08 juillet 2006

Le Conseil vu de l’intérieur


7 heures 15. Comme disent mes étudiants, « j’hallucine ! ». Trente policiers ont pris position devant la Mairie. Un peu gênés, ils me saluent réglementairement, ils me font une sorte de haie d’honneur pour que je puisse accéder à la cour intérieure de l’Hôtel de Ville. Plus tard, Paul Cuturello me confirmera avoir vu au moins cinq fourgonnettes de police sur – ironie suprême – le terrain Sulzer ! Décidément, la majorité municipale ne semble pas très sereine.

9 heures. Le maire déroule l’ordre du jour d’une séance qu’il fait mine de croire ordinaire. Il faut que j’insiste pour lancer le débat que tout Nice attend avec Tacite tacle Peyrat. Tout au long de mon discours, je suis frappé par l’expression figée des principaux adjoints et membres du cabinet. Nous sommes loin de l’arrogance habituelle en pareille circonstance. Un ressort s’est brisé.

9 heures 30. Bob Injey se voit refuser la parole, ce qui ne l’empêche pas, en bon ancien leader des luttes étudiantes, de dire ce qu’il a à dire sur la corruption dans cette ville, en brandissant… une paire de menottes, qui rejoindra, n’en doutons pas, le balai de Simone dans le panthéon des symboles de la majorité municipale.

9 heures 45. Le représentant du FN défend le maire sans nuances et accuse l’opposition d’être anti-niçoise parce qu’elle ne fait pas corps avec ceux par qui le scandale arrive. Ce discours sur le « Niçois avant tout », on ne l’a hélas que trop entendu dans la classe politique locale. Mais il faut reconnaître que ce matin l’intervention de Gubernatis dépasse l’entendement. Indécence suprême, il citera même Outreau. Dans la foulée, le sénateur maire se lance, imprudemment ou parce qu’il ne peut pas faire autrement, dans une longue diatribe sur la présomption d’innocence. Il défend avec véhémence les mis en examen. Je suis, bien entendu, sa cible principale, mais les attaques sont relativement feutrées. Il fait d’ailleurs plusieurs fois allusion au fait que je peux lui succéder et qu’il n’y a pas lieu d’être trop impatient. Impatient, je ne le suis pas. Ce sont les Niçois qui le sont.
La majorité municipale est toujours atone, mais, le tumulte grandissant dans le public, le maire suspend la séance.

11 heures. Le Conseil reprend son cours. J’en profite pour descendre en salle des mariages. Petite bulle de sérénité flottant sur la rudesse de cette journée consacrée au Conseil municipal, je consacre une petite demi-heure à l’union de de Caroline et David. Mon cent quatorzième mariage.

13 heures. Pause déjeuner à l’Atmosphère. Des élus des quatre composantes de Nice Plurielle sont présents pour entamer un débriefing passionné avec les militants qui nous soutiennent dans le public depuis le début de la séance. Apparemment, tout le monde est satisfait de la prestation de Nice Plurielle. Louis Fiori me félicite pour mon intervention : un compliment de Louis, c’est toujours pour moi une sorte de petit bâton de maréchal.

14 heures 30
. Le Conseil reprend. Nice Plurielle sera à l’offensive toute l’après-midi. Personnellement j’interviens sur le dossier quelque peu étonnant consacré au recrutement d’un nouveau responsable de la Communication. Je dénonce l’incroyable gâchis qui a amené l’annulation du Festival de la Culture créole. Avec Jean-François Knecht, nous revenons plusieurs fois dans la journée sur le dossier de la Mission Locale que nous sommes heureux de voir enfin aboutir après tant d’années de lutte.
Avec Paul Cuturello, ce sont les incohérences et les insuffisances de la politique du logement qui sont mises en évidence, ce qui suscite l’ire de l’adjointe Dominique Estrosi.
Rémy Gaechter et Bruno Della Sudda confirment par leurs interventions que le dossier du Grand stade risque de devenir rapidement un autre sujet vedette de la chronique municipale.

17 heures. La séance s’achève sur une ultime intervention de Bob Injey et de Frédérique Grégoire sur les dérives de la zone franche.

Le maire nous donne rendez-vous le 15 septembre.

En principe.


EPILOGUE

A la sortie du Conseil, Marion m’attend. Marion est une toute jeune fille qui vient, coup sur coup, de vivre deux événements importants dans sa vie : elle a réussi le Bac avec la mention TB et a pris sa carte au PS… Excellence scolaire et conscience citoyenne, un joli doublé ! Avec enthousiasme, elle me dit que ce qu’elle vient de voir la conforte dans sa volonté de participer à l’aventure municipale de Nice Plurielle et qu’elle ne ménagera pas sa peine pour cela.

Quelle jolie fin de journée ! Dans quelques années, quand du fond de ma mémoire remonteront à la surface quelques souvenirs de ce 7 juillet 2006, n’en doutons pas, ce ne sera plus au « Conseil municipal Sulzer » que je les attribuerai, mais bel et bien au « Conseil municipal Marion ».


RETRANSMISSION DU CONSEIL MUNICIPAL SUR NTV (CANAL 40)
Le 8/7 de 10 h à 14 h
Le 9/7 de 2 h 30 à 6 h 30
Le 9/7 de 13 h à 17 h

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai patrick, que j'ai ressenti cette séance du conseil municipal comme un tournant de l'ère Peyrat. Mais nous devons paradoxalement redoubler d'effort pour incarner l'alternative. Je te fais confiance pour prévoir l'offensive et... changer d'ère comme disait le slogan de la gauche parisienne.

Anonyme a dit…

«9 heures 45. Le représentant du FN défend le maire sans nuances et accuse l’opposition d’être anti-niçoise parce qu’elle ne fait pas corps avec ceux par qui le scandale arrive»

Ce n'était pas défendre le maire, ce que Gubernatis a fait ressemblait plus à une courtisanerie qu'à autre chose (et je reste poli). La seule chose qu'il a attaquée, c'est la presse (l'extrême droite et la presse, une longue histoire...) et les adeptes de la "repentance". Quand je pense que le FN prétend "lutter" contre la corruption des élites... Voir le chef local du FN faire acte d'allégeance à Peyrat tout en démontrant qu'il est un adepte de la politique du "pas vu pas pris" montre que derrière les apparences qu'elle essaye de se donner l'extrême droite est une adoratrice de la malhonnêteté en politique.

Quant à la «longue diatribe sur la présomption d’innocence» elle passerait mieux si Peyrat ne la réservait pas à ses clients, amis et serviteurs. Là, il ne défend ses proches, non pas par principe (il n'en a pas), ni parce qu'il croit à leur innocence, mais simplement parce que c'est la dernière pirouette à laquelle il pense pour se protéger (Sans compter que lui aussi a montré dans cette diatribe qu'il avait pour la presse un respect des plus limités).

Et franchement, le «le tumulte grandissant dans le public» il fallait le voir (et l'entendre): tout d'abord, il s'agissait du fan club de Lord Peyrat himself (Pas dur à comprendre quand ces personnes affirment volontier qu'elles sont "Là depuis 7 heure du matin" et qu'elles sont venues pour "soutenir le maire"), et ensuite, les termes employés étaient tout sauf polis: dès qu'un membre de l'opposition (le FN n'en faisant visiblement pas partie, de l'opposition) demandait la parole, c'était des "faites le taire" "connard" "Crevez-le" "Vermine" "Coupez lui la langue" et autres joyeusetés du même genre.
Ensuite, Peyrat n'a pris la peine de suspendre la séance qu'au moment où des personnes qui n'étaient pas ses obligées se sont mis à faire du bruit à leur tour, non pas pour hurler les mêmes insultes ou désirs meurtriers, mais pour réclamer la liberté d'expression après avoir vu le maire refuser, avec son tact habituel ("Non, tu n'aura pas la parole") de donner la parole à Simone Monticelli. Si celles et ceux qui applaudissaient ses interminables monologues (et ceux de Gubernatis par la même occasion) et vociféraient dès qu'un opposant bougeait un muscle avaient été les seuls à faire du bruit, je ne doute pas une seconde que la séance n'aurait pas été suspendue.
Quant à l'utilité de tels comportements... Mettre 35 proches lui sert peut-être à se convaincre que si une majorité du public hurle quand il le souhaite, c'est que le reste de la ville roule pour lui, mais à part ça, c'est de l'énergie gâchée.

Anonyme a dit…

J'ai été vraiment contente d'assister à un bout du conseil, je ne me rendais pas compte du nombre de choses que les élus traitent dans une ville, du travail que cela représente. En lisant votre discours, j'ai regretté de ne pas être venue le matin, j'aurais aimé vous entendre (et entendre répondre le maire...), surtout après avoir lu le matin même le fameux article dans libé.
En tout cas, ça me change beaucoup d'être plus impliquée au sein du PS, venant de Stanislas, mes amis ou "camarades" de classe, sont pour la plupart sympathisants, voire militants, à l'ump, et les profs aussi.
Voila, je vous remercie encore pour "l'épilogue", et surtout pour m'aider à découvrir le PS et Nice plurielle !

Anonyme a dit…

il est vrai qu'on ne se rend compte de rien, nous autres niçois, pour peu qu'on oublie de se renseigner sur "la gestion des affaires de la cité".

tout est soigneusement passé sous silence et à moins de chercher l'information (encore faut il qu'elle soit fiable) soi-même, tout ce dont on se rend compte c'est que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

ces messages ont eu le mérite de me donner envie d'assister au prochain conseil municipal

merci!!!