«Le nom de la rose», «Da Vinci code», «Harry Potter»... : par curiosité ou pour ne pas passer à côté d’un bon moment, j’avoue lire assez souvent les best-sellers dont le succès est tel qu’il frise parfois le phénomène de société.
Une telle lecture est de toute façon instructive sur ce qui intrigue, intéresse, passionne mes contemporains. Alors, pourquoi se priver d’une petite escapade sociologico-ludique qui peut parfois déboucher sur une bonne surprise littéraire ?
C’est donc tout à fait logiquement que j’ai fait l’acquisition de la trilogie de Stieg Larsson «Millenium». Et il fallait un certain courage pour se lancer dans les 2000 pages de cette saga policière scandinave.
En réalité, je n’ai pas tenu le coup jusqu’au bout, abandonnant après deux volumes un quart (soit 1400 pages quand même !) quand je me suis rendu compte que le troisième volume («La reine dans le palais des courants d'air») ressemblait beaucoup au deuxième («La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette») qui lui-même ressemblait beaucoup au précédent («Les hommes qui n’aimaient pas les femmes»).
Dès le premier tome, télescopage habile d’une saga familiale et d’une histoire de serial killer à la sauce biblique façon «Seven», le ton est donné.
«Millenium» est un roman policier assez classique dans sa structure, avec des intrigues plutôt bien construites quoiqu’un peu simplistes. Les personnages sont fades (le journaliste indépendant et courageux, la working girl conquérante) ou improbables (la punkette génie de l’informatique, croisement de Courtney Love et de Bill Gates), et l’écriture est passe-partout. «Rien que des choses très commerciales», dirait Souchon.
Alors, qu’est-ce qui a bien pu faire le succès planétaire de la trilogie ? Risquons trois hypothèses.
La première est la présence envahissante des scènes de sexe dans l’ouvrage. Du sexe bien crade, de celui qui se pare des oripeaux des problèmes de société pour faire du lecteur un voyeur. Viol, sadisme, pédophilie, torture… Tout y passe. Comme quoi, pour vendre du papier, les bonnes vieilles recettes ont toujours cours…
La deuxième serait plutôt liée au cadre dans lequel évoluent les personnages. Gavés de policiers anglo-saxons, les lecteurs ont considéré que la Suède était peut-être le fin du fin en matière d’exotisme. Ils n’ont peut-être pas tout à fait tort. C’est vrai qu’ils sont « différents » ces Suédois ! Le Suédois ne boit pas de whisky et ne mange pas de hamburgers : il engloutit des litres de café et se gave de mystérieuses tartines à la garniture incertaine. Les jours de débauche, le Suédois façon Larsson descend au Starsbucks du coin et s’enfile… un café au lait. Petit coquin, va ! Il soigne son corps et sa santé : dès qu’il a quelques heures de libres, il prend sa Volvo ou sa Saab et va rejoindre son chalet secondaire au bord d’un lac où il se livre à toute une série d’exercices physiques, y compris en faisant l’amour sur une base assez hygiéniste avec sa copine. Et c’est avec gourmandise qu’il regarde son thermomètre franchir les – 30°C.
Ma troisième hypothèse est liée au contexte quelque peu dramatique dans lequel s’est déroulée l’édition de la saga. Stieg Larsson est en effet décédé en 2004, juste après avoir remis à son éditeur les trois volumes de l’ouvrage.
Au final, rien qui ne justifie un succès planétaire. Et c’est donc plutôt dubitatif que je suis reparti, comme chaque fois en pareille circonstance, «A la recherche du temps perdu» pour réapprendre, avec le petit Marcel, ce qu’est vraiment la littérature.
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