24 juillet 2006

Un Tour de passe-passe…

Pour beaucoup de commentateurs, le Tour 2006 aurait été ce Tour « propre » qu’on nous promet régulièrement, chaque année, depuis l’affaire Festina. A l’appui de cette interprétation optimiste, deux arguments principaux :
- Tout d’abord, le coup de filet de la justice espagnole, qui a écarté d’emblée deux équipes dont celle du sulfureux Manolo Sainz et quelques têtes d’affiche comme Basso et Ullrich (le cas du valeureux Vinokourov étant un peu différent) ;
- Ensuite, le déroulement de l’épreuve, quelque peu débridé, inattendu, avec un vrai suspense et de fait, un nivellement des valeurs.

Pour ma part, je serai plus prudent. Il suffit de consulter le classement.

Le vainqueur, Floyd Landis, est un ancien lieutenant d’Amstrong (vous savez, cet Américain qui, à peine relevé d’un cancer, a gagné sept Tours de France sans jamais lever la tête du guidon !). De plus, le vainqueur 2006 du Tour a une hanche en si mauvais état qu’on va lui implanter une prothèse dans l’hiver. Là, on peut remarquer que Landis court pour la Phonak, et que l’autre leader de cette équipe, Hamilton (actuellement suspendu pour dopage), s’était distingué il y a trois ans en terminant quatrième du Tour, en gagnant une étape… le tout avec une clavicule cassée. Assurément, on cultive les surhommes à la Phonak.

Les Espagnols de second plan qui terminent aux deuxième et quatrième places témoignent de l’étrange vitalité d’un cyclisme espagnol décapité après la mise hors course pour dopage à l’EPO d’une cinquantaine de coureurs et le déclassement de Héras, vainqueur de la dernière Vuelta pour les mêmes raisons.

Kloden, troisième, est l’ami intime d’Ullrich, son compagnon d’entraînement. En général, entre amis, on ne se fait pas de cachotteries… D’ailleurs, son équipe, la T-Mobile, a également été victorieusement représentée par l’Ukrainien Honchar, qui a survolé les deux épreuves contre la montre. Un seul problème : Honchar (qui a déjà été suspendu pour dopage) est sur le coup d’une procédure en Italie, précisément à cause de ses méthodes de préparation un peu spéciale dans le cadre des épreuves contre la montre.

On peut certes relever quelques signes positifs, probablement dus au tsunami venu d’Espagne, comme les trois victoires françaises et la révélation de Dessel, alors que depuis deux ans, les coureurs tricolores n’arrivaient plus à entrer dans le top 20 des épreuves du Pro-tour pour cause de contrôle antidopage sévère.

La déconfiture des bébés Amstrong de la Discovery Channel est plutôt une bonne nouvelle. Celle de Mayo et des Basques survitaminés de Euskatel, aussi.

Mais au total, il n’y a pas de quoi pavoiser. N’en déplaise aux commentateurs laudateurs de France 2 (n’oublions pas que le sympathique Jaja a fait toute sa carrière avec Manolo Sainz), ce Tour 2006 a peut-être été un Tour de transition, mais certainement pas celui du renouveau.

Attendons donc avec espoir celui de 2007, pour peu que la justice espagnole aille au bout de son enquête, que la procédure engagée contre la CSC et son ambigu directeur sportif, porte ses fruits et que, surtout, la supercherie Amstrong, courageusement révélée par l’équipe, soit définitivement établie. Attendons avec espoir pour l’éthique sportive, mais surtout pour les coureurs eux-mêmes.

Pour ma part, je suis de ceux qui auraient préféré que Marco Pantini ne grimpe jamais l’Alpe d’Huez à la vitesse d’une petite moto, mais qu’il soit toujours de ce monde.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Marco Pant-I-ni?
On avait déjà le Marco Pantaloni des guignols (non, Marco Pantaloni n'est pas mort d'une overdose, non il n'est pas mort du dopage, il est simplement mort de vieillesse —il avait 34 ans et demi quand même — Bien sûr, c'était un athlète, cest pour ça qu'il a vécu aussi longtemps, mais tous les médecins du tour de France vous le diront: à 30-32 ans, il faut s'attendre à passer)

Voyons voir: 41 kilomètres/heure de vitesse moyenne pour une course de près de 4.000 kilomètres sous 35 degrès de cagnard, et la première épreuve des Alpes où une échappée a réussi à grimper en une demi-heure 27 kilomètres routes de montagnes.

En fait, il y a tellement peu de dopage que les cyclistes arrivent à être en excès de vitesse pendant leurs courses, encore quelques efforts et ils pourront concurir aux grands-prix moto.

Anonyme a dit…

Le suspense sur l'identité du coureur contrôlé positif lors du Tour de France a été levé, jeudi 27 juillet, dans l'après-midi par son équipe : il s'agit, comme le disait la rumeur, du vainqueur de l'édition 2006 du Tour, l'Américain Floyd Landis.

Voilà ce qu'annonce le Monde. Ce n'est plus du soupçon, ce n'est plus de l'ironie, c'est vérifié et officiel, pour la neuvième année consécutive -au moins- le vainqueur du tour de France a triché, à tel point qu'on peut se demander si cette course mérite encore d'exister. Faudra-t-il tuer toutes les graneds compétitions pour tuer le dopage?

Anonyme a dit…

A mon avis ils se dopent tous même dans d'autres sports.
Les sponsors, faire toujours plus!!!!
Peut être faudrait-il réglementer les vitamines comme la canabis, enfin à dire vrai c'est leurs vies et je m'en fou un peu

Anonyme a dit…

A "l'insue de notre plein gré", pauvres passionnés et telespectateurs que nous sommes, nous avons tous voulu croire à un nouveau monde merveilleux de la planète cycliste lors du départ de cette boucle. Et moi le premier, qui, à l'annonce des "éjections" des Ullrich, Basso et autres "brebis galeuses" me suis dit qu'après cette grande lessive, n'importe qui se présentant au départ cette année, même sans savoir faire du vélo, pouvait avoir une chance de bien figurer puisque le dopage etait enfin terrassé et que tous les participant ne consommeraient plus que des barres energétiques que l'on trouve au supermarché.

Bien sur, j'ai encore rêvé éveillé, il ne fallait pas croire que la majeure partie du probléme était réglé, que plus rien ne serait comme avant. Il l'est en partie pour les coureurs français pour qui la reglementation est plus draconniène (merci Buffet), mais pour les autres rien n'a changé.

Mais ce Floyd est quand même un petit malin, ancien coéquipier d'Amstrong, (qui lui a rendu visite d'ailleurs pendant l'épreuve, mais Floyd n'a pas du bien comprendre les conseils qu'il lui a prodigué pour ne pas se faire prendre), membre de l'équipe Phonak (sulfureuse), une hanche en attente d'echange standard, une équation: -10mn, +8mn, tout ceci donne un résultat final devant lequel tout le monde s'extasie (moi le premier). Oui, il nous a berné.

Reste un problème de taille, pour moi et tous les autres pères de famille. J'ai entrainé Sebastien à la section pour assister aux matche de foot, il s'en est complètement intoxiqué (à cause des pizzas, un peu, de l'ambiance, pas mal, et de la passion débordante et colorée de Dominique, beaucoup.)Il attends maintenant avec impatience le début du championnat. Il a suivi avec son grand père et moi même, pour la première fois cette année la plupart des étapes du tour.
Donc que dire à un gamin de 14 ans, avec ses rêves d'ado pour le meilleur des mondes, ses passions, sa candeur et l'image qu'il commence à se faire du monde adulte, lorsqu'il me demande pourquoi on peu donner un coup de tête dont tout le monde cherche à comprendre et a excuser, ou bien tricher pour gagner en prenant des substances interdites, alors que ces mêmes attitudes peuvent lui valoir des heures de colles au collège.
Si quelqu'un à la réponse.

ANTONIN

Anonyme a dit…

En réponse à Antonin...
Et bien peut-être faudrait-il commencer par expliquer à Sébastien que mettre sur un même plan un coup de tête (condamnable) donné suite à de graves insultes et provocations à répétitions et dans un contexte non excusable mais compréhensible (110 minutes de finale de Coupe du Monde, fatigue nerveuse et physique, stress, etc...) et un dopage pris "à froid" avant une étape de tour cycliste, en connaissance de cause et dans l'unique but de gagner, c'est mélanger deux choses n'ayant vraiment aucun rapport. D'un côté, un type craque "humainement" (encore une fois, ça n'ôte pas l'aspect condamnable du geste) et en le faisant se tire une balle dans le pied puisque entraînant son expulsion et éventuellement la défaite de son équipe, et de l'autre un type triche dans l'unique but de gagner...
Pas vraiment pareil...
Il me semble que le meilleur moyen de rendre les choses un peu plus claires aux esprits perturbés de nos enfants et adolescents est précisément d'éviter les rapprochements faciles qui ne peuvent que déboucher sur une vision "simpliste" de la vie et, finalement, assez manichéenne : d'un côté le Bien sans discussion et sans degrés (la plupart du temps à grands coups de principes moraux), de l'autre le Mal sans discussion et sans degrés. La Vie est bien plus compliquée et je crois que notre devoir est justement de leur expliquer les différences séparant des gestes ou attitudes faussement semblables.
Bon week-end :)
Philippe Gromit S.

Anonyme a dit…

Le dopage... si on écoute les médias seul le cyclisme est touché...
Il est vrai que laffaire Festina, Armstrong, et Puerto ternissent bien l'image du cyclisme.
Cependant dans l'affaire Puerto, il n'y avait pas QUE des poches de sang de cyclistes, mais bon on a identifié que des noms de cyclistes et la veille du tour de France. Logique non?
Et puis SERIEUSEMENT pourquoi dès que l'on prend des cyclistes doppés on en fait toute une histoire?
En athlétisme on en fait pas tout un fromage... Le couple Marion Jones et Mongommery, détenteurs de reccords du monde étaient doppés pourtant sa n'a pas fait la une de tous les journeaux...
Que l'on ne me dise pas que c'est plus fréquent dans le cyclisme car c'est harchi faux c'est partout pareil, il y a des tricheurs partout (même en politique ...).
Enfin l'année prochaine on verra Valverde gagné cest tout ce qui compte ^^

Unknown a dit…

Guillaume,
Tu as tout à fait raison : l'athlétisme, la natation, le foot, le tennis, le ski de fond... tous ces sports et bien d'autres sont touchés.
Florence Griffith, recordwoman du 100 mètres est morte à 35 ans, à peine plus âgée que Marco Pantani...

Unknown a dit…

A Philippe Gromit S.

Le dopage n'est pas absent dans le monde du foot. Une affaire avait même fait grand bruit il y a quelques années autour de la Juventus (déjà !), dont le leader à l'époque était un certain... Zidane !!!
Quant au manichéisme, je suis d'accord pour l'éradiquer partout : sur les stades de foot, mais aussi et surtout dans l'analyse des problèmes politiques importants, comme par exemple le Liban...

Anonyme a dit…

En réponse à Philippe Gromit, il est évident que la dernière partie de mon commentaire n'est pas à prendre au 1er degré. Ou alors elle est mal exprimée.

Je voulaiS simplement mettre en évidence les graves dérives auxquelles on assiste dans tous les sports, celles ci étant la conséquence des puissances financières qui orchestrent tout ça et qui font que dans ce milieu là, rien ne compte que le bizness. Quant à la morale et la glorieuse incertitude, ce sont deux choses qui ont tendance à disparaitre dans ce milieu là.

Je voulais également ajouter que j'ai du mal à comprendre l'expression "contexte non excusable mais compréhensible".
Comprendre n'est ce pas déjà excuser? Ou alors j'ai pas tout compris moi-même. Encore une chose que je vais certainement avoir du mal à expliquer à Sebastien. En ce qui me concerne, je ne comprends toujours pas, et je n'excuse pas évidemment.

Il me semble que Zidane est un illustre professionnel, et que en temps que tel, il doit garder une certaine retenue, en tout cas ne pas dépasser les limites acceptables dans l'exercice de son métier de footballeur. Il existe d'aileurs, dans toutes les professions, des instances disciplinaires qui sont là pour régler les contentieux quels qu'ils soient. J'imagine la tête de mon patron si je lui annonce que j'ai mis un "coup de boule" à l'un de mes clients avec qui je me serais engueulé sur un chantier.

Quant au meilleur moyen de rendre les choses un peu plus claires aux esprits heureusement perturbés de nos ados, et je dis bien heureusement perturbés car de la perturbation naît l'interrogation, deux choses qui leur permettent de se construire, eh bien il suffit de prendre ces deux exemples de l'actualité sportive (cyclisme et football), qui paraissent être sans rapports mais qui en fait sont intimements liés, car en l'occurence il s'agit de l'estime de soi, du comportement que l'on doit adopter vis à vis des autres, de l'image que l'on veut donner de soi même, et surtout, surtout, de l'attitude que l'on doit adopter vis à vis d'un tiers en cas de simple désaccord ou de conflit grave. Voila des sujets passionnants de conversation ou débat sans fin avec nos ados, voila les prémices de réponses aux interrogations qui sont les leurs. Moi, modestement, je pense que c'est ce genre de valeurs que l'on doit essayer de transmettre du mieux que l'on peut à nos enfants, sans tomber dans le piège du manichéisme, car "tu m'insultes, je te donne un coup de boule", ça c'est du manichéisme.

Comme Patrick le dit si bien, réagir à chaud, en fonction de nos émotions, ou bien des sentiments que l'on a vis à vis d'une personne ou bien d'un pays, c'est effectivement tomber dans le piège manichéen qui impose ensuite ses batailles, ses misères et l'incompréhension des peuples ou des personnes, les uns vis à vis des autres.

ANTONIN