Ce soixantième festival de Cannes commence par une grande leçon d’humilité. En effet, lorsque gravissant innocemment les célébrissimes marches, vous êtes pris à partie par une cinquantaine de photographes hurlant, vociférant, éructant, en vous intimant l’ordre de disparaître parce que vous avez eu le mauvais goût de vous interposer entre eux et une starlette en robe rose bonbon, vous vous dîtes que la notoriété chèrement acquise du côté de la place de la Libé et du Saleya, ne pèse pas lourd sur la Croisette un soir d’ouverture…
Cette épreuve surmontée, nous assistons à une cérémonie minimaliste avec toutefois, au final, un de ces petits moments d’émotion comme sait le distiller parfois le Festival. En effet un frisson parcourt l’assistance quand la compétition est officiellement ouverte par un couple étrange composé du presque centenaire Manuel de Oliveira et de l’énigmatique Shu Qi. Un frisson que nous partageons volontiers.
Mais l’essentiel, bien sûr, à Cannes, c’est le cinéma et le cinéma, ce soir, c’était, en présence des acteurs et du metteur en scène, le film d’ouverture.
My blueberry nights de Wong Kar Wai
Le film était attendu. Il ne le fut pas en vain.
Tout commence par un huis clos façon In the mood for love à Manhattan qui s’aère, après le premier tiers du film, en une sorte de road-love movie à travers les Etats-Unis.
Dès les premières images, nous avons compris que l’héroïne, Elisabeth (émouvante Norah Jones) va succomber au charme du barman Jérémy (séduisant Jude Law). Mais la demoiselle, qui doit, auparavant, liquider les stigmates d’une rupture douloureuse, se lance dans un périple qui la mènera de New-York à Menphis et de Menphis à Vegas. Ce périple lui permettra, à travers quelques destins individuels (un policier tourmenté et sa femme qui l’a quitté, une hallucinante joueuse de poker qui a des comptes à régler avec son père) d’entamer une profonde exploration d’elle-même qui lui permettra de comprendre qu’on n’existe que grâce, par, et avec les autres. Tous les autres.
La mise en scène, comme toujours chez Wong Kar Wai, est à la fois pleine de virtuosité et exempte de maniérisme. La bande sonore et les acteurs sont épatants.
Un film quelque peu initiatique où le spectateur apprend plein de choses comme l’importance de l’amour dans l’aventure humaine, l’utilité de la tarte aux myrtilles pour colmater les bleus à l’âme et la nécessité de ne jamais jeter les clés perdues pour que les portes ne soient pas fermées pour toujours.
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4 commentaires:
ben Patrick il y a un autre moyen, demandes à Dominique une de ses robes "rose bonbon" et ma foi je suis certain que tu ferai la UNE (mort e rire)
Amitiés
Serge
Un road movie américain avec de la tarte aux myrtilles en prime! Ce n'est pas loyal, je ne vais jamais pouvoir résister.
Sinon, je suis bien contente que ce soit Stephen Frears qui soit président, je n'ai pas vu son machin sur la reine, mais je n'ai pas oublié The Snapper ni surtout My beautiful Laundrette.
Erreur Patrick, la robe rose bonbon n'était pas portée par une starlette, mais par le top Eva Herzigova. Même si celle-ci exhibait une grossesse manifestement assez avancée, on peut comprendre les photographes cannois postés le long des marches...
Bonjour Monsieur,
Je vous laisse quelques mots pour vous remercier. J'ai lu attentivement le début de votre livre et j'ai beauboup aimé votre façon de raconter les choses et d'amener les lecteurs à se plonger dans votre univers. Même si je ne peux pas tout comprendre, mais le manque de vocabulaire et la différence culturelle ne me font pas l'obstacle à apprécier cette oeuvre.
Wong Kar-wai est pour moi un idole depuis une dizaine d'années. "Chong Qin Express" est mon favori et je l'ai vu 17 fois! Je suis allée à Cannes aussi mais je n'ai pas pu voir "My Blueberry Night", pourtant je suis contente que vous en avez un avis favorable et cela m'assure.
A bientôt!
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