02 août 2006

Nicecittà


Deux bonnes nouvelles dans le paysage cinématographique niçois en ce début d’été :
- d’une part, le tournage du film « Mister Bean 2 » qui peut amorcer une relance des studios de la Victorine en grande difficulté ces dernières années ;
- d’autre part, la nomination, par la direction du groupe Euro Media-SFP qui a la gestion du site depuis 2000, de Dana Théveneau comme directrice. Dana Théveneau est la créatrice d’une des premières « Commissions du film » en France (celle du Var) et est respectée par la profession.

Mais ces deux nouvelles, aussi aimables soient-elles, ne remettent pas en cause le constat navrant que je dénonce depuis de nombreuses années, que ce soit à la tribune du Conseil municipal ou à celle du Conseil général, après l’avoir fait, à la fin des années quatre-vingt à Marseille, quand j’étais conseiller régional.

Nice est historiquement, culturellement, géographiquement la ville du cinéma. Malgré ses atouts, elle est marginalisée par le Festival de Cannes et par toute une série de villes et de régions qui ont su s’adapter. Vérifiez sur les génériques de films récents le nombre de tournages en pays de Loire, Rhône-Alpes… ou Nord-Pas-de-Calais.

Il est – il sera – donc impératif de lancer une grande politique en la matière. Pour des raisons économiques d’abord : le cinéma et ses dérivés peuvent générer un nombre important d’emplois et produire une activité soutenue déconnectée des périodes touristiques. Pour des raisons d’image, ensuite : le cinéma est un formidable vecteur de communication et d’image. Mais aussi et peut-être surtout pour provoquer et accompagner une révolution culturelle dont la ville a bien besoin pour devenir la grande cité ouverte et moderne que nous appelons de nos vœux (la « movida à la niçoise »).

Pour cela, un plan d’envergure est nécessaire, un plan pas forcément très coûteux pour les finances publiques, mais exigeant un grand volontarisme politique.

1) Mise en place d’une Commission du Film (au niveau de l’agglo par exemple) qui ne soit pas – comme c’est le cas actuellement – sous la coupe de la Chambre de commerce, mais gérée par des professionnels véritables.

2) Plan de relance des studios de la Victorine avec un cahier des charges interdisant la location de mètres carrés pour d’autres activités que celles liées au cinéma.

3) Partenariat avec l’ESRA (école professionnelle privée) pour valoriser les formations de techniciens du cinéma prises en charge par cette école ; un accord avec l’UNSA serait d’ailleurs peut-être souhaitable au niveau des métiers et des formations.

4) Sortir la cinémathèque de son ghetto en lui donnant une véritable dimension nationale ; en lui permettant, par exemple, d’organiser de grandes expositions (un peu comme la superbe expo sur Almodovar que je viens de visiter, il y a quelques jours, à Paris, à la Cinémathèque Nationale). Ici aussi, une entente avec l’UNSA (sur le contenu) serait un plus.

5) Développer un pôle « cinéphile » Mercury-Magnan en s’appuyant sur le tissu associatif particulièrement dynamique de notre ville en matière cinéphilique. Pour le Mercury, il suffirait de s’inspirer du projet du collectif « Cineac » ; pour Magnan, de donner les moyens à la dynamique équipe actuelle de consacrer l’essentiel de sa programmation au cinéma ; et bien sûr de créer une synergie entre les deux.

6) Provoquer un partenariat avec le FIF de Cannes. Il est anormal que Nice ne touche aucun dividende de la manifestation cannoise. La délocalisation d’une ou plusieurs sections parallèles pourrait être une bonne amorce (pas obligatoirement en exclusivité d’ailleurs).

7) Relancer, avec des professionnels confirmés, le Festival du cinéma italien qui avait eu un grand succès à Nice dans les années quatre-vingt, avant de mourir à cause de l’incompétence et de la corruption de ses organisateurs. Le cinéma italien étant de moins en moins distribué en France, ce festival aurait de grandes retombées dans la presse nationale et internationale. Cette manifestation pourrait être réalisée – comme c’était le cas autrefois – en partenariat avec les exploitants de la ville (de l’agglo ?).

Prises séparément, ces mesures sont sympathiques mais insuffisantes. C’est leur mise en place simultanée qui est susceptible de provoquer une dynamique elle-même productrice d’autres initiatives.

Et en forme de clin d’œil à la dernière mesure préconisée, pourquoi ne pas appeler ce concept de Nice, ville du cinéma : « NICECITTÀ» ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Après l'annonce par le juge du TA de la suspension des travaux du stade, je suis hélas obligé de faire un mauvais jeux de mots en disant que décidémment Peyrat et son équipe nous jouent encore et toujours un mauvais film, interprété par de bien médiocres acteurs.
Si la palme d'or de l'incompétence existait, elle leur serait attribuée chaque année haut la main.
Mais surtout qu'il ne leur vienne pas à l'idée de se pencher sur le problème de la Victorine. Je n'ose imaginer le résultat.

ANTONIN

Anonyme a dit…

CHER PATRICK.


En tant que cinéphile depuis l'enfance et membre actif associatif, c'est avec joie que je prends connaissance de " nicecittà". Mais aussi avec impatience que j'attends la réalisation de ces propositions par les élus, les agents de la ville et les associatifs pour offrir aux niçois une véritable ville du cinéma.