27 avril 2010

Mes villes du Monde (1) : Casablanca


Chaque ville a deux visages : celui qu’elle offre au Monde et au magazine Géo et celui qui est la face visible de l’intimité suggérée au voyageur. C’est ce dernier, avec sa promesse d’échange-fusion, qui fait de moi un amoureux des villes, de mes villes… C’est lui qui m’a donné l’idée d’ouvrir une nouvelle rubrique sur ce blog.

Les hasards d’une mission universitaire pour les étudiants marocains de l’école Com’Sup m’ont permis de retrouver, à la fin de la semaine dernière, quelques années à peine après une première visite, la capitale économique du Maroc.

Personne ne dit jamais que Casablanca est la plus belle ville du Maroc, surtout pas mon ami Mohamed, lui qui a sa vie à Rabat et son cœur à Fès. Pourtant, cette deuxième visite confirmera la première, je le confesse sans détours : j’aime Casablanca !

Bien sûr, au départ, il y a le mythe. Cette fois encore, je lui ai rendu hommage en allant prendre une Margarita au Rick’s Café dans le patio reconstitué de Michael Curtiz où se chuchote encore aujourd’hui la légende d’Ilsa et de Rick.

Bien sûr, il y a ce sentiment étrange de dérouler le fil de ma vie en empruntant le long boulevard de Bourgogne se prolongeant, du côté de la Corniche, par la champêtre avenue de Nice, avant d’achever mon périple par une rue Molière au parfum de 5e canton.

Mais il y a surtout l’incroyable richesse d’une ville multiple qui s’offre en cercles concentriques.

Avec tout d’abord Casa la traditionnelle, pelotonnée dans les ruelles d’une Médina rappelant irrésistiblement, par sa géographie labyrinthique, … le Vieux Nice, et, par son atmosphère intemporelle, les toiles de Marc Lavalle. Cette ville-là, on la retrouve aussi autour du quartier d’Habbous où mes étudiants m’ont offert un repas de grillades au milieu des échopes de bouchers décorées d’impressionnantes et, il faut bien le dire, morbides, têtes de chameaux tranchées.

Ensuite, il y a Casablanca la coloniale, avec ses immeubles Art déco, ses églises et sa cathédrale, ses vestiges de la République française, ses publicités pour La vache qui rit et Omo. Et le voyageur, qui pourtant n’a pas connu la vie d’avant, se laisse envahir par une nostalgie vaguement « camusienne ». Même si c’est la brise océane qui vous fouette le visage entre phare et mosquée Hassan II, la ville reste avant tout méditerranéenne et on s’attend à croiser Meursault à chaque instant…

Enfin, il y a l’incroyable capharnaüm de la ville moderne, celle qui symbolise si bien le pays de sa majesté M6 avec, à l’ombre d’insolites Twin towers made in Morocco, de l’énergie à revendre et une volonté farouche, pour le meilleur et pour le pire, de rejoindre le train de la modernité. Une ville d’aujourd’hui, avec du béton et une joyeuse anarchie pas toujours écologiquement correcte. Les fumeurs ont encore droit de cité et la voiture reste reine : traverser un boulevard demeure une entreprise périlleuse pour qui n’est pas assez croyant pour invoquer la protection divine.

Une ville où souffle aussi un certain air de liberté : une seule burqa entraperçue en quatre jours.

C’est cet air de liberté que j’ai retrouvé dans mes échanges avec la quinzaine d’étudiants à qui j’ai enseigné les politiques culturelles pendant quelques heures. Comment s’étonner alors qu’ils soient devenus mes amis ? Mes amis de Casablanca.

5 commentaires:

vitu a dit…

Je suis déjà allé au Maroc il y a très longtemps (environ 30 ans), mais je ne connais ni Casablanca, ni Rabat. Votre présentation me donne bien envie d'aller y faire un tour, peut-être est-ce là le début d'un troisième livre consacré à vos pérégrinations, porquoi pas?

Soukaina RACHID a dit…

C'est MA ville, j'y ai v... Afficher davantageécu plus de 18ans et je l'aime ! J'ai eu le sourire quand j'ai lu ce que vous aviez écrit c'est exactement la réalité marocaine et surtout casablancaise, un mélange de liberté et de moeurs, un mélange de cathédrales et de mosquées, de boite de nuits, de femmes voilées et d'autres en décoltés, de lycées français, de lycées juifs, et de lycées marocains, et c'est toute la beauté de cette ville, une ville de tolérance.
Ps: pour traverser la route vous avez entièrement raison mais on dit au Maroc si tu sais conduire à Casablanca tu sais conduire partout dans le monde tellement c'est du n'importe quoi :)
J'aime CASABLANCA!

Soukaina RACHID

bernard gaignier a dit…

Un souvenir de Casablanca. Je revenais avec mes parents de Dakar où nous avons habité quelques années. J'ai même fait ma première année de fac la bas l'année 1966/1967.
Nous revenions en bateau (à cette époque les avions n'étaient que très peu utilsés). Le bateau avait une escale de quelques heures à Casablanca. Un copain de la fac de nationalité marocaine que j'avais rencontré par hasard sur ce bateau avait tenu à me faire visiter sa ville casablanca!!
Souvenir extra ... sauf du retour au bateau ou mes parents... morts d'angoisse m'attendaient... Je ne voyais pas pourquoi ils s'inquiétaient! J'étais sur le bateau 5 minutes avant l'heure fixé pour le départ!!

Ségurano a dit…

Je ne connais pas bien Casablanca qui doit être une ville somptueusement belle d’après votre billet. Par contre j’ai passé les plus belles années à Marrakech, qui fait partie, je crois, des dix plus belles villes du monde. Et c’est la que j’ai rencontré la plus belle fille du monde, celle qui est devenue depuis, Madame Ségurano

Anonyme a dit…

quelle bonne idée cette rubrique à quelques mois des (grandes)vacances
8/10 pour le pouvoir de contagion d'aller visiter casa
quelle sera la prochaine destination ?suspens a tres vite
Pénélope.