hui penser qu'en portant atteinte au corps on ne porte pas aussi et en même temps à la personne qui jusqu'à présent, il me semble, n’est pas personne mais quelqu'un. Je ne connais pas de quelqu'un sans corps. Je n’ignore pas que le corps de quelqu’un n’est pas non plus le tout de sa personne.

Anonyme a dit…

J'ai décidement du mal à voir autre chose que de la masturbation ...intellectuellement fémine dans les méandres tortueusement enfumés des qui..propo(co)s de Cléo.

Suis-je le seul ou est-on plusieurs? J'arrive à douter de moi, c'est décidément dur de vieillir et de s'en rendre compte!

Anonyme a dit…

Moi j'aime bien les contributions de Cléo mais je ne force personne...

cléo a dit…

Il y a des associations que je ne peux entendre sans bondir. Ainsi de la femme qui, sous couvert d’intellectualité, s’adonnerait à des plaisirs solitaires. Je doute moi, de ce que vous cherchez. Moi, peut-être. Dans ce cas, acceptez d’autres règles, celles auxquelles je ne saurais déroger sans me renier moi-même. Celles du respect. Par respect, j’entends que je dépose les armes dont vous pouvez donc user pour les retourner contre l’interlocutrice que je suis, vous en déplaise. Il y a d’illustres prédécesseurs qui s’adonnent à ces »masturbations », ce sont des hommes, quelle chance ?! Ainsi, Hegel ce tout petit philosophe combattait t-il la dévalorisation de l’art en distinguant l’apparence de l’apparaître et par là, réhabilitait l’art comme le règne de l’apparaître et non de l’apparence, qu’on associe trop rapidement au trompeur. Hegel était un homme. Les plus grands hommes ont pu tenir des propos sur les femmes qui n‘entament pas leur grandeur (pas tout à fait). A la maison, doivent –elle être pour certains. C’est un très vieux discours. Vous ne ferez pas de moi « la victime » de vos interventions. Remarquez que… pour avoir suivi quelques cours de français, ce mot, étrangement ( ?) porte avec lui le féminin. Au pluriel, on ne saisit pas le genre. Je ne crois pas que cela soit plus heureux, mais qu’il y a toujours quelque chose à entendre dans la langue que nous portons. J’ajouterai que, ce que je ne peux nommer autrement que « votre besoin d’être rassuré », m’interroge, lui. Depuis quand le vrai serait-il du côté du plus grand nombre ? Si l’on ne peut, je vous l’accorde, se contenter d’être en accord seulement avec soi-même, seul contre tous, est-ce la solution ?
J’ai a progresser enfin. J’aurai pu dire, simplement, et sous une autre forme, le même contenu. Et poser une seule question, sans développement. La voici, présentée synthétiquement : n’a t- on pas le devoir de ne jamais réduire un être humain à une seule de ses appartenances : le réduire à son corps, le réduire à son esprit, mais aussi à son sexe… ?
Je ne crois pas que vous soyez trop vieux pour vous emparer de cette idée là. Mais peut-être ai-je cette naïveté propre à la jeunesse(?), que de croire en cela.