25 décembre 2007

Un petit Vel’d’hiv mâconnais

Un dimanche d’hiver, le 23 janvier 1944, la Gestapo arrête à Cruzille (Saône-et-Loire) mon grand père Edgard Ponthus, maire du village, avec une partie de ses camarades. Depuis le début de la guerre, mon grand-père fait partie de la Résistance et aide activement les maquis très actifs dans la région. Déporté, il ne reviendra jamais de Flossenburg et son corps sans vie sera abandonné sur un ballast du côté de Prague.

Or, il y a deux jours, une historienne amateur, qui est aussi une conseillère municipale du village, Claire Cornillon, m’a appris que le décret de destitution de mon grand-père et de désignation de son successeur avait été pris à la Préfecture de Mâcon le… 28 décembre 1943, c’est-à-dire vingt-six jours avant son arrestation par la Gestapo. Cette nouvelle bouleversante sur un plan personnel est aussi une preuve supplémentaire de la complicité totale de l’administration française avec les occupants nazis. A Paris, c’est la police française qui arrête sous les ordres de la Komandantur, à Cruzille, c’est la Gestapo qui arrête à l’initiative de la Préfecture. Si les situations ne sont pas tout à fait semblables, la complicité est la même. 23 janvier 44 : un petit Vel’d’hiv mâconnais en quelque sorte…

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cette part D'Histoire, vivante, brûlante.

triste-figure a dit…

La tragédie subreptice est probablement la plus poignante et cette époque en fourmille.
Merci à toi pour ton courage. Une fois de plus.

Anonyme a dit…

Merci pour ce rappel, tout a bien dû être conté un jour à mes petites oreilles, mais la jeunesse a caché et ma mémoire était effacée.

Anonyme a dit…

Je ne sais pas quoi dire si ce n'est que je vais apporter cette nouvelle pièce à la discussion que nous avons eu hier en famille (et sur laquelle nous étions tous à peu près d'accord d'ailleurs...)

Anonyme a dit…

je ne jamais compris pourquoi des millions de gens sont morts à cause de leur origines ! pour moi la diversite est la richesse du monde . je n 'aime pas les gens racistes , etc !reza

Anonyme a dit…

Tu pourrais envoyer ce texte au Musée de la Résistance pour qu'il soit publié dans le ou dans un prochain bulletin. Certes, Cruzilles ne se trouve pas dans les AM, mais l'exemple de ton Grand-Père est remarquable et, si l'on cherchait bien, je suis sûr que l'on trouverait des cas similaires illustrant la collaboration partout en France et dans l'Europe. Je veux, Patrick, si tu me me permets, m'incliner devant l'homme d'honneur que fut Edgard Ponthus et ce faisant, honorer sa mémoire et celle de tous ses camarades et amis.
Cela me conduit, aussi, à me poser la question de savoir si, quand nous parlons du régime de Vichy comme de l'allié du nazisme, nous avons raison d'établir un semblant de hiérarchie dans le crime.
L'esprit de classes n'a pas de frontières et le fascisme n'est qu'un terrible outil, dont se dote le clan des puissants qui veulent concentrer entre leurs mains tout le (et les) pouvoir et toutes les richesses, sans rien partager avec les créateurs de ces richesses et pouvoirs, les pauvres qui seront exploités jusqu'à ce que mort s'ensuive. C'est le stade extrême du capitalisme.
Alors, qu'avons-nous à faire de la nationalité, de la territorialité des assassins, pourquoi attribuer à certains plutôt qu'à d'autres l'apannage d'une soi-disante antériorité dans l'horreur, ce qui minore le crime des autres!
En ce domaine, la planche savonneuse dont le seuil est invisible, ce qui n'est qu'une toute petite excuse à ceux qui s'y engagent, commence quand on se présente comme supérieur parce que né à..., quand on est fier parce que l'on est né et non pour ce que l'on a fait. C'est là, si l'on y prête attention, une certaine forme de racisme. Or il n'existe pas de racisme positif. Et pour monter sur cette planche, bien des candidats, dont certains ont une valeur certaine mais se trompent d'adversaires, attendent leur tour. Ils pourraient encore reculer, mais ils ne savent que s'enfoncer dans l'erreur qui, parce qu'ils ne savent pas la reconnaître, les conduira à se renier un jour, totalement. N'est-ce pas bien triste?
Maurice Winnykamen

Anonyme a dit…

Suite à Maurice, il est certain qu'une nation comme la nôtre, se voile la face et son amnésie est terrible. Il y a eu l'occupation et l'ennemi Allemand. Dans le cas de la région de Mâcon, comme en bien d'autres régions, l'ennemi Allemand était souvent issu de troupes Russes enrolées de force sur le front de l'est, certes encadrés par des officiers Allemands, mais qui venaient de Mongolie par exemple.
Pour en revenir à l'action de la france, un Anglais plaisantait sur la démographie Française en disant qu'il était étrange de compter 100 millions de Français, vu qu'à peu de temps nous avions 50 millions de pétainistes, puis peu de temps après 50 millions de gaullistes!

Anonyme a dit…

c'est bizarre, tout à coup la liaison entre Carla Bruni et Sarkozy me semble avoir beaucoup moins d'importance

Anonyme a dit…

Ayant eu un grand père déporté grâce aux bons soins de l'OVRA (on a peut être trop oublié ces gens là), je ne peut que ârtager cette émotion sincère et poignante.

Anonyme a dit…

Ce courage et cette détermination qui te caractérisent je comprends mieux maintenant... ton grand père ton père...des Exemples

Anonyme a dit…

vichnou a dit...

le courage et la determination cela dérange certains... et des Hommes comme ton Grand Pere ont paye de leur vie... et il y a quelques jours une Femme aussi...

Anonyme a dit…

Trouvé ceci dans un surf:

CRUZILLE, UN VILLAGE DANS LE MAQUIS.


Au printemps 1943, Vincent Berthaud (Tarzan, Bert) organise à Cruzille un maquis de réfractaires au bois des Buis. Ils couchent dans des " gourbis " mangent au café Chevenet. A l'automne 43, Guillaume (Claude Rochat) prend le commandement du maquis. Après les arrestations de janvier 44, il devient commissaire aux effectifs de l'armée secrète pour toute la Saône et Loire. Le château de Cruzille abrite tous les services : ravitaillement, santé, services sociaux et surtout le tribunal qui juge les collaborateurs et les maquisards ayant failli : alors le village est vraiment " dans le maquis ", la République est restaurée à Cruzille dès l'été 44.

Anonyme a dit…

J'aurais aimé savoir quelle heure il était quand sa fille est allée chercher le maire au café CHEVENET juste avant son arrestation. A cruzille ils savent qui je suis

Anonyme a dit…

une info que je viens de retrouver dans mes archives: selon Lucien BONVILLAIN rencontre au cimetiere bien avant sa mort :Iletait assis sur la fenetre du cafe Chevenet lorsque COLETTE PONTHUS est venue chercher son pere que deux hommes en civil etaient venus convoquer.Si mr mottard est interesse je lui feraicopie de ce mon beau pere Emile COMBIER a dit de leurs relations a cette epoque suis oblige de passer par anonyme car tres tres debutant en informatique et je ne sais pas faire autrement M POTIER .J expliquerai alors pouquoi l heure m interesse et toit le reste SALUT

granie77 a dit…

bonjour,
suite votre témoignage, j'ai une question au sujet de ce maquis; auriez vous eu connaissance d'un de ses membres, jules ferry, militaire de carrière ayant fait la campagne du rif en 1926, participant à l'armée secrète, dit "capitaine antoine " ; il a survécu à la guerre, c'etait mon grand-père mais je n'ai que des bribes d'information !! à qui en demander ? merci d'avance, et bravo pour votre témoignage