22 avril 2008

La porte que l’on traversait…

Le dernier Conseil municipal a définitivement enterré le projet « grande mairie » de la Libération. Cette décision marque pour moi la fin d’un long combat.

Combat politique entamé dès 2001 contre un projet d’une autre époque, mal dimensionné et mal pensé à l’ère de l’informatique, des mairies de proximité et de l’intercommunalité. Sur ce combat-là et ses suites – il faut impérativement rénover le quartier de la Libé – j’aurai l’occasion d’intervenir dans les semaines qui viennent comme conseiller général et acteur politique de la ville.

Mais aujourd’hui, c’est sur l’autre combat, le patrimonial, que j’ai envie de m’attarder. C’est que la décision du Conseil municipal grave dans le marbre ce qui restera pour moi l’une des actions de ma vie publique dont je suis le plus fier.

Et je me souviens…

Je me souviens de ces longues conversations avec Wanda Diebolt, la directrice – niçoise – du Patrimoine au ministère.

Je me souviens des pétitions, manifestations, réunions, organisées avec Momo Rafaï, Louis Delanef et Lucien Fouques.

Je me souviens des heures passées au Conseil municipal pour défendre la « vieille dame ».

Je me souviens des procédures préparées dans l’urgence avec Jean-François Knecht.

Je me souviens du rendez-vous décisif avec Catherine Tasca en compagnie de Simone Monticelli et Mari-Luz Nicaise.

Je me souviens du magnifique contre-projet de Mario Basso longtemps exposé au Negresco puis à ma Permanence.

Je me souviens du dialogue courtois et républicain avec Renaud Donnedieu de Vabres.

Quatre ans de mobilisation pour obtenir cette victoire patrimoniale, sept ans pour la victoire finale. Parfois, je me demande où j’ai trouvé cette énergie pour sauver un bâtiment qui n’est quand même pas le Taj Mahal… Probablement dans la conviction que j’ai eu très tôt, moi le Niçois d’adoption, que la Gare du Sud n’était pas seulement une vieille gare désaffectée mais aussi, « refuge secret de leur âme, le symbole de la fascination des Niçois pour ce qui portait, avant la dictature du politiquement correct, le beau nom d’arrière-pays.

De la gare de Provence, on partait vers là-bas, vers ces villages berceau des familles, réceptacles des joies et des peines, des vraies joies, des vraies peines.

On y retrouvait l’air pur, le parfum léger des fleurs de montagne, le bourdonnement joyeux des insectes volants. Les adultes jouaient aux paysans, les anciens bégayaient leur passé et les adolescents vivaient leurs premiers émois… Et tout le monde se retrouvait pour les tendres engueulades des repas en plein air sous la tonnelle de raisin framboise.

Entre Var et Roya, chaque Niçois a un village dans le cœur, et le Chemin de fer de Provence était le lien naturel entre la vie d’en bas, prosaïque et quotidienne, et celle d’en haut, amniotique et légère. La Gare était la porte que l’on traversait pour passer d’un monde à l’autre. »
(Fragments de Nice N° 10)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout simplement, MERCI.

Anonyme a dit…

irene a dit...

Ce "Fragments de Nice" est l un de mes préférés... c est comme se retrouver devant un trés joli tableau...
tout simplement " un beau combat pour une belle cause "...

Claudio a dit…

Sans ce travail, on en serait où aujourd'hui ? Merci Patrick.

Anonyme a dit…

Irène
Moi, ça me rappelle un très mauvais texte. Mais heureusement le comédien avait beaucoup de talent

Anonyme a dit…

C'est par la porte de cette gare que j'imagine les parents de mon mari (pauvres immigrés du Piémont italien installés sur la colline de St Isidore après la deuxième guerre mondiale) des cageots pleins d'oeillets dans les bras, venant vendre leur maigre production sur le marché de la Libération afin de nourrir leur famille.
Leurs enfants les accompagnaient; l'aîné les aidait à la vente tandis que les plus jeunes en profitaient pour aller voir leur grand-mère à la rue Rosalie (actuelle rue Michelet prolongée).
Cette gare était le lien entre St Isidore et le marché de la Libération, entre les maraîchers et les clients du Centre Ville.

Anonyme a dit…

Patrick
reste comme tu es
ne change pas

Anonyme a dit…

Encore un excellent billet.

Je voudrais attirer votre attention sur le travail fait par ce site , notamment une vidéo trés éclairante; la "rétention de sureté : une peine infinie" sur la (dérive de la ) politique pénale depuis 2002 et celle du gouvernement actuel, disséquée par 8 spécialistes : http://www.lautrecampagne.org/index.php