Comme chaque 28 août, devant le Palais Stella, un immeuble du boulevard de Cessole, j’assiste à la commémoration de l’insurrection niçoise de 1944 organisée par l’association des amis du Musée de la Résistance.
Après les cérémonies officielles du matin, toujours un peu guindées et pas toujours bien fréquentées, j’aime retrouver militants, amis, et surtout témoins directs des événements, sur ce petit bout de trottoir, au pied de cet immeuble qui a abrité le 27 août 1944, le comité qui a donné l’ordre de l’insurrection du lendemain.
Cette année, j’ai même deux raisons supplémentaires d’être là, au milieu de la petite foule.
Tout d’abord, pour écouter Jean-Louis Panicacci, historien érudit et scrupuleux de la Résistance, réfuter avec force les thèses révisionnistes qui continuent d’être soutenues et selon lesquelles l’insurrection niçoise n’aurait été qu’un mythe inventé de toute pièce pour servir les desseins politiques du PCF. La démonstration argumentée et claire devrait suffire à clore cette mauvaise polémique. Mais, malheureusement, le révisionniste arrive souvent à s’affranchir de la raison : il n’est donc pas sûr que, l’année prochaine, Jean-Louis Panicacci ne soit pas obligé de renouveler sa démonstration…
L’autre élément qui me fait, cette année, particulièrement apprécier ce devoir de mémoire devant le Palais Stella, est que je suis revenu profondément troublé de ce voyage à l’Est où, pendant trois semaines, j’ai zigzagué entre les blessures infligées à l’Histoire et à la Géographie par le stalinisme. Me retrouver au milieu de ces femmes et de ces hommes communistes et résistants, c’est aussi me rappeler qu’en France, les militants du Parti Communiste ont souvent constitué l’armature des armées de l’ombre qui, avec les alliés, ont réussi à vaincre le fascisme.
Communistes, ils n’étaient pas pour autant des supplétifs de Staline, mais les porteurs d’un idéal de liberté et d’émancipation humaine. Un idéal qui faisait d’eux – qui fait d’eux – les héritiers des marins du Potemkine (Voir Ce matin, j’aime la marine).
29 août 2006
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3 commentaires:
Petite rectification: le déjà regretté Pierre Vidal-Naquet a toujours affirmé avec force et raison que ceux qui s'affublent du terme "révisionnistes" sont des imposteurs usurpant un titre qui n'est pas le leur. En histoire, comme dans toute science (car l'histoire est, n'en doutons pas, un science, et non un simple instrument de rhétorique que le moindre caprice politicien peut altérer) lé révision est un mécanisme habituel, normal, légitime et nécessaire: sans révision des connaissances historiques, Vaneste n'aurait pas eu besoin de rêver d'un article de loi sur le rôle "positif" de la colonisation: elle serait encore enseignée comme telle dans les écoles.
Les "Révisionnistes", ceux qui se décrivent comme tels, sont en fait des Négationnistes. La différence de termes est TRÈS importante et elle se situe dans le comportement et les objectifs même qui définissent le négationnisme: Un négationniste est un fidèle d'un régime criminel (le nazisme en l'occurrence, mais il existe aussi des négationnistes pour les juntes sud-américaines, pour le Stalinisme ou pour les Khmer rouges) qui souhaite voir se régime se reconstruire et régner à nouveau. Parfaitement conscient que ce régime qu'il admire est meurtrier, violent, inepte et corrompu, mais présumant que la société peut être amenée à oublier ou à négliger ce fait, il met en place une stratégie où, n'ayant pas le courage de proclamé son adoration des criminels, les crimes du régime admiré sont systématiquement niés, au mépris des preuves, des témoignages, du travail scientifique réalisé par des générations d'historiens compétents et honnêtes, les actes de bravoure des ennemis du régime sont diminués, raillés, finalement niés eux-aussi, et les opposants au régimes sont systématiquement dépeint sous la forme de traîtres et de criminels. Cette stratégie a pour but de présenter les criminels en héros tragiques, et les héros véritables en criminels, et ce, en espérant qu'une telle inversion peut recréer une adhésion aux mensonges proférés par les héritiers des régimes destructions, et donc être le prélude à un retour des assassins au pouvoir.
En d'autres termes, le négationnisme, ce n'est pas une opinion divergente, originale ou même iconoclaste, mais une Tartufferie devant être l'outil de la résurrection d'une dictature.
Quant à la différence entre Staline et les résistants communistes de la seconde guerre mondiale, elle me fait penser à la longue biographie non-hagiographique de Mao sortie récemment. Les auteurs présentent dès la première page leur postulat, qui s'avère très intéressant (d'autant plus intéressant qu'il colle parfaitement à ma propre opinion sur la chose, je l'admet): ce n'est pas l'idéologie qui crée le Tyran mais le Tyran qui parasite une idéologie: ni idéologue ni idéaliste, il en apprend le discours, la doxa, le jargon, et lorsque que l'illusion est complète, s'empare du pouvoir, et, afin de le consolider, prend soin d'éliminer les authentiques idéalistes, dont la disparition laisse un régime composé d'un Tyran entouré d'une cour de serviteurs soumis et de complices zélés.
Ce Billet est excellent.
Merci, Segurano.
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