06 juin 2011

Cannes à Perpignan…

Cinéma "Le Castillet", Perpignan


C’est à Perpignan, dans le magnifique cinéma Art déco « Le Castillet » que nous avons parachevé notre Festival 2011 en assistant à la projection du film des frères Dardenne, « Le gamin au vélo ». Le rattrapage était d’autant plus souhaitable que le film belge avait été récompensé par un Grand Prix.

Profitant de la parenthèse d’une Ascension météorologiquement morose en terre catalane, nous avons également vu dans la foulée deux autres films européens : l’italien « Gianni et les femmes » et le français « Les femmes du 6e étage », deux comédies grinçantes plutôt réussies.


Le gamin au vélo, Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)

Cyril, un gamin d’une douzaine d’années, n’a qu’une idée en tête : retrouver son père qui l’a abandonné dans un foyer pour enfants. Il rencontre par hasard Samantha, une coiffeuse, qui accepte de l’accueillir chez elle pendant les week-ends. La relation s’avère dans un premier temps difficile malgré la bonne volonté de la jeune femme.

L’histoire repose sur la qualité des acteurs. Le jeune Thomas Doret et Cécile de France interprètent en effet avec beaucoup de justesse et de sensibilité ce couple impropbable.

Pour une fois, les Dardenne abandonnent le terrain de la désespérance sociale et nous offrent un film optimiste. En réalité, « Le gamin au vélo » est plus un conte moderne qu’une histoire réaliste à la « Rosetta ». Si on admet cette convention, on peut se laisser séduire par cette histoire toute simple.


Gianni et les femmes, Gianni Di Gregorio (Italie)

Gianni, sexagénaire pré-retraité, marginalisé par sa femme encore active, infantilisé par son ado de fille et persécuté par sa vieille mère (clone transalpin de Tatie Danièle), décide, sur les conseils de son ami Alfonso, d’entamer un peu sur le tard une carrière de séducteur. A partir de là, l’émouvant Gianni va collectionner une impressionnante série de râteaux.

Malgré un scénario un peu sulfureux, « Gianni et les femmes » est une œuvre pudique qui ne surfe en aucun cas sur la vague scandaleuse du Rubygate. A des années lumière du doux-amer gnangnan des « films choral » français, on retrouve dans le film du réalisateur-acteur Di Gregorio la cruauté réjouissante et l’humanisme discret de la comédie à l’italienne. La bonne, la vraie, celle de Risi et de Monicelli.


Les femmes du 6e étage, Philippe Le Guay (France)

Dans les années soixante à Paris, Jean-Louis (Fabrice Lucchini), bourgeois coincé, fait connaissance avec la demi-douzaine de bonnes espagnoles qui vivent dans les chambres du §e étage de son immeuble. Cette rencontre inattendue va bouleverser sa vie.

Si la deuxième partie traîne un peu en longueur en se focalisant sur la peu crédible histoire d’amour entre le bourgeois et sa bonne, la première partie nous fait entrer avec bonheur dans l’intimité de cette petite communauté originaire d’un pays où Franco est encore au pouvoir et Almodovar dans les affres de « La mauvaise éducation ». On peut voir aussi dans ce film généreux une valorisation de l’immigration et un encouragement à découvrir l’autre, celui qui enrichit. En ces temps troublés, ce n’est pas du luxe.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais non !!On y croit a cette histoire d’amour ,…
Se serait nier le pouvoir fascinant de la femme (Espagnol )
Le choix est vite vue entre Sandrine Kiberlain –la provinciale peu sur d’elle coincée et ces bonnes espagnoles certes caricaturées » Flamenco, paella, chorizo, femmes qui parlent fort ..
Mais pour la bonne cause :
Prendre conscience que la place que l’on occupe n’est pas la sienne , et tout plaquer pour pour un nouvel idéal de vie..
Olé
Pénélopé

Emmanuel a dit…

Des nouvelles du centre du monde...
Bravo pour la critique du film italien, cela donne envie de le voir.
Ils ont de la chance les habitants de Perpignan d'avoir un si beau cinéma...

cléo a dit…

Le gamin au vélo est en effet un film plein d'espoir, celui de rencontres toujours possibles qui peuvent alléger un processus tragique dont la disparition n'est pas cependant complètement annoncée.j'ai été particulièrement sensible à cette ouverture: en amontaussi paroles(et la parole)d'une femme qui sont autant celles
dune belle présence à une demande d'amour et de protection impulsives que d'absence d'abnégation. Elle lui dit: "Tu peux me serrer mais pas si fort." Cest aussi ce qu'ellevit après. n'est montré que son présent, un présent sans raccourci: elle est là, elle offre. Et,sans aucun doute, elle reçoit aussi. Je ne dirai pas que le principe est simple mais sobre.Cette sobriété là m'a personnellement bouleversée. Les plans sont de la même trempe:on est à l'étroit quand
le gamin est à l'étroit, la camera le filme derrière la barre d'un lit superposé au foyer; en mouvement quand il l'est, parfois c'est un mouvement plein de rage mais un mouvement de vie; on respire aussi quand s'ouvrent des espaces avec les cadrages.

Femmes du sixième, comédie en effet appréciable même si elle échappe difficilement à quelques poncifs. Moi aussi, j'ai eu du mal avec la bonne amoureuse ou plutôt avec le patron amoureux de la bonne. Le fait que la bonne soit fière sauve...

Hâte de découvrir Gianny!

bernard gaignier a dit…

Je ne suis pas d'accord avec votre vision pessimiste sur l'impossibilité pour un patron de tomber amoureux d'une bonne espagole. L'actualité vient bien de nous démontrer qu'un des hommes les plus puissants du monde pouvait avoir un coup de foudre pour une femme de chambre d'hotel africaine.

Anonyme a dit…

« Mais non !!On y croit à cette histoire d’amour «
Je savais bien que Bernard viendrai a mon secours ……..
Pénélope

Emmanuel a dit…

Coup de foudre, tu y vas fort Bernard, Martine Aubry a simplement parlé d'un "coup de tonnerre". En tous cas c'est loin d'être un coup de foudre pour le PS et son avenir politique pour les présidentielles...

cléo a dit…

Bernard, je ne dis pas que c'est impossible, mais que cela manque d'imagination. Tu exagères... un peu. Mais pour le rire, c'est très bon.