30 septembre 2011

Les pages que j’aurais aimé écrire (8)



Au début de « La promesse de l’aube », le jeune Romain Gary assiste à l’humiliation de sa mère devant leurs voisins – petits bourgeois haineux et xénophobes – de la ville polonaise de Wilno où ils se sont installés (aujourd’hui Vilnius en Littuanie, voir sur ce blog « Voyage au centre de l’Europe »). Mortifié par tant de méchanceté et submergé de honte le jeune Romain décide d’en finir avec la vie. Pour cela il rejoint sa cachette favorite au milieu d’un dépôt de bois situé au fond de la cour de son immeuble. Cet entassement de bûches est si fragile qu’une simple poussée des jambes et du dos peut provoquer l’effondrement fatal…


     « Je me mis en position.
     Puis je me rappelai que j’avais dans ma poche un morceau de gâteau au pavot que j’avais volé le matin dans l’arrière-boutique d’une pâtisserie située dans l’immeuble, et que le pâtissier laissait sans surveillance lorsqu’il avait des clients. Je mangeai le gâteau. Je me remis ensuite en position et, avec un gros soupir, me préparai à pousser.
      Je fus sauvé par un chat.
     Son museau apparut brusquement devant moi entre les bûches, et nous nous regardâmes un instant avec étonnement. C’était un incroyable matou pelé, galeux, couleur de marmelade d’oranges, aux oreilles en lambeaux et avec une de ces mines moustachues, patibulaires et renseignées que les vieux matous finissent par acquérir à force d’expériences riches et variées.
     Il me regarda attentivement, après quoi, sans hésiter, il se mit à me lécher la figure.Je n’avais aucune illusion sur les mobiles de cette soudaine affection. J’avais encore des parcelles de gâteau au pavot répandues sur mes joues et mon menton, collées par mes larmes. Ces caresses étaient strictement intéressées. Mais cela m’était égal. La sensation de cette langue râpeuse et chaude sur mon visage me fit sourire de délice – je fermai les yeux et me laissai faire – pas plus à ce moment-là que plus tard, au cours de mon existence, je n’ai cherché à savoir ce qu’il y avait, exactement, derrière les marques d’affection qu’on me prodiguait. Ce qui comptait, c’est qu’il y avait là un museau amical et une langue chaude et appliquée qui allait et venait sur ma figure avec toutes les apparences de la tendresse et de la compassion. Il ne m’en faut pas davantage pour être heureux.
     Lorsque le matou eut fini ses épanchements, je me sentis beaucoup mieux. (…)
     J’ai toujours pensé depuis qu’il vaut mieux avoir quelques miettes de gâteau sur soi, dans la vie, si on veut être aimé d’une manière vraiment désintéressée. » 

7 commentaires:

Anonyme a dit…

GATEAU AU PAVOT

J’ai eu la chance d’y goûter (chez une amie hongroise), c’est un pur délice !

Préparation : 15 mn
Cuisson : 45 mn

Ingrédients (pour 4 personnes ) :
- 150 g de beurre
- 150 g de sucre
- 150 g de farine
- 1 sachet de sucre vanillé
- 1/2 sachet de levure chimique
- 2 oeufs
- jus d'1/2 citron + zeste
- 250 g de pavot moulu

Préparation :

Mélanger le beurre avec les sucres. Battre les 2 oeufs puis les rajouter à la préparation. Rajouter la farine, la levure, le jus de citron et le zeste.

Beurrer un moule à cake, puis y déposer une petite couche de cette préparation. Rajouter le pavot à la préparation restante, mélanger, puis remplir le reste du moule. Puis passer une fourchette sur le dessus de la pâte et mettre au four préchauffé, pendant 45 à 50 mn (Th 175°C).

Saupoudrer de sucre glace puis de poudre de cacao.

***il existe une autre recette "traditionnelle" mais elle est trop compliquer à "préparer"...

****Bon Appétit !

Unknown a dit…

Merci et bravo pour la réactivité,Cendrillon!

cléo a dit…

Magnifique. C’est tellement plus beau parce que plus singulièrement écrit et indissociablement éprouvé que : « Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petit vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement et quelques réalités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. «

Donnez-moi ce petit bout de gâteau… « ma part » manquante comme ce qui manque à mon être. Ce qui manque et l’objet du désir importent peu si ce n’est pas de quelque chose que nous manquons ou, quand nous manquons de quelque chose, si c’est seulement d’un être que nous manquons.
Que voudrait dire être aimé pour soi ? J’aimerai dire qu’aimer pourrait n’avoir rien à voir avec le moi qui n’est pas sans cette petite caresse de l’autre qu’il soit chat ou autre, qu’il passe une patte, une langue, une main, sur le visage ou les cheveux ou que sais-je encore… (sourire), mais ce qui fait que nous ne sommes plus tout à fait seul, que nous ne pouvons pas tout à fait ne plus l’être, que nous ne pouvons être l’autre mais que nous éprouvons que l’autre n’est rien sans un autre et le moi sans lui. Et tout cela… se touche et nous touche, non ?

Anonyme a dit…

Le chef du PRG et candidat à la primaire PS est accusé de favoritisme dans l'attribution d'un contrat portant sur la confection d'un magazine de communication local.


L'affaire était en sommeil depuis deux ans et rebondit au moment le plus inopportun alors que la campagne de la primaire socialiste bat son plein. Le président du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Michel Baylet a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Bordeaux dans une affaire de favoritisme, a-t-on appris vendredi. Cependant, le parquet a fait appel de cette décision. Le juge Jean-Michel Gentil se serait en effet trompé de chef d'accusation, selon l'avocat de Jean-Michel Baylet, Me Jean-Yves Dupeux. Le magistrat vise dans son ordonnance un délit de «prise illégale d'intérêt» or Jean-Michel Baylet est en fait mis en examen depuis 2009 pour non-respect du Code des marchés publics (ou favoritisme). Selon Me Jean-Yves Dupeux, cette erreur d'intitulé a entraîné l'appel du parquet.

A l'origine de l'affaire, la manière dont le chef du PRG et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne a attribué la confection du magazine de communication trimestriel du conseil général «Tarn-et-Garonne». Une commande qui, selon Me Dupeux, porterait sur 4500 euros ou deux fois 4.500 euros. Il est reproché à Jean-Michel Baylet de n'avoir pas respecté de nouvelles dispositions légales qui avaient abaissé, en cours de contrat, les sommes-plafonds au-delà desquelles un marché public, en l'occurrence la confection du bulletin d'information, aurait dû faire l'objet d'un appel d'offres. «En 2001, le département a passé un contrat avec la société, Hima Com pour la fabrication de 12 numéros. En 2004, alors que 10 numéros avaient été édités, La Dépêche du Midi, que je préside, est entrée dans le capital de la société Hima Com», expliquait début septembre le président du PRG au Figaro, qui assure n'avoir commis aucune faute. «J'ai immédiatement donné l'ordre d'arrêter le contrat. Mais il ne restait qu'un numéro à fabriquer. Soit 800 euros… », soulignait-t-il. Selon Sud-Ouest, qui cite l'ordonnance de renvoi, Hima Com est détenue à 10% également par la société Vicking, qui appartient à l'épouse de Jean-Michel Baylet et à son fils. L'affaire avait été portée à l'attention de la justice par un des adversaires locaux de Jean-Michel Baylet, François Bonhomme, le maire UMP de Caussade.

Demande de non-lieu

Au début de l'instruction, Jean-Michel Baylet a obtenu le statut de témoin assisté. Le patron du PRG croit comprendre que le juge ne compte pas le mettre pas en examen mais au final c'est le cas. Sauf que depuis 2009, Jean-Michel Baylet n'a jamais été entendu. C'est pourquoi le rebondissement de vendredi exaspère Me Jean-Yves Dupeux : «Après deux ans et quatre mois d'instruction où il ne s'est rien passé, le juge d'instruction décide brutalement, pendant les primaires, de renvoyer M. Baylet devant le tribunal, mais malheureusement il se trompe car il le renvoie pour un délit qui ne lui est même pas reproché ». L'avocat compte donc se joindre à l'appel qui sera examiné ultérieurement par la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Bordeaux, et demandera à cette occasion un non-lieu pour son client.

Les tensions entre le président du Conseil général du Tarn-et-Garonne et l'UMP locale ont donné lieu à deux autres litiges. Un dossier concernant l'utilisation par Jean-Michel Baylet d'une voiture et d'un chauffeur du conseil général, dans lequel il était témoin assisté, s'est clos par un non-lieu le 1er août 2011. Un troisième contentieux concerne des frais de réception au conseil général. Il a été ouvert sous le chef d'infraction au code des marchés publics le 17 décembre 2007. Pour l'instant personne n'y figure en tant que mis en examen, ou même de témoin assisté.

Emmanuel a dit…

Chat c'est très bien écrit.
Romain Gary/Emile Ajar, quelle vie!
L'émigration, le sport, la vie à Nice, la résistance héroïque et précoce, le gaullisme, Jean Seberg, le faux Ajar...
Une vie d'aventure et de littérature.
Et cela continue avec son fils Alexandre Diégo Gary qui a écrit S.ou l'espérance de vie.
Des hommes comme cela méritent notre haute considération.

Anonyme a dit…

"...Et il revint vers le renard:
- Adieu, dit-il...
- Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
- L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
- C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
- C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir..."
Le Petit Prince
Etre aimé pour ce que l'on est, pas pour ce que l'on représente... se souvenir d'une patte tendue, voir avec le coeur, oublier le paraître sous la caresse du matou... entre un enfant et un animal c'est chose possible et c'est si beau. L'adulte quant à lui ne sait plus car il a appris que s'il est lui il n'est rien aux yeux des autres. Heureusement parfois le regard et la caresse d'un animal nous rappellent la spontanéité des enfants et qu'on est responsable de sa rose à jamais.

Anonyme a dit…

« J'aime » le dernier commentaire de l'anonyme...

Tu m'aimes, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...pas du tout ?
L'éternel question que l'on se pose parfois... pourtant, tant d'hommes et de femmes veulent aimer quelque chose qu'il y a chez l'autre, et refusent d'aimer tout simplement l'autre ; ou n'y arrivent pas, par peur ou je ne sais quelle raison...
On peut se poser toutes les questions que l’on veut sur l’amour on n'aura guère de réponse sur le véritable sens de l'amour, car ce qui est certain et acquis, c'est que les échanges dits amoureux ou d'amour ou d'affection - que nous avons régulièrement - se font généralement avec des "matous" (amoureux, ami(e)s, parents, collègues, époux(se)...) bien habitués à venir vers nous instinctivement pour ce qui les intéressent...sans se soucier des sentiments (hélas)!
Ils sont guidés par leur un instinct animal sans doute...
Alors devons-nous nous en contenter, car c’est une forme d’amour « simpliste », ou devons-nous continuer à rechercher le véritable amour, le vrai, le sincère, l'entier, le fidèle...?
Pour ma part je sais qu’il existe, l’amour avec un grand "A", et l’amour avec un petit "a", le tout est de le savoir, de ne pas se faire « avoir », en se mélangeant « les moustaches des matous »…