A Gauche Autrement, nous avons décidé à la fin de l’année dernière, de doubler l’apéro du vendredi à la permanence d’un débat sur l’actualité à partir de la remarquable revue de presse réalisée et diffusée par notre ami Lucien Fouques. Ce vendredi fut mis en pratique en quelque sorte le numéro 0 de ce nouveau rendez-vous.
En fait, l’essentiel du débat s’est vite focalisé sur un thème à partir d’un article du Canard enchaîné intitulé « Ces salauds de pauvres qui boudent le RSA ». Les journalistes du Canard se sont en fait appuyé sur le très officiel rapport du Centre National d’Evaluation sur le RSA, remis le 15 décembre dernier au ministre.
Ainsi, on apprend que 1,6 millions de pauvres renoncent à affronter les démarches pour le toucher, soit par découragement, soit par manque d’infos, soit pas choix. Plus d’un million de foyers qui travaillent à temps partiel pourraient toucher un complément du RSA mais ne le réclament pas. De la même façon, 650 000 chômeurs en fin de droits ne demandent pas le RSA complet auquel ils auraient droit. Du coup, l’Etat a fait 5,8 milliards d’économies en 2010 sur le dos des plus fragiles d’entre nous.
En fait, ces informations ne surprennent qu’à moitié les élus de proximité que nous sommes car nous rencontrons souvent dans nos permanences des personnes qui n’ont aucune notion de leurs droits.
On est donc loin du discours sur la fraude massive qui se serait développée autour des prestations sociales. Bien sûr, il faut lutter contre la fraude, plus pour des raisons morales que financières d’ailleurs (le Conseil général 06 a mobilisé pas moins de seize fonctionnaires contre la fraude, investissement considérable, pour se rendre compte que la fraude concernait surtout… l’APA, c’est-à-dire les personnes âgées : voir le blog de Dominique Boy Mottard). Mais on voit bien à la lecture que le vrai problème n’est pas là.
L’Etat se garde bien de toute démarche pédagogique en la matière, trop heureux d’avoir trouvé là un « gisement d’économies ». Que ce soit à l’encontre de la solidarité et de la justice ne le gêne pas le moins du monde.
Un beau sujet de réflexion pour les candidats à la Présidentielle…
P.S. : Ce billet, écrit depuis deux jours, n’a rien à voir avec le débat animé qui a suivi le dernier billet… Encore que !
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22 commentaires:
Après 11 années de minima sociaux, nous avons décidé l'année dernière de ne plus rien demandé. Et ce n'est pas à cause de l'Etat, pas à cause des décideurs. Non, à cause de l'humiliation que nous faisait subir ses représentants, ces employés qui vous jugent, vous parlent mal et sont incapables d'avoir un discours structuré. Ne parlons pas de politesse, de correction, de vision globale, de sens de la psychologie...
C'est vraiment le sujet qui me fait sortir de mes gonds.
Il nous reste la CMU et je sais d'avance que le mois prochain, je devrai aller la renouveler. Si quelqu'un veut venir avec moi au centre de Sécu pour vérifier de visu comment on est traités. Et ça, ce n'est ni l'Etat, ni la Droite, ni les patrons, ce sont ces employées face à nous qui nous écrasent. Les salauds de pauvres ne sont pas victimes de qui vous croyez.
Mais il parait qu'on pourrait avoir un Président qui oeuvrera pour "la fin des privilèges" et en plus, il "aime les gens", parait-il. Alors, qu'il nous aime un peu plus, nous les pauvres et qu'il fasse sauter les privilèges de ceux et celles qui nous humilient.
(Si tu ne publies pas Patrick, il n'y a aucun problème pour moi)
Et pour les curieux, un lien : http://claudiogene.canalblog.com/archives/2008/04/15/index.html
Enfin un bon sujet de réflexion
(et pas que pour les candidats...)
l'humiliation dont nous fait part Claudio est aussi un bon sujet... J'ai eu à faire à l'incompétence des employés du pôle-emploi, et là je vous garantie qu'ils vous découragent à trouver un job... On se demande d'ailleurs si ce n'est pas fait exprès, et en parler dans les détails serait écrire un roman !
J'ai écouté le discours de F.HOLLANDE, et il m'a donné de l'espoir, et m'a convaincue. Je suis certaine que des changements positifs auront lieu avec lui.
Je suis heureuse que l'auteur enchaîne avec ce billet après le tumulte du dernier... Merci!
la brebis entêtée
Bonne nouvelle, le mouton n'est plus seul et il y a maintenant une brebis à ses côtés.
Sera-t-il toujours si enragé avec une si bonne compagnie ?
Plus sérieusement, quand certains à droite parlent de "l'assistanat comme un cancer qui ronge la société", on s'aperçoit que bon nombre de nos concitoyens n'usent même plus des droits qui leur sont accessibles.
J'ai bien écouté aussi le discours de François Hollande et j'espère qu'une fois au pouvoir il redonnera courage et dignité à tous ces gens qui ne demandent qu'une chose, avoir un travail qui leur permette de vivre décemment.
...Depuis que "le canard enchaîné" enchaîne les publications scandaleuses et fait vendre ses feuilles de choux avec des affaires de tous genres sur la politique et les politiques en général, rien n'a changé et rien n'a bougé !
Pour moi, depuis 1993 la France est en crise : 19 ans !!!
Je crois bien que "le cancer" qui ronge la société française est généralisé.
Il faudrait des miracles. Je suis sans emploi, après tant et tant de tentatives, y compris la création d'une entreprise, ça ne marche pas !
Si vous n'êtes pas dans un résau, rien n'est possible, et je parle même des petits boulots, je laisse de côté le reste...
ça marche avec les relations, les amis, "le piston"... C'est ça qui prime !
Si vous n'avez pas "ça", vous pouvez traîner la savate trouée, et laisser "le Canard" vous manger les orteils avec ses articles...en vous traitant de salauds en plus !
sur le ton de l'humour...mais salauds quand-même.
Bon, on a pas le choix que d'attendre François...
On verra bien :/
la brebis entêtée
@ Emmanuel : Tu écris "J'ai bien écouté aussi le discours de François Hollande et j'espère qu'une fois au pouvoir il redonnera courage et dignité à tous ces gens". Si je peux me permettre, c'est mal parti. Parce que ce qui me rendrait ma dignité moi (c'est pour la forme que je l'écris parce que je m'en arrange assez bien avec moi-même des aléas de la vie) c'est qu'on ne permette pas à une employée, qu'elle soit de Pôle Emploi, de la CAF ou de la Sécu de manquer de respect aux petites gens et encore moins de les humilier. Et je doute fort que François Hollande s'attaque à ça. S'attaquer à "ça", ce serait ne plus garantir d'emploi et de traitement à des gens qui se permettent, derrière un guichet, d'écraser les pauvres. (Mes mots sont pesés) Qu'un jour, elles puissent venir de l'autre côté de la barrière, ressentir ce qu'on ressent. Ce qu'on attend de nos élus, à tous les niveaux c'est qu'ils dénoncent ces injustices, pas qu'ils défendent des privilèges.
@Claudio : je doute fort qu'un élu -quel qu'il soit- puisse refaire l'éducation des personnes mal élevées, néanmoins il peut par son attitude, ses valeurs, et son comportement, rectifier le climat ambiant général, et influencer justement les comportements de ses concitoyens. Un élu se doit de donner l'exemple. Ceux qui dirigent influencent"inconsciemment" notre mental. Je ne suis pas sociologue, mais je constate que ces dernières années, c'est l'arrogance, le bling-bling, et la vulgarité qui ont primé, pour arriver à ce résultat. Je pense qu'avec F.HOLLANDE et son équipe, celà va changer. Son image renvoie au respect, et à la finesse. Il est bien sûr conscient des dégâts, comme nous tous, et fera en sorte de réctifier toutes ces dérives comportementales, dont les conséquences sont loin d'être minimes, et à tous points de vue...
C.L
@Claudio
Un fonctionnaire derrière un guichet qui rabaisse qui que soit n'est pas un privilégié, mais un gros con. C'est tout.
Claudio, c'est là où tu te goures, t'imaginant que quelqu'un, sous prétexte qu'il aurait connu des difficultés semblables et parfois l'humiliation qui va avec, se comporterait forcément avec bienveillance et efficacité face à ceux qui ont, temporairement ou non, besoin d'aide.
Cela n'a rien à voir, malheureusement, c'est une question de caractère. Certains employés de l'administration sont admirables, d'autres sont de sombres con...rds, et le seraient quelles que soient les circonstances.
Et puis c'est assez difficile de quantifier et de justifier du degré d'incompétence des gens dans ce genre de métiers, donc ils sont invirables, c'est comme ça.
La seule façon est malheureusement d'etre plus méchant qu'eux. Lorsque mon mari a eu un jour la preuve qu'un employé des Assedics lui mentait ("jamais eu votre dossier"), il est quasiment monté sur le comptoir. 5 minutes après, tout était rentré dans l'ordre, dossier retrouvé etc. Ce n'est pas ton genre Claudio mais ça marche.
Quant à la responsabilité des uns et des autres dans tout cela, si tu t'imagines qu'ils n'ont pas de consigne venues de plus haut, tu te mets le doigt dans l'oeil! ça arrange tout le monde que les pauvres n'osent plus déranger, comme dans cette chanson poubelle commandée par l'Unicef, où un pauvre gosse qui crève de soif dit "qu'il ne veut pas déranger".
Qu'ils dérangent au contraire, que l'on n'ait jamais peur ni honte de déranger.
Richard ou le sens de la concision. Faudrait que je m'en inspire.
a clotilde:
oui dans cette société de merde il faudrai que tout le monde bondisse sur le comptoir et en particulier les pauvres, ils vont le faire en allant votez FN MALHEUEREUSEMENT
quand aux fonctionnaires et bien oui comme partout il y a des cons et des gens trés bien
c'est une question de formation et de contrôle et de conditions de travail
je ne préfere pas répondre au billet de MR emmanuel.....
parsus06
C'est vrai tout ce que vous dites; bien sur par définition le fonctionnaire qui est derrière un guichet est par principe un gros con incompétent et grossier. Moi j'assiste très souvent à la réception de centaines de personnes à l’Hôtel des impôts de Cadei. Je constate surtout qu'il y a derrière le guichet des fonctionnaires qui essaient de faire leur boulot en appliquant une législation votée ailleurs, et qui se font très souvent insulter par des gros cons qui estiment qu'ils ont affaire à des incompétents, surtout bien entendu lorsqu'ils n'obtiennent pas satisfaction!
On est toujours le gros con de l'autre.
Bernard, tu n'es pas honnête, on n'a pas dit que les fonctionnaires étaient par principe des gros cons. S'il te plaît ne déforme pas nos propos.
Mais il y en a, c'est une évidence.
Je n'ai aucune problème à admettre qu'il y a, chez les fonctionnaires de la recherche, quelques glandeurs comme on le lit parfois dans des discours de réacs. Pour faire parti des instances d'évaluations au CNRS, je les estime à 5% environ. Par contre, dans notre domaine, on a quelques moyens de pression de plus sur eux.
De toute façon, pôle emploi, ce n'est plus de l'administration, c'est du lucratif maintenant, quasi privé, donc bon, hein.
Oui Clotilde je sais bien que ce n'est pas ce que toi tu as voulu dire, et je partage ton avis. En tant que chef de service je constate évidemment des abus pour les quels j'ai la plus grande sévérité... qui m'a valu une discussion animée avec notre ami Richard un soir de Nouvel An!!
Mais l'ensemble des critiques m'a paru gonflant d'où ma réaction provocatrice.
Très souvent j'admire la patience des gens au guichet qui doivent répondre continuellement à des attitudes agressives en gardant leur sang froid et cela pendant des journées entières!
Halte au feu!!!
Il semble que le discours anti fonctionnaire fonctionne plutot pas mal en France depuis quelque temps.
Alors que la chasse au fonctionnaire est ouverte depuis 2008 et le non remplacement d'un départ à la retraite sur deux, il ne faudrait pas que cela se transforme et que l'on ouvre le "tir au fonctionnaire".
Dans la fonction publique, c'est comme partout ailleurs, il y a des gens biens et des gens moins biens.
Donc pour faire plus court...d'accord avec toi Richard!
Salut Bernard,
Moi je suis d'accord avec toi (sur ce coup). J'ai seulement (comme l'a judicieusement fait remarquer Clotilde) expliqué en étant concis, qu'être derrière un guichet ne représentait pas une sorte de privilège.
Bise à Clotilde
Effectivement, c'est pas gagné. La complexité des démarches, l'architecture alambiquée des dispositifs sont à mon avis les vrais boulets de la France.
Pole emploi, pour l'avoir testé récemment, est comme un chien policier stupide (Rantanplan?) qui vous menace de vous couper les vivres si vous ne faites pas preuve de recherches tangibles, mais qui malgré ses prises d'informations vous rapporte un peu n'importe quoi comme proposition de job et surtout à n'importe quel prix, prix bien entendu tiré vers le bas.
Si seulement il y avait quelque part la franchise de reconnaître que l'emploi est un "MARCHE": recrutement, formation, stages, intérim, contrats chantier etc... et que pôle emploi est dépassé par ce marché, dépassé pour ne pas dire indésirable, indésirable pour ne pas dire complice ou police...
PE est dépassé ou simplement ordonné d’œuvrer à tout faire pour qu'un chômeur accepte 30% de moins sur son salaire initial et aille bosser à une heure de trajet de chez lui. Ils appellent cela l'Offre Raisonnable! Véridique et honteux, mais çà passe, tout comme un PPP sur un AAA!! Mais là c'est encore une autre histoire!
Ce n'est pas une question de "mettre le feu" Emmanuel. Et le discours anti-fonctionnaire a toujours très bien fonctionné, malheureusement, ça ne date pas d'aujourd'hui.
C'est juste une question de décence. Je reprends mon exemple. Dans mon métier, OU JE SUIS FONCTIONNAIRE, hein, je le rappelle, il y au moins autant de chômage qu'ailleurs, sans doute même encore plus.
On ne peut plus accepter les dérives, si rares soient elles, lorsque tu n'as qu'une dizaine de postes crés par an en recherche en bio au CNRS par exemple, et plusieurs centaines de candidats qui présentent tout à fait le profil pour être recruté. C'est pareil pour le corps enseignant.
Tu ne peux pas dire aux gamins qui débarquent sur le marché du travail, "arrêtez votre discours anti-fonctionnaire", si d'aventure ils s'aperçoivent que certains, même peu nombreux, tirent sur la ficelle un peu trop ouvertement. Ils ne vont pas comprendre, je peux te le dire parce que je les côtoie tous les jours.
Lorsque la majeure partie de la population est dans une merde noire (et c'est ce qui attend nos gosses), il vaut mieux que le fonctionnariat soit irréprochable, c'est un minimum. Et ces't un effort qui n'est pas trop demander, lorsque tu n'as pas à t'occuper de ta sécurité de l'emploi.
Même si je pense, comme Bernie et Richie (ça claque non?), que la majorité d'entre eux sont pleinement conscients de la chance qu'ils ont, et sont totalement compétents.
@Emmanuel: C'est à voir... Si mon instinct grégaire se réjouit en effet, la brebis est entêtée, et je ne réponds pas de son influence sur mon "charmant" naturel :)
Pour en venir au fait, ce billet évoque un tableau surréaliste où tout marcherait sur la tête. Sur fond de tempête, l'Etat, rapace hybride à gueule béante, y laisse dévorer ses propres enfants en les empêchant de lire le manuel de survie tout en prétendant agir pour leur bien. Lesdits enfants s'émancipent de ce père dénaturé ou l'escroquent sans vergogne, et faute de mieux finissent par se dévorer entre eux: d'employés Méduses ou Cerbères en publics frankensteiniens, tous se redoutent et s'affrontent à leur tour... Est-ce bien là que nous vivons?
La démocratie, c'est le respect de valeurs. Mais ce respect, où est-il?
Quand, à l'ère de la communication, il faut le hasard d'une permanence locale pour découvrir des droits dont la diffusion est un devoir d'Etat?
Quand, dans des organismes pourtant dits sociaux, on demande aux uns de subir sans dommage un quotidien fait d'agressions, et aux autres d'accepter jusqu'à des années de non réponses à des questions vitales?
Désinformation, méfiance, découragement, repli sur soi... Qui n'y heurte pas sa conception démocratique un jour ou l'autre?
Oui, les pauvres doivent continuer à déranger. Mais pas tous seuls.
Leur situation n'est pas l'affaire des pauvres: elle est l'affaire de tous, et c'est pour tous qu'il est urgent de remonter des tréfonds d'un absurde où l'aide sociale devient un repoussoir.
bravo le Mouton toi au moins tu ne laisses pas pisser le mérinos!
je vous promets que c est dur de trouver du travail j 'ai envoyè tellement de candidature , dans tout les domaines , toujours des rèponses nègatives en invoquant des raisons superficielle :ex
je suis trop qualifiè ou pas , trop jeune , trop vieux etc ) je n 'arrive plus à comprendre ,
Plus de temps pour l'écoute, pour le dialogue, plus d'autonomie des agents dans la recherche de solutions, plus de temps pour le suivi personnalisé, plus de temps pour la prospection des offres auprès des entreprises, plus de temps pour l'échange de pratiques, des formations ridiculement courtes et superficielles, un management en souffrance lui aussi... Les agents de Pôle-emploi font face à une crise sans précédent avec des moyens humains notoirement insuffisants. Que certains se montrent désagréables, c'est regrettable et non professionnel, mais inévitable. Leur témoigner un peu d'empathie peut apaiser l'échange. Mais lorsqu'on est soi-même aux abois, on n'en a pas la force. D'où ces incompréhensions, ces heurts, ces souffrances de part et d'autre. Changeons de politique, pour que les services publics retrouvent leur mission : servir.
http://www.rue89.com/2012/02/29/ils-ont-droit-aux-aides-sociales-mais-ne-les-demandent-pas-229797
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