03 mars 2010

Lieux intimes (2) : le camp


Ce mardi, la huitième visite aura été décisive. J'ai dû me rendre à l'évidence. Auschwitz-Birkenau, lieu de mémoire universelle s'il en fut, est devenu lieu intime.

Certes, retrouver pour la première fois les traces du passage de mon grand-père dans le camp d'extermination était source d'émotion mais aussi d'intimité avec ces lieux si terriblement conformes à leur histoire.

Mais la conversion vient de plus loin. C'est, en effet, petit à petit que l'effroi du visiteur a fait place à la tendresse du visiteur régulier ; celui qui a besoin de ces pèlerinages pour retrouver les millions d'ombres, papillons nocturnes en perpétuelle errance, que l'on croise et que l'on décroise ici, en terre polonaise.

Samuel, Flora ou Edgard, frissonner quelques heures sous votre ciel est devenu un besoin. Ainsi, au bout de la voie de chemin de fer interne à Birkenau, sur le quai de la solution finale, à l'endroit même où les SS décidaient si vous deviez mourir tout de suite ou après quelques semaines d'agonie, je ressens une forme de sérénité.

C'est que je suis devenu maillon, passeur et, par-dessus tout, vigie de l'indicible. Grâce à vous.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je crois que vous n'étiez pas seul ce jour là...