18 juillet 2006

Kyriat Shemona

Les événements actuels me ramènent inexorablement treize années en arrière, à ce voyage effectué dans la région de Safed, au nord d’Israël. Après un périple sur le Golan et le tour du lac de Tibériade, nous avions en effet passé quelques heures dans une petite ville proche de la frontière libanaise : Kyriat Shemona. L’émotion était encore palpable sur la place du bourg, car la population avait été bombardée dix-sept jours auparavant. Le calme et le fatalisme légendaires de la population israélienne n’avaient pas encore eu le temps de reprendre le dessus, et les rues étaient encore quadrillées par les engins blindés.

Treize ans, treize ans déjà. C’est dire si la situation actuelle n’est pas nouvelle, même si, depuis quelques jours, elle prend une tournure dramatique du côté de Haïfa, la ville de nos amis Leffler (voir Disraeli street), et du Liban tout entier.

Pourtant, elle n’est pas aussi complexe que les commentateurs aiment à le dire. Probablement quatre-vingt-dix pour cent des hommes de bonne volonté (y compris quand ils sont israéliens ou palestiniens) sont, loin de la logomachie biblico-historique, terreau de tous les intégrismes, d’accord avec deux principes rendus inéluctables pour des raisons géopolitiques contemporaines.

Premier principe : Israël a le droit d’exister comme Etat, avec des frontières sûres et reconnues, en clair, d’être un Etat comme les autres.

Deuxième principe : la Palestine doit à son tour devenir un Etat, c’est-à-dire une Nation bénéficiant d’un territoire et gouvernée par la structure politique de son choix.

On a pourtant le sentiment que ce sont ceux qui rejettent ces deux principes qui mènent la danse depuis des décennies. Ces forces obscures, il faut avoir le courage et la lucidité de les identifier.

- Il y a l’extrême droite politique et religieuse israélienne, celle qui n’a pas hésité à assassiner Itzhak Rabin et qui multiplie, à travers le Likoud version Netanyahu, les provocations en matière de colonies de peuplements, tout en figeant le statut de Jérusalem.

- Il y a les islamistes de tout bord. Entre l’Autorité palestinienne et le Hamas se rejoue, quelques décennies plus tard, le face-à-face entre Nasser et les Frères Musulmans. A ceci près que l’Autorité palestinienne, faible et corrompue, n’a pas la force de Nasser pour résister. Avec ce dernier, c’était l’islamisme qui était soluble dans le nationalisme, avec l’Autorité, c’est l’inverse. Or rien ne pourra se faire avec le Hamas. De la même manière qu’un Liban libre est impossible avec le Hezbollah.

- Il y a enfin les Etats de la région qui n’ont jamais cessé d’instrumentaliser les Palestiniens quand ils ne les massacraient pas. Dernier avatar de cette tradition : l’Etat terroriste syrien et les ayatollahs iraniens qui veulent brouiller les pistes en relançant le conflit israélo-palestinien. Le premier, pour faire oublier l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais par ses services secrets, les seconds, pour faire oublier leur politique nucléaire aventureuse.

Si l’on ne veut pas se retrouver, dans treize ans, face à la même situation, il est urgent que les Etats-Unis, l’Europe, les pays arabes modérés et, pourquoi pas, l’ONU sortent enfin de leur apathie pour imposer aux uns et aux autres les conditions d’une double et définitive reconnaissance étatique.

En quelques années, nous avons connu des événements aussi inattendus que l’éclatement de l’URSS, la réunification allemande ou la fin de l’apartheid. La création d’un Etat palestinien vivant en bonne intelligence avec ses voisins israéliens ne relève donc pas de l’utopie. Mais pour cela, il faudra dépasser les petits calculs nationaux et régionaux et se résoudre à combattre les forces bellicistes en les empêchant de nuire. Une fois pour toutes.

A ce prix, et à ce prix seulement, les enfants de Kyriat Shemona pourront enfin dormir sans rien redouter. Leurs petits copains libanais pourront faire de même de l’autre côté de la frontière. Ainsi que tous les enfants soldats palestiniens, enfants de la guerre s’il en fut…

23 commentaires:

Anonyme a dit…

«On a pourtant le sentiment que ce sont ceux qui rejettent ces deux principes qui mènent la danse depuis des décennies. Ces forces obscures, il faut avoir le courage et la lucidité de les identifier.

- Il y a l’extrême droite politique et religieuse israélienne, celle qui n’a pas hésité à assassiner Itzhak Rabin et qui multiplie, à travers le Likoud version Netanyahu, les provocations en matière de colonies de peuplements, tout en figeant le statut de Jérusalem.

- Il y a les islamistes de tout bord. Entre l’Autorité palestinienne et le Hamas se rejoue, quelques décennies plus tard, le face-à-face entre Nasser et les Frères Musulmans...»

À ceci près que ces "forces obscures" disposent de vitrines prospères.
L'extrême droite Israélienne dispose de 40 sièges sur 120 à la Knesset (Likoud Netanyahu compris) et compte tenu du mode de scrutin (proportionnelle intégrale sur une seule circonscription) un tiers des sièges, ça veut dire un tiers des voix; quant au Hamas, on a assez parlé de ses victoires aux élections qui ont eu lieu en Palestine pour savoir que sa puissance électorale est réelle.

On pourrait rejouer au petit jeu macabre du kicéki qu'à commencé, kicéki qu'a le plus été victime, trouver dans les attaques de Tsahal les justifications des attaques Palestiniennes, trouver dans les attentats les justifications des ripostes israéliennes, prendre l'histoire à témoin, remonter jusqu'aux conquêtes de Nabuchodonosor, voir jusqu'aux migrations sémites de l'âge du cuivre. On pourrait compter et recompter le nombre de morts Israéliens et Palestiniens et comparer les ratio combattants/civils (ce qui n'a plus beaucoup de sens quand les deux camps envoient à la mort des jeunes à peine sortie de l'adolescence, quand ils n'y sont pas encore) et continuer les œuvres d'auto-justification stupides qu'apprécient tant ce qui ont choisi qu'il y avait un "bon camps" méritant d'écraser l'autre.

La question véritable, celle dont l'importance est sans cesse négligée, se situe dans le temps présent.
Les "forces obscures" Nationalistes, Religieuses, belliqueuses, les entités locales d'extrême droite (et qu'on ne vienne pas me dire que l'islamisme ou le judaïsme fanatisé sont autre chose que de l'extrême droite sous prétexte que ce sont des religions minoritaires en Europe), ces entités, sont-elles sincères, sont-elles VRAIMENT animées de bonne volonté à l'égard des peuples et des communautés religieuses qu'elles prétendent servir et protéger?
L'histoire comme le présent démontrent le contraire:
L'histoire d'abord: de manière systématique, tout mouvement extrémiste victorieux depuis Cromwell a abouti, sans aucune exception, à l'instauration de régime violents, meurtriers même, et corrompus. Napoléon, Mussolini, Hitler, Polpot, Mao, Pinochet, les juntes Brésilienne, Birmane, Argentine, Japonaise, les régimes Iranien et Afghan, tous n'ont pas été seulement des leaders et des régimes dictatoriaux, imposant leur loi, éliminant leurs opposants: tous ont révélé des phénomènes de corruption de leur régime, un mépris des peuples qu'ils cherchaient à séduire avec tant d'insistance une fois au pouvoir, et des pratiques de pillards.
Regardons l'histoire de France: les extrémistes antidreyfusards qui préféraient ouvertement le traître au patriote sous prétexte qu'il était juif, les fascistes heureux de la "divine surprise" que fut la victoire allemande en 40 et devenant les barons très zélés d'un régime fantoche, les OAS qui ne furent pas les défenseurs des pieds noirs mais de la minorité de nantis qui pillaient l'Algérie depuis un siècle en usurpant le nom de la République, et qui tentèrent d'assassiner De Gaulle quand celui-ci fut las de compter les morts et de servir de cache misère à cette minorité qui frétillait devant le drapeau en public mais qui cachait le fruit de ses rapines à l'étranger quand la situation leur devint défavorable.
Regardons le présent maintenant: les extrêmes en France, jugeant que la Nation n'est qu'un ramassis de crétins justes bons à exécuter les ordres d'une élite d'extrémistes au pouvoir, les chrétiens intégristes des USA, dont les leaders sont tous sur le fil avec la justice, et qui affectent avec les néo-conservateurs un élitisme consanguin revendiqué.
Regardons les extrémistes du proche et du moyen orient: les islamistes qui arrivent à tuer plus de musulmans que "d'infidèles". la corruption du régime Iranien (associé à ses élections truquées: 90 millions d'électeurs pour un pays de 70 millions d'habitants, la ficelle est trop grosse, quand bien même ils iraient donnait le statut de citoyen d'honneur à la dépouille de Zarathoustra) et de la "dynastie" Syrienne, sans oublier les mœurs "rigoristes" de l'aristocratie Saoudienne qui se revendique du salafisme (tellement rigoriste que les ambassades étrangères gardent des chambres libres pour ne pas avoir à relâcher des dignitaires du régime ivres dans la nature, faut le faire), ha, et aussi le kidnap-business qui sévit en Irak, et que dire de l'extrême droite israélienne qui parasite ce pays qu'ils prétedent aimer tout en rêvant de nettoyage ethnique et dont les membres ne seraient pas forcément mécontents de voir l'état d'Israël s'effondrer, car cela "prouverait qu'ils avaient eu raison de vouloir aller jusqu'au bout"?

Qu'en conclure?
Que le passé et le présent indiquent la même chose: l'honnêteté et l'extrémisme sont aussi incompatibles que le sodium et l'eau, et systématiquement, avec une régularité quasi-mathématique, les extrémistes, même quand ils séduisaient, SURTOUT quand ils séduisaient, l'homme de la rue, n'avait que mépris pour celui-ci, trop occupés qu'ils étaient à associer corruption, rêves de puissance et absence totale d'empathie humaine.
En clair, le Hamas n'est pas le copain du peuple palestinien; l'extrême droite protéiforme d'Israël n'est pas copine avec la nation palestinienne; le Hezbollah ne souhaite pas le bonheur ou la prospérité des Libannais, et les vitrines de ces mouvements ne sont que des miroirs renvoyant des illusions. Tant que l'illusion perdurera, les extrémistes pourront continuer à pousser au chaos dans le but d'en tirer le plus grand profit.
Et quand on regarde l'histoire récente de l'Europe, on découvre que des conflits comme celui de l'Irlande du Nord et celui du Pays Basque on commencé à avoir une chance de se terminer quand les vitrines des extrémistes ont commencé à se fendiller: quand les gens ont remis en doute la sincérité et la bonne volonté, ceci on vu leur capacité de nuisance diminuer, voilà pourquoi il y a des vitrines d'un certain genre qu'il faut briser.

Anonyme a dit…

merci pour cette analyse. Une question que je me pose, par pure ignorance, est la suivante: aurait-il été possible, pendant ces dernières années, de désarmer le Hezbollah? On sait que l'armée libanaise ne le pouvait pas. Une force internationale? Pour lancer un tel programme, comment ça se passe? L'ONU a besoin de l'accord de tous ses membres? De tous les membres du conseil de sécurité ou je ne sais quoi? Est-ce que c'est envisageable d'un point de vue "international"?
Si ça ne l'est pas, est-ce que ça veut dire que les organisations internationales sont le plus souvent condamnées à l'impuissance dès lors que la situation met face à face deux blocs aussi bornés et de mauvaise foi l'un que l'autre, et instrumentalisés par des clivages dogmatiques, qu'ils soient politiques ou religieux? (quand je dis borné et de mauvase foi, je parle des extrémistes des deux côtés, vous l'aurez compris...)

Anonyme a dit…

Maintenant que j'y pense, les promoteurs de l'initiatives de Genève avaient dès le début affirmé que la situation était telle qu'il était impossible de voir les protagonistes faire preuve de comportements rationels, à cause, notament, des extrémistes, et que la présence d'une force internationale armée sur place était indispensable.

Comme quoi, l'idée n'est pas nouvelle, mais il aura fallu un embrasement suplémentaire pour que l'on commence à penser pouvoir oser la mettre en pratique.

Unknown a dit…

Clotilde,
La situation dans la région est bien compliquée. Le Hezbollah est un parti qui représente en fait la Syrie au Liban. Or les USA sont gênés aux entournures pour agir car, même s'ils soutiennent Israël, ils ne veulent pas être trop radicaux car les Syriens les ont soutenus pour les guerres en Irak. Rien n'est simple...

Anonyme a dit…

Laurent,
Concernant les extremes vont avez en partie raison.
Une chose me fait bondir, ne mélanger pas tout.
Le mouvement OAS fut en début de guerre d'Algérie et face à la trhison du pouvoir un véritable mouvement de résistance comme celui qui exista pendant la guerre, par contre effectivement en fin de conflit vint une facheuse derrive.
Il faudrait pour le conflit isralien aussi que le monde entier ait le courrage de dire o"ok vous avez souénormément souffert pendant la deuxième guerre mondiale mais cela ne vous donne pas le droit de faire n'importe quoi" car sans chercher comme vous dites le kiceki, vous avez un peuple dans une misére noire avec des armes rudimentaires et un peuple dans la richesse de l'autre puissance nucléaire.
Par ailleurs les extrêmes ayant été au pouvoir en Israel il est étonnant que le monde n'ait pas fait comme pour l'Iran de fortes négociations, à moins qu'un extremiste juif soit meilleur qu'un mollah ou qu'il soit politiquement incorrect de s'en prendre à l'etat hebreu de nombreux juifs par ailleurs non israeliens vivant dans divers pays.
Vous voyez avant d'êtreun problème d'extrêmes il s'agit pour moi d'un problème où les politiques des pays riches ne prennent pas leurs responsabilités, sans parler des Americains qui eux seraient bien en mal à donner des leçons dans le contexte actuel.

Bien à vous

Unknown a dit…

A l'attention du commentateur anonyme qui m’a fait parvenir l’adresse d’un site reproduisant des photographies des destructions et des victimes au Liban et des fillettes israéliennes de Kyriat Shemona écrivant sur les bombes :
Je préfère ne pas publier votre message car ce blog est sous ma responsabilité et il n’y a aucun moyen de savoir quelle est la crédibilité de ce site et quels en sont les auteurs.
Désolé et peut-être à une autre fois.

Anonyme a dit…

imaginons l'armée espagnole bombardant le pays basque pour déloger les terroristes basques.

Anonyme a dit…

La guerre éclair qui se prépare contre le Liban me renvoie à ma prime jeunesse et à des mots de cette époque: espace vital, bombardements, Munich, exode, terroristes, représailles ... après des milliers de morts les USA avaient pris parti et la guerre avait pris fin.

Je viens de lire dans le New York Times:
"U.S. Speeds Up Bomb Delivery for the Israelis
"The Bush administration is rushing a delivery of precision-guided bombs to Israel, which some military officers see as a sign of a longer campaign ahead"

me voila rassuré les USA, qui ont déjà libéré l'Irak, vont donc aider à la libération du Liban et de la Palestine.

Cet article confirme l’impuissance du dernier G8 et son dialogue Bush/Blair ...

Si ceux-là et quelques autres se rappelaient et mettaient en œuvre les Résolutions de l'ONU, pas seulement certaines, mais toutes les Résolutions et enfin envoient des casques bleus sur les frontières officielles et reconnues d'Israël ...la Paix pourrait alors revenir.

Anonyme a dit…

nous l'avons échappé belle.
en 1947, l'onu avait un projet délirant (jusqu'ici top-secret): installer dans l'arrière-pays niçois une peuplade dont les ancêtres y avaient vécu il y a plus de trois mille ans.
j'imagine la réaction des autochtones priés de laisser leurs terres aux parachutés de l'onu ?

Anonyme a dit…

Il y a 70 ans, Léon Blum refusait l'aide française aux républicains espagnols. Les socialistes actuels ne sont pas plus courageux, qui refusent de condamner Israël...

Anonyme a dit…

Aux précédents commentateurs : avez-vous le sentiment qu'Israël doit être rayé de la carte ? Si oui vos propos sont logiques et dites clairement le but que vous poursuivez. Si non, pensez vous vraiment faire avancer la paix d'un iota avec des réflexions de ce genre qui consistent en fait à demander, à chaque fois et unilatéralement, à l'Etat d''Israël de ne rien faire et de laisser terroriser sa population ?

Anonyme a dit…

la solution ?
retour à la partition de 1947;
et tribunal "type nuremberg" pour les criminels de guerre.

Anonyme a dit…

Vous souvenez-vous de ceux qui ont refusé les frontières en 1947 ? Les Palestiniens et surtout les pays arabes...

Anonyme a dit…

L'an prochain, on "célèbrera" les 40 ans de la guerre des 6 jours. Et 40 ans de résolutions de l'ONU exigeant de l'état d'Israel de rendre les territoires occupés aux Palestiniens afin qu'ils puissent y fonder leur légitime Etat. 40 ans que les différents gouvernements israéliens (de droite comme de gauche) répondent en substance à l'ONU : "Allez vous faire foutre, on fait ce qu'on veut, comme on veut", soutenus sans faille aucune par les USA (là aussi, quelle que soit l'administration en place). 40 ans que les Européens et parmi eux la France, n'ont pas le courage politique d'exiger l'application de ces résolutions, base de tout. Car si elles avaient été respectées, la région vivrait en paix, il n'y aurait sans doute pas de Hamas ou de Hezbollah, ou en tout cas leur discours serait vidé de sens et, par conséquent, ne trouverait que peu de relais.
Complexe, le problème du Moyen-Orient ? Oui, pour ceux qui veulent se servir de cette complexité pour ne pas avoir à agir. Ne pas à avoir à agir signifie ne se fâcher avec personne et surtout pas avec une partie de l'électorat. Etant de gauche, je n'attends rien de la droite, c'est donc par la gauche que je suis déçu. Elle n'a jamais le courage de clamer haut et fort que la politique de conquête et de colonisation d'Israel est digne d'un état fasciste. Que sa politique pratiquée dans les territoires occupés et à l'intérieur de ce qu'il a décidé être ses propres frontières s'apparente à un apartheid. (quel est d'ailleurs le pays qui était si ami avec l'Afrique du Sud d'avant Mandela et avec le Chili de Pinochet ?).
Et puis on ne peut plus continuer à accepter ce chantage, trop facile, trop commode, comme quoi condamner sans la moindre once de faiblesse la politique israélienne depuis ses débuts revient à developper un sentiment antisémite ou à réclamer la destruction d'Israel. Cela suffit avec ça ! On peut être anti-raciste et anti-antisémite tout en condamnant la politique menée par l'Etat israélien depuis son origine, et sans remettre en question son existence.

Accepter de relayer le discours constamment victimaire des Israéliens en mettant (au mieux !) sur le même plan la violence subie par eux et celle subie par les Palestiniens ou, aujourd'hui comme hier par les Libanais, n'est pas seulement faux, c'est moralement et politiquement scandaleux. Comment mettre sur le même plan des pierres et des fusils quand ce ne sont pas des chars ? Et des roquettes (même si elles peuvent tuer) et des avions de chasse qui lâchent des bombes sans aucun risque puisque le pays qu'ils attaquent ne possède ni aviation ni même système de défense anti-aérien ?

Combien je suis déçu (mais plus surpris du tout depuis longtemps ) de ne pas entendre les organismes et associations juives de France monter au créneau et de façon critique contre la politique du pays qu'ils soutiennent ! Notre pays, ses médias et sa classe politique (la Gauche comprise, quelle honte) continue de faire preuve d'un "deux poids, deux mesures" sans comprendre que c'est celà qui alimente la frustration, la colère, le désespoir, l'esprit de vengeance. Et après on s'étonne qu'il y ait des extrêmistes tels que le Hamas ou le Hezbollah ? Mais la vraie surprise est de ne pas voir un terrorisme bien plus permanent et bien plus grave ! La façon dont la communauté internationale refuse d'imposer un règlement à cette question (tout en prétendant le contraire, bien entendu) donne envie de vomir depuis des décennies. Et pourtant, chacun sait que si les Usa et l'Onu voulaient VRAIMENT imposer une décision à Israel de retrait total des territoires occupés, de partage de Jérusalem et d'acceptation du retour des expulsés, Israel ne pourrait s'y opposer. Vous le voyez entrer en guerre contre les Usa et les forces de l'ONU ? Oui, la solution est simple et la situation guère aussi complexe qu'on veut bien le dire. Ne manque que la volonté politique. Celle que n'auront sans doute jamais les Américains par "obligation" électoraliste, ni les Européens par manque d'unité politique, ni la France par manque de courage, ni la gauche française pour les mêmes raisons. Oui, l'envie de vomir est tenace et ne va pas s'arranger avec le temps...

Philippe S.

Anonyme a dit…

T'ention, la discussion qui remonte à 47 prend une mauvaise tournure, et bientôt c'est bel et bien Nabuchodonosor qu'on va exhumer.

Je ne dit pas qu'il faut faire table rase de l'histoire (j'ai une sainte horreur de cette expression) mais on peut remarquer que les dernières sorties stupides de Bouteflika ont pris la colonisation de 1830-1962 comme prétexte, ou que l'extrême droite a invoqué le siège de Vienne pour justifier son hostilité turcophobe, bref, que l'histoire est facilement prise en otage pour justifier des positions actuelles indéfendables.

Cet après-midi, France Inter a annoncé la dernière "trouvaille" de Tsahal: bombarder 10 immeubles de la banlieue sud de Beyrouth en réponse aux tirs de roquette.
Quelle logique peut-on donner à cela? Que les dirigeants israéliens, qui pourtant avaient juré la main sur le cœur qu'on ne les y reprendrait plus à faire affaire avec les zélotes ont brutalement éprouvé le besoin de calmer leur opinion publique avec une démonstration de force meurtrière et stratégiquement désastreuse?
Déjà que je doutais du bien fondé de cette campagne militaire où Israël était plus fort pour démolir les infrastructure libanaises que pour mettre le Hezbollah hors d'état de nuire et réussissait, pour un combattant du hezbollah tué, à abattre une quarantaine de civils, mais là, on touche plus le fond, on prend une pelle, et on creuse.
Qu'est-ce que bombarder des immeubles d'habitation va apporter à Israël? soit il s'agit d'une simple et stupide démonstration de force "à l'américaine" (soumettez vous car on peut vous frapper n'importe quand n'importe où) qui ne fera qu'augmenter le légitimité de ce qui était à la base un groupe de pseudo-patriotes téléguidées par des dictatures au nom d'intérêts "stratégiques" visiblement plus élevés que la vie humaine, soit on juge que bombarder des routes, des villages, des banlieues, c'est aussi bien que de combattre le hezbollah lui-même, en d'autres termes, c'est "bien" de tuer un Libanais, c'est "bien" de tuer un arabe, même innocent, même enfant, parce que c'est un "danger potentiel".
Seulement, c'est exactement la logique des terroristes adeptes de la roquette ou de la ceinture d'explosif: d'une roquette tombe dans dans une rue fréquentée ou dans la cour d'une école, qu'un attentat suicide détruise un bus ou dans une pizzeria, que l'on compte des enfants, des pacifistes, des femmes enceintes dans les victimes, c'est forcément très bien, parce que l'enfant, écolier ou à naître deviendra adulte, parce que le pacifistepeut changer d'avis, c'est bien de les tuer, telle est la logique terroriste.
Les présidences et la politique idiote de Bush ont pourtant démontré une chose: la "Guerre contre le terrorisme" est une fumisterie: on triomphe des terroristes en se montrant plus malin que leurs chefs, pas en alignant les bombardiers: cette méthode ne marche pas, et fait les choux gras des extrémistes de tout poil qui parasitent les peuples avec plus d'efficacité pendant les guerres que pendant les périodes de paix.

Anonyme a dit…

pour répondre à l'anonyme qui demande:
"avez-vous le sentiment qu'Israël doit être rayé de la carte ?",
la réponse est évidente mais vous savez très bien qu'ils ne le diront pas.

Pour le reste des anonymes, de Léon Blum à la partition de 1947, tous ces commentaires anti-Israël pour ne pas dire autre chose montrent que les leçons d'histoire ont été mal apprises, ou alors largement oubliées, et ce d'une façon très pratique puisque cet oubli sélectif permet d'avoir des jugements péremptoires, simplistes à un point inouï et parfois complètement crétins.
Surtout, surtout, n'ouvrez jamais un livre d'histoire, ça pourrait chambouler vos schémas et vous faire mal à la tête. (quand je pense que le ministère de l'éducation voulait enlever l'histoire du socle commun d'enseignement, ça aurait pu être encore pire).

Anonyme a dit…

précision: quand je parlais des commentaires sur la partition de 47, je répondais à celui qui parlait de Nuremberg......

Anonyme a dit…

sur france culture, série d'émisions à 20h30 sur le conflit en palestine. historique,genèse, etc.

Anonyme a dit…

Dans ce terrible conflit, comme souvent dans ce genre de guerre plus ou moins avouée, les seuls à payer le plus lourd tribut sont toujours et encore les population civiles, palestiniennes, israeliennes, libanaises.

Toutes les guerres sont à ce prix helas. Les états unis, qui détiennent en partie les clefs de ce conflit ne semblent pas vouloir mettre de la bonne volonté pour au moins inciter une partie des protagonistes à l'apaisement ou a une simple treve (je ne parle même pas d'un cessez le feu), le temps de faire souffler les populations. L'onu, l'europe, qui en detiennent l'autre partie vont t'ils au moins élever le ton? Et eux, forcer l'autre partie des protagonistes à calmer certains de leurs éléments?
Il faut avoir le courage de dire à son meileur ami lorsqu'il se trompe, c'est lui rendre service.
Aux americains de ramener à la raison certains extremistes israeliens, aux européen, et à la France, grande amie des pays arabes de moderer autant que faire se peut certains dirigeants de la région dans l'utilisation plus ou moins avouée des diférentes milices extremistes.

Ce que j'écrit est évidemment trop simple. Il y a également la Syrie, l'Iran (grands ordonnateurs et manipulateurs de ces milices) qui ont d'autres projets en arrière pensée. Il y a aussi certains pays occidentaux qui ont des visées stratégiques ou géopolitiques au moyent orient.
L'histoire depuis trop longtemps s'écrit là bas en larmes de sang et au bruit du canon.

Bref, c'est une région du monde ou rien n'est simple au point que même la raison et le simple bon sens qui me fait dire que chacun à droit à sa terre, quitte à négocier longtemps et avec tous les acteurs semble irreel au stade ou en est le conflit aujourd'hui.

Encore une fois les populations des deux partis sont quasiment les seuls à payer cash.

A Israël, à sa grande armée et son service de renseignement efficace de modérer la fougue de ses generaux, sans quoi, le basculement de l'opinion sera inéluctable, aux états arabes modérés de tenter de trouver une solution aux palestiniens et libanais, qui eux sont des états sans aucuns moyens pour négocier à armes égales. L'Onu et l'Europe doivent également jouer pleinement leur rôle aux yeux des occidentaux, surtout l'Europe, mais en a t'elle les moyens? peu t'elle seulement parler d'une seule voix?

ANTONIN

Anonyme a dit…

Antonin, tu dis:
"Il faut avoir le courage de dire à son meileur ami lorsqu'il se trompe, c'est lui rendre service."

Tu as raison, et même si c'est pas ça que tu voulais dire, la France, grande amie du Liban s'il en est, aurait dû dire aux dirigeants libanais que c'était une erreur de laisser le Hezbollah participer à la vie politique officielle, en lui laissant avoir plus de 20 députés élus, et DEUX ministres, alors qu'il s'agit d'une organisation terroriste avérée, dont l'action aurait dû s'arrêter après le retrait du Liban il y a des années.

Que je sache, ni l'IRA ni l'ETA n'ont eu la possibilité de participer respectivement aux gouvernements irlandais et espagnols avant d'avoir fait la preuve de l'arrêt de leurs violences (encore en cours pour l'ETA d'ailleurs...). Pourquoi en serait-il différemment pour le Hezbollah?
On n'en serait peut-être pas là aujourd'hui et tous ces pauvres gosses ne seraient peut-être pas morts si on a avait empêché le Hezbollah de piloner allègrement les zones frontalières.
La France a beau jeu de se gargariser de résistance aujourd'hui alors qu'elle se contrefoutait de la situation politique au Liban il y a encore un mois, et du bordel ambiant. (quand je dis contrefoutais, je veux dire qu'elle n'a rien fait, à part regretter verbalement la mort d'Hariri l'année dernière). Le Liban paradisiaque où tout le monde se tape sur l'épaule est un mythe, les assassinats politiques de ces dernières années, où comme par hasard, de vrais progressistes ont perdu la vie, sont là pour en témoigner. Il falait peut-être y penser avant.

A propos de l'embrasement du conflit, un très intéressant article dans un des derniers "courrier international", article du plus gros journal palestinien impossible à accuser de pro-sionisme (!), qui dit que les palestiniens n'ont aucun intérêt à régionaliser le conflit et qu'ils ne VEULENT PAS que le Hezbollah ou l'Iran se mêlent de leurs histoires (en argumentant que ça dilue le conflit et que ça ne rend pas service au projet de l'état palestinien au passage; comme quoi, les attaques ne viennent pas toujours d'où l'on croit).

Anonyme a dit…

Clotilde, oui je pense évidemment à la France, je pense à l'Europe, je pense à tous les pays Arabes, je pense aussi et surtout aux Etats Unis, grands amis d'Israel, avec leur président qui tient plus du cow boy à la John Wayne que d'un grand homme d'état ayant une vision strategique et globale de la géopolitique. Il est plus rapide à dégainer ses revolvers plutot qu'à engager des négociations diplomatiques pour ramener les différends protagonistes de ce conflit autour d'une table.
On mesure aujourd'hui les conséquences de ses actions, de l'Irak au Liban, en passant par l'Afganistan.

ANTONIN

Anonyme a dit…

ah ben ça, t'as complètement raison. Sur ce plan-là, et sur d'autres aussi, Clinton était quand même un cran au dessus (même s'il n'était pas parfait...).

Anonyme a dit…

Y compris Allbright.

ANTONIN