27 mai 2007

Lumière silencieuse

Le dernier Dimanche du Festival est une sorte de journée de rattrapage qui permet de voir les films manqués au moment de la présentation journalière et officielle. J’ai donc profité de l’aubaine pour voir trois films. Les derniers de l’édition 2007… Snif !


« Promets moi » (Promise me this) de Emir Kusturica

Le réalisateur bosno-serbe fait partie, avec notamment Almodovar et Kaurismaki, des rares réalisateurs contemporains qui ont inventé un univers à eux, bien à eux. Un monde pas tout à fait déconnecté de la réalité sociale et culturelle mais qui s’envole très souvent dans l’éther de la licence poétique. Sous forme de farce picaresque, ce « Promets moi » nous fait entrer de pleins pieds dans le Kustuland : on y voit un paysan envoyer son petit-fils en mission dans la ville voisine pour vendre une vache et trouver… une femme ! Dans des Balkans de nulle part (cette fois, on ne pourra pas reprocher à Kusturica son supposé nationalisme serbe), on retrouve les fanfares, les mafieux-ringards, les paysans rusés, les animaux généralement martyrisés, les belles pas toujours ingénues, les paysages sylvestres. Avec, en prime, quelques inventions savoureuses comme le chat-boomerang, la castration ludique où la Trabant limousine…


« Lumière silencieuse » (Stellet licht) de Carlos Reygadas

Le film du mexicain Reygadas sera pour moi la révélation du festival.

Johan marié et père de famille fait partie d’une communauté mennonite du nord du Mexique. Une communauté ultra religieuse (je peux en témoigner pour avoir visité un village mennonite en Australie, il y a quelques années… pas des rigolos !). En contradiction avec la loi de dieu Johan tombe amoureux d’une autre femme et commet le péché d’adultère. Cette histoire à la fois banale et située atteint très vite l’universel : nous sommes tous des mennonites mexicains ! Sur le remord, la culpabilité, la jalousie, l’amour, la fatalité, tout est dit dans ce film dont l’esthétique n’est pas sans nous rappeler celle du peintre américain Edward Hopper. Certaines scènes resteront gravées dans ma mémoire : la confession de Johan à son père pasteur, la toilette mortuaire, le bain en famille, le premier baiser adultère…

Pas de doute pour porter un regard aussi tendre et pitoyable sur ses semblables, ce Carlos doit être un type bien.


« Une vieille maîtresse » de Catherine Breillat

Ces sous Liaisons dangereuses ont probablement consterné le président Frears. Cette adaptation de Chloderlos de Laclos laisse en effet perplexe. L’originalité supposée du film repose tout entière sur le personnage sulfureux et le physique décalé de l’actrice Asia Argento. Mais le reste de la distribution est si mièvre et la réalisation si paresseuse qu’un seul mot vient à l’esprit pour qualifier l’entreprise : inutile.

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